Une Lucia italo-australienne !

Camélia SAADE
Vandredi 05 mars 2021
Organisateurs


Fille d’un ténor, la musique s’empare de son âme. Elle commence par des cours de trompette qu’elle suit pendant dix ans pour  ensuite arriver à tisser ses ficelles à celles de primadonnas assez exceptionnelles ! Naturalisée australienne, la cantatrice de 41 ans voit le jour à San Francisco, en Californie. Talentueuse, modeste, et ambitieuse, son nom s’affirme et ne cesse de retentir de nos jours. Jessica Pratt, est une colorature agile passionnée de « Rossini » et de « Donizetti ». Son sérieux a fait de son répertoire un répertoire unique en son genre, comptant plus de 30 différents rôles interprétés, dont le plus célèbre serait « Lucia Ashton » dans « Lucia di Lammermoor » qu’elle a chanté dans 27 productions ! En 2003, elle remporte l’ « Australian Singing Competition » qui lance sa carrière en lui ouvrant les portes européennes. Dès lors, elle met le cap sur Milan, où elle s’y installe en 2006 et sera coachée par « Lella Cuberli », qui d’ailleurs demeure jusqu’à présent son coach vocal. En outre, ses débuts se font avec « Lucia di Lammermoor » en 2007 en Italie, elle interprète le même rôle l’année suivante à Zurich. En 2009, l’artiste lyrique arrive en France avec « I Puritani » dans le rôle d’Elvira. Quant à la Scala de Milan, Jessica ne tarde pas à triompher avec « Le Convenienze Teatrali » de Donizetti dans le rôle de Daria. Et maintenant direction Tel-Aviv, avec son tout premier rôle en langue française « Eudoxie » dans « La juive » de « Jacques-Fromental Halévy ». Toutefois, la cantatrice n’est pas à court de surprises ! Elle s’empare de la reine de la nuit de Mozart dans « Die Zauberflöte », un des rôles les plus difficiles pour une soprano.  Néanmoins, consciente du succès de son interprétation, la belcantiste confie qu’elle n’aime pas ce rôle, craignant de laisser une mauvaise impression  au public, ce qui serait à ses yeux pire que tout ! Porte-bonheur ou pas, Lucia l’accompagne aussi lors de ses débuts à Berlin et la met sous l’égide des grandeurs, une fois de plus. De surcroît, la signature à la Pratt est gravée à travers ces 3 actes qu’elle incarne à merveille pour la première fois au théâtre des Champs-Élysées en 2017. En revanche, cerise sur le gâteau, le 13 Décembre 2018 : la Lucia se produit à Beyrouth ! Une apparition dans le cadre de Beirut Chants à l’Église Saint-Joseph (USJ) avec l’orchestre philharmonique  libanais dirigé par maestro Toufic Maatouk. Malgré sa courte visite aux pays des Cèdres dont les ruelles se révoltaient, la primadonna déclare avoir aimé le peuple libanais, le rassurant qu’elle reviendrait parce qu’elle ressent une présence qui la touche. 

En gros, l’artiste montre de quel bois elle est faite avec plus de 114 productions à travers de nombreux pays et plus de 30 différents rôles. Sur ce s’ajoute « La siola d’oro » , un prix italien biennal spécial coloratura, très convoité figurant sous la forme d’une broche de diamants. Enfin, Pratt confie lors d’une interview : «J’étudie et je chante sans me mettre aucune pression et je crois que mon subconscient doit très bien savoir où j’en suis car si je ne suis pas prête ou si le temps d’apprentissage n’est pas suffisant, je fais des cauchemars qui me placent dans des situations invraisemblables […] ». Bref, l’australienne a ce truc dans la peau, ce qui inflige l’exaltation du lourd qu’elle incarne dans chaque personnage sur scène, plus précisément avec Lucia où elle poignarde non seulement Arturo, mais aussi notre esprit avec finesse et professionnalisme.