Tatiana Massaad: Out of the box!

Aout 2021

Dans cette rubrique, Re-source, nous nous penchons sur des profils d’Anciens de l’ETIB qui ont brillé dans leur carrière. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette entrevue avec Tatiana Massaad, journaliste à France 24 à Paris.

 

Racontez-nous en quelques mots votre parcours professionnel !

Après avoir obtenu mon diplôme de l’ETIB en 2000, j’ai fait un peu de traduction en freelance et, en parallèle, des études de journalisme et de communication à Beyrouth et à Paris. J’ai intégré Radio Monte Carlo en 2003, présenté et produit plusieurs émissions et découvert ma passion pour le reportage. En 2009, j’ai rejoint la rédaction arabophone de France 24, pour présenter des JTs, des magazines et surtout, pour faire du reportage. J’ai eu la chance et le privilège de sillonner le monde pour couvrir des évènements majeurs tels que “le Printemps arabe” et les conflits qui en ont malheureusement découlé, le décès de Chavez ou de Mandela, les COP 15 et 21 ainsi que des dizaines d’élections. J’ai raccroché les crampons de reporter il y a 4 ans, à la naissance de ma fille, et présente, depuis mon retour de maternité, “Œil sur la Planète”, une chronique très personnelle où je parle de droits humains et d’environnement.

En quoi la formation à l’ETIB vous a-t-elle servi ? 

C’est une formation pluridisciplinaire qui m’a donné de bonnes bases linguistiques et de culture générale ainsi qu’une bonne méthodologie de travail. Cela m’a beaucoup servi dans mon métier de journaliste et m’a permis de travailler en 3 langues au besoin, en switchant facilement de l’une à l’autre. Cela semble normal ou facile pour un Libanais, mais c’est très apprécié à l’étranger et utile en reportage.

Que retenez-vous de votre parcours universitaire ?

Je pense avant tout au campus de la rue Huvelin que j'affectionne tout particulièrement. C’était très enrichissant de se retrouver aussi bien avec des étudiants de l’IESAV que des facultés de droit et de gestion. Sur ce campus, j’ai pu suivre des cours passionnants comme ceux de géopolitique avec Olivier Marion, découvrir l’engagement citoyen et politique, rencontrer des personnes merveilleuses et surtout faire la fête à la rue Monot :)

Quel est votre plus beau moment à l’ETIB ?

Le plus mémorable en tout cas est sans doute mon premier jour de cours où je me suis retrouvée assise autour d’une table ronde avec des étudiants qui venaient des quatre coins du pays et avec qui j’allais pouvoir découvrir le Liban dans ce qu’il a de meilleur à offrir.

Etre traducteur, cela aide-t-il dans une carrière de journalisme ? 

Évidemment, quand on est traducteur on connaît l’importance du choix des mots et des nuances, c’est ce qui, entre autres, fait un bon journaliste.

Vous êtes installée en France depuis combien d’années ?

20 ans! A la base j’étais venue pour faire l’ESIT, je pensais rentrer au bout de 2 ans et sans vraiment le décider, j’ai trouvé du travail et je n’ai pas vu le temps passer.

Quel est votre « plus » en tant que journaliste maîtrisant l’arabe ? 

Il est très difficile de percer dans le journalisme en France si l’on n’a pas suivi un parcours bien déterminé et malheureusement élitiste. La langue arabe a été ma porte d’entrée dans le milieu en travaillant à Radio Monte Carlo puis à la rédaction arabophone de France 24. La maîtrise de l’arabe a également été un atout majeur pour moi depuis 2011 pour couvrir pour une chaîne française (à la rédaction et sur le terrain) tous les évènements qui ont secoué le monde arabe.

Quelles compétences majeures jugez-vous indispensables à faire acquérir de nos jours à un traducteur/interprète ?

La curiosité intellectuelle, la capacité d’adaptation et la maîtrise des outils numériques.

Quel est le conseil que vous donneriez aux jeunes traducteurs et interprètes qui intègrent bientôt le marché du travail ?

Think out of the box. Avec le développement des outils de traduction en ligne, le métier de traducteur-interprète évolue rapidement. Il faut pouvoir se projeter dans l’avenir pour saisir les opportunités ou même les créer. Je leur conseillerais, par exemple, d'apprendre le mandarin :)

Dans ce monde en pleine globalisation virtuelle, quel est la plus-value de la formation de traduction/interprétation ? 

La facilité du télétravail quand on est traducteur.

Vous conseillerez à votre fille de suivre la même formation que vous ? 

Je ne sais pas comment sera le monde dans 14 ans mais je lui conseillerai certainement de choisir un métier d’avenir et surtout, un métier qui lui ressemble comme j’ai eu la chance de le faire.

Propos recueillis par:

Elsa Yazbek Charabati

Chef du Département d’Interprétation

Rédactrice en chef de la « NdT »