Les cheveux, couronne du corps

Samir GHAFARI
mardi 16 mars 2021
Organisateurs


Les troubles de cheveux représentent l’un des motifs de consultation les plus fréquents en dermatologie. Ils touchent des patients allant de la population pédiatrique jusqu’à la population gériatrique. C’est pour cela d’ailleurs que les recherches s’intensifient sur ce sujet et plusieurs classifications se sont présentées sur la scène médicale mondiale.

Normalement, les cheveux passent par un cycle de croissance constitué de trois phases :

  1. Une phase anagène dans laquelle le cheveu est en contact avec le bulbe qui lui fournit les besoins nécessaires pour son bon fonctionnement. Et c’est la longueur de cette phase qui va conditionner la longueur du poil.

  2. Une phase catagène au cours de laquelle le bulbe s’éloigne progressivement du poil et constitue alors une phase intermédiaire entre la phase initiale et la phase terminale.

  3. La phase terminale est la phase télogène qui représente la chute du cheveu.

La perturbation dans l’une de ces trois phases déterminera l’étiologie de la chute des cheveux, d’où l’importance d’un bon interrogatoire et d’un bon examen clinique lors de la visite chez le dermatologue.

Le premier diagnostic sur lequel on peut tomber est la pelade (ou alopecia areata en anglais). C’est la cause la plus commune d’alopécie non cicatricielle. Il s’agit en fait d’une maladie auto-immune médiée par les lymphocytes T chez des patients avec prédisposition génétique. Elle se présente sous la forme de plaques circonscrites arrondies non inflammatoires et non cicatricielles, asymptomatiques, associées le plus souvent à d’autres maladies auto-immunes. Cette alopécie se traite sous l’action du corticoïde qui va diminuer l’activité des lymphocytes T. Toutefois, il faut se méfier des préparations artisanales, courantes dans notre société, qui rendent cette alopécie cicatricielle, d’où un mauvais pronostic !

Un autre diagnostic fréquent, c’est l’alopécie androgénétique : elle se présente avec des plaques localisées surtout sur le plan fronto-temporal, non inflammatoire ni cicatricielle. Du fait de l’implication des hormones androgènes dans cette maladie, elle apparait à un âge avancé chez la femme, mais chez l’homme, elle débute vers l’âge de 20 ans, juste après la puberté. Dans ce cas, une transplantation des cheveux est utile, une fois que la chute est stabilisée.

Il est nécessaire d’évoquer l’alopécie de traction qui survient surtout chez les femmes suite à la traction constante des cheveux vers l’arrière. Elle est réversible au début avec un risque de devenir irréversible après plusieurs années.

La trichotillomanie est une maladie classée dans le spectre des troubles obsessionnels compulsifs (dans le DSM 5 des maladies psychiatriques). Ce sont des gens, souffrant d’un trouble anxieux, qui se tirent constamment les poils, non pas seulement des cheveux, mais des cils et des sourcils aussi. Ces patients se présentent avec des plaques de cheveux de longueurs différentes et leur traitement se fait grâce aux antidépresseurs, soutenu par une thérapie cognitive et comportementale.

De plus, deux diagnostics différentiels peuvent se rencontrer en clinique. D’une part, la télogène effluvium,  qui représente une chute accrue de cheveux après un stress aigu ; ce dernier peut être un accouchement récent, une chirurgie récente, une dysthyroïdie, une malnutrition ou une diète sévère qui perturbera l’homéostasie du corps humain et par la suite induira la chute des cheveux, et qui ne s’arrêtera que si le facteur déclencheur disparaît. D’autre part, l'effluvium  anagène est une perte de cheveux soudaine, diffuse et extensive en phase anagène, et qui est secondaire à une chimiothérapie, une radiothérapie ou même une intoxication. Cependant, ces deux maladies possèdent la même prise en charge.

Ainsi, on a parcouru les différentes causes des troubles des cheveux non cicatricielles et non inflammatoires qui sont à différencier des troubles infectieux inflammatoires squameuses pareils à la teigne.