Un oiseau chanteur péruvien !

Camélia SAADE
Samedi 6 février 2021
Organisateurs


Ce talent voit le jour le 13 septembre 1922, dans un village non loin situé près de Lima, capitale du Pérou, où ses parents sont propriétaires d’un ranch. Descendante du dernier empereur Inca Atahualpa assassiné en 1533 par les Espagnols, Zoila Augusta Emperatriz Chávarri del Castillo est la benjamine d’une fratrie de six enfants. D’après la mythologie et la légende Inca, le fait d’être la plus jeune de la famille fait d’elle la descendante de la grande lignée royale et ce, étant donné que le dernier des enfants jouit d’une expérience, voire d’une sagesse exceptionnelle que les autres enfants ignorent. Dès son plus jeune âge, la jeune fille dévoile sa passion pour le chant. Une passion à laquelle s’obstinent fortement ses parents, jugeant qu’une carrière de chanteuse n’est point envisageable ni digne pour une vie de jeune fille, « leur » fille. Toutefois, ce n’est point la mer à boire pour « Perita » (surnommée ainsi de la part de ses amis), qui ne tarde pas à s’entraîner dans la montagne en fredonnant des chansons folkloriques de son pays tout en imitant le chant « aigu » des oiseaux. Une personne unique en son genre, non ? 

D’ailleurs, le fait qu’elle s’entraîne ainsi lui cède l’opportunité de faire partie du clan des sopranos dont la voix s’étend sur un peu plus de quatre octaves !

De surcroît, elle confie : « Les sons étranges que j’ai entendus dans la montagne ne sont pas les mêmes que ceux de l’Amazonie ou du Pérou. L’Amazonie regorge de sons exotiques qui peuvent être effrayants et peuvent être source d’inspiration musicale. Et c’est ce que j’ai étudié, j’ai pensé aux chants des oiseaux que j’essayais d’imiter en me disant : voilà mon public ! ». En outre, c’est à l’âge de 13 ans qu’elle est repérée, en participant au festival annuel « Inti Raymi » (le festival du soleil). Cette fête, qui n’est autre qu’une sorte de cérémonie religieuse semblable aux cérémonies péruviennes, expose les talents locaux qui interprètent des chants traditionnels. Par ailleurs, la chanteuse choisit son nom de scène en s’attribuant le nom de « Yma Sumac », qui signifie « petite fleur ». Si bien que sa carrière internationale débute en 1949, qu’elle attire des millions et des millions de personnes à travers le monde surtout en Amérique latine; et qu’elle triomphe partout où elle va. Le monde musical l’oublie dans les années soixante avant qu’elle n’émerge une fois de plus pendant les années quatre-vingt-dix. Princesse Inca de naissance, Sumac est d’une part l’artiste capricieuse et d’autre part l’artiste mythique. Francis Falceto, programmateur qui a contribué à son arrivée en France en 1992, raconte qu’il fallait avoir en permanence un tapis rouge « portatif ». Quelle modestie ! 

Quant à Rémy Kolpa, animateur vedette de Radio Nova à Paris, il confie qu’il se cachait à chaque fois que son père passait les disques de cette dernière. 

La chanteuse affleure au cinéma de même avec deux films « Secret of the Incas » (Jerry Hopper) en 1954, qui lui amène Hollywood à portée de main, et « Les Amours d’Omar Khayyam » (William Dieterle) en 1957. 

Néanmoins, la coloratura capable de contourner ses graves abysses et capable d’accéder à ses aigus majestueusement « faciles » nous émeut toujours. L’oiseau chanteur péruvien aux -quasi- cinq octaves est emporté par la faux le premier novembre 2008, à 86 ans à Los Angeles à la suite d’un cancer. 

Le jour de son décès tombe nez à nez avec le jour de la Toussaint, impressionnant, non ?