Une pression temporelle !

Zoya BARAKAT
Jeudi 27 mai 2021
Organisateurs


Notre rapport au temps se trouve considérablement affecté en cette période particulière et ce, par l’isolement physique et social dû au confinement dont les limites temporelles sont floues, mais aussi par la charge émotionnelle importante véhiculée par une situation sanitaire incertaine. Ce confinement introduit une rupture dans notre temps social et individuel. Il est difficile d’imaginer les formes et l’étendue des conséquences de la pression des tâches et des situations à accomplir avec le temps. En effet, cette rupture se manifeste par « une distorsion temporelle » : le temps semble être suspendu et le présent s’étire. 

Le premier phénomène, c’est qu’il n’y a même pas un peu de visibilité sur la fin du confinement, et plus généralement sur la fin de la pandémie ; ce qui fait que tout le monde vit dans une bulle temporelle qui s’étale au fur et à mesure des jours. Les gens se sentent comme des prisonniers au sens spatial. Ils sont limités dans les déplacements et placés dans une zone d’incertitude. Comme ils se retrouvent récemment captifs par les misérables crises du présent. Il semble ainsi que le temps se dilate en se focalisant sur le présent avec tous ces malheurs. Et s’ils veulent penser au futur pour oublier et rêver ; le temps les coupe.

En d’autres termes, durant le confinement, certaines personnes vivent un temps distendu, qui passe lentement parce qu’elles sont peu occupées, créant ainsi les premières répercussions d’ordre affectif qui sont les sentiments de vide et de lassitude. Les personnes cherchent à passer leur temps en faisant des actions de valeurs, mais ils s’assoient plutôt sans continuer à agir car la démotivation englobe leurs pensées.

Ainsi, cette situation a généré une distorsion temporelle dont on a parlé et une perte de la notion ou du repère temps. La fréquence du recours à la question « quel jour sommes-nous ? » indique que pour beaucoup, les journées se ressemblent et la notion du temps devient floue. Donc, les êtres commencent à perdre le goût du repérage dans le temps et son orientation. Parfois, à cause de la pression excessive, les individus n’auront même pas le temps de capter ce temps. 

De surcroît, les émotions qui accompagnent cette période sont également un facteur important à la source de la distorsion temporelle. C’est sûrement l’anxiété et la pression qui modifient la perception du temps. Les gens sont en combat continu avec les pressions des situations qui les entourent. Récemment, les étudiants à l’université ont beaucoup de projets et d’examens à remettre à une date précise. Ils essayent de travailler jour et nuit sans cesse mais malheureusement une anxiété se distingue à ne jamais finir. La pression les stimule à accomplir les travaux universitaires à temps mais, au contraire, l’anxiété de ne  jamais les faire puisqu’ils sont démotivés. Même s’ils décident même de se remotiver, leur soi-même les poussent contre le temps. Alors, des pressions se heurtant avec le temps apparaissent d’où « la pression temporelle » qui est le détail perdu de la bizarrerie temporelle.

C’est Rastegary & Landy (1993) qui ont étudié la pression temporelle qui, d’un point de vue rationnel, « résulte d’un rapport défavorable entre la qualité de temps disponible et la quantité de temps nécessaire pour effectuer une tâche ». C’est pour cela que les étudiants semblent travailler une longue période sous le toit de l’anxiété du futur de l’incertitude sanitaire, financière… qui tue la qualité du temps disponible. Aussi, travailler pendant des heures devant les écrans sans même finir à temps et parfaitement.  

Comment bien agir directement ? Mettre en place un droit à la déconnexion et ouvrir des temps de parole pour solliciter de l’aide !