« Tu seras mon fils » : Un père obsédé par l'héritage et un fils en demande d’amour.

Ribal CHEDID
Mercredi 21 avril 2021
Organisateurs


Réalisé par Gilles Legrand en 2011, « Tu seras mon fils » explore le portrait d’un père qui n’aime pas son fils, et d’un fils qui est en quête de reconnaissance.

Ce drame familial français raconte l’histoire de Paul De Marseul (Niels Arestrup), propriétaire d’un domaine de vin, et de Martin (Lorànt Deutsch), son fils, qu’il n’aime pas et qui travaille avec lui dans le domaine. À l’approche de la mort du directeur des opérations, François Amelot (Patrick Chesnais), Martin ne cesse d’essayer d’impressionner son père pour le convaincre de prendre la place de François. Paul décide plutôt de travailler avec Philippe (Nicolas Bridet), le fils de François, qu’il considère idéal et parfait, en harcelant et ignorant son fils biologique tout au long du film. Il finit par le renier en ayant la volonté d’adopter Philippe pour le faire hériter de son entreprise.

« Tu seras mon fils » (titre anglais : « You Will Be My Son ») est une illustration par excellence des divers types de relations dysfonctionnelles entre un père et son fils, en explorant la relation toxique entre Martin et Paul : un père qui n’aime pas son fils. Expliquons-nous : M. De Marseul traite Martin comme étant un déshonneur à la famille, comme il le dit bien à un moment donné durant un dîner avec Philippe : « c’est dommage que malgré ton pedigree, tu n’as pas de palette gustative », et aussi quand il n’accepte pas de prendre une photo avec son fils, durant les premières scènes du film, devant le domaine pour ne pas détériorer son image. Il n’est même pas attaché à son fils, et préfère l’envoyer à Bordeaux avec sa femme pour qu’il ne le dérange plus. Il lui dit même vers la fin du film, après avoir insinué qu’il est la raison derrière la fatigue et la mort de sa mère, « Ça ne sert à rien que tu t’accroches à moi comme ça, Martin. Je n’en peux plus. Il faut que tu partes pour ton bien ».  Il révèle même à un certain moment que ce ne sont que les gènes qui les relient. Il ne considère même pas la possibilité de lui laisser une chance de prouver ses capacités. Pour lui, son fils doit tenir un profil de haute qualité pour pourvoir maintenir le domaine. Il le dit bien dans le film : « Marseul, c’est la perfection. Ça [lui] c’est un approximatif ». 

 

D’autre part, il est clair que Martin a beaucoup de rancune et de haine envers son père, et il essaye tout pour pouvoir avoir une relation intime avec lui, et surtout de le mener à lui faire confiance et ne plus le traiter comme un bon-à-rien. Il l’aime beaucoup et essaye de l’impressionner pour capter son attention, et le hait en même temps pour cette attitude très rigide et stricte qu’il tient avec lui. En effet, Martin ne communique pas cette haine avec son père : c’est un non-dit entre eux. On ressent cette haine et cette rancune à travers ses regards lourds. Également, vers le milieu du film, Martin extériorise ses sentiments de haine à son père, et lui dit en criant qu’il l’« étouffe » et le « suffoque », et il le traite de « serpent ». Paul ne répond pas.

En fin de compte, ce que Martin demande vraiment en récurrence durant le film, c’est de l’amour. Et en interprétant le comportement de Paul à son égard, on peut dire que Martin est « un enfant non désiré » par son père, qui est une notion en psychologie abordée par plusieurs psychanalystes, dont Françoise Dolto et Donald Winnicott.