Manger… entre Vivre et Mourir

Samir GHAFARI
Mercredi 17 février 2021
Organisateurs


Les troubles du comportement alimentaire constituent la troisième maladie chronique la plus fréquente chez les adolescents, après l'obésité et l'asthme. 

Au cours des siècles, ces troubles étaient attribués soit à des pratiques religieuses (comme le jeûne) soit à des comportements sociaux voire culturels. Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est venu les classer en sept catégories, dont les plus fréquentes en population générale sont l’anorexie nerveuse, la boulimie nerveuse et l’hyperphagie. Voyons leurs critères et leurs effets définis médicalement par le DSM-5.

L’anorexie nerveuse se définit par la restriction persistante de l’apport énergétique conduisant à un poids corporel très faible (Indice de Masse Corporelle < 17,5). Aussi, les patients présentent une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros avec une perturbation dans la façon dont le sujet perçoit son corps. En d’autres termes, le patient se voit très obèse malgré le fait qu’il est trop maigre. Mais ce qui est grave dans cette maladie, c’est qu’elle n’épargne aucun système du corps humain : en effet, l’anorexie mentale est un trouble psychiatrique grave avec une morbidité importante et la mortalité la plus élevée de tous les troubles mentaux. On cite l’effet cardiaque qui, à cause d’un déficit potassique, va engendrer un arrêt cardiaque. Les patients présenteront aussi un déficit immunitaire, une anémie et une ostéoporose qui augmentent le risque de fractures osseuses. Sans oublier les troubles de l’humeur, l’anxiété et les idées suicidaires qui peuvent aggraver l’état du malade atteint.

La boulimie nerveuse correspond à la survenue récurrente de crises de boulimie. Cette dernière est caractérisée par l’absorption, en une période de temps limité (moins de deux heures), d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens absorberaient dans le même temps et les mêmes circonstances ainsi qu’un sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise. Cependant, cette consommation excessive d’aliments sera compensée par des comportements inappropriés et récurrents pour éviter la prise de poids, comme les vomissements, l’emploi abusif de laxatifs, de diurétiques, le jeûne et l’exercice physique excessif (c’est pour cela d’ailleurs que leur poids reste normal). En outre, les patients malades souffrent de comorbidités psychiatriques, spécifiquement du trouble de déficit attentionnel et d’hyperactivité, à côté des comorbidités organiques comme les hypokaliémies, les hyponatrémies ainsi que des lésions œsophagiennes.

L’hyperphagie boulimique est la survenue récurrente de crise de boulimie avec sentiment de perte de contrôle, mais cette fois-ci sans les comportements compensatoires. Ainsi, le sujet voit son poids augmenter. Cette pathologie est associée à plusieurs critères dont les plus importants : manger seul pour ne pas être gêné de manger devant les autres et une sensation de dégoût de soi, de dépression et de culpabilité après les crises. Ces gens-là auront un indice de masse corporelle supérieur à 25 voire à 30.

Ces troubles alimentaires ne doivent jamais être négligés car leurs conséquences organiques et psychiques peuvent aboutir à des perturbations graves entraînant la mort. D’ailleurs, leur prise en charge ne s’arrête pas sur les règles hygiéno-diététiques ou de simples traitements médicaux, mais elle consiste parfois en une hospitalisation et un programme de thérapie ciblant le malade, la famille et l’entourage.