"Les défis de la transformation numérique dans l'administration publique" à l’OFP

Vendredi 19 novembre 2021
Collaborateurs
  • Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS)


L'Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance (OFP) de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), en collaboration avec le programme État de droit au Moyen-Orient, de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), a organisé une conférence intitulée "Les défis de la transformation numérique dans l'administration publique",  modéré par le Pr Pascal Monin, directeur de l’OFP, avec la participation du directeur du Centre d'informatique judiciaire et juridique du ministère de la Justice, le juge Wassim Hajjar, le conseiller du Premier ministre pour les affaires technologiques et coordinateur de la stratégie nationale pour la cybersécurité, professeur Lina Oueidat, professeur Mona Al-Ashkar Jabbour, chef de la section Politique et législation de l’Association libanaise des technologies de l'information (LITA), Cyril Cuvillier, expert en cybersécurité chez Civipol, l'opérateur de coopération internationale du ministère français de l'Intérieur, Dr Sara Hariri Haikal, professeur d'économie à l'USJ, le directeur du programme «  Rule of laws » de KAS, Philippe Bremer et le Dr Charbel Maroun, journaliste et professeur universitaire.

Dans son mot, le Pr Pascal Monin a présenté la situation que traverse le Liban en affirmant : « Nous nous réunissons aujourd'hui pour rechercher comment restaurer le passé glorieux du Liban dans divers secteurs, après que la transformation numérique et ses défis soient devenus une condition nécessaire pour exister sur l’échiquier des affaires dans le monde."

« Je suis certain, ajoute Monin, qu'à l'heure des réformes nécessaires pour sortir de la crise économique, la transformation numérique devrait être introduite dans le secteur public au Liban, afin que la bureaucratie se transforme en une administration moderne et productive, qui réduit de nombreux coûts et s'appuie sur l'élément humain utile et efficace."

 « Il n'est plus possible de se projeter dans les années 2021-2022, poursuit le directeur de l’OFP, au moyen des années cinquante du siècle dernier, car l'heure de vérité est venue de changer les modèles économiques, les politiques et les options. Le gouvernement doit inclure ces méthodes dans son plan de réforme promis, afin que nous fassions de la crise économique une opportunité pour un avenir prometteur et brillant. »

Philippe Bremer de KAS, a souligné de son côté que "la transformation numérique est nécessaire dans le travail de l'administration publique avec les progrès rapides du monde. La transformation numérique est nécessaire, vitale et inévitable, car elle renforce l'espoir et la participation grâce à l'utilisation des technologies modernes ». Bremer a conclu son intervention en louant l'importance du travail de l’OFP et de soulever cette question à la lumière des circonstances actuelles.

À son tour, le Pr Mona Al-Ashkar Jabbour a souligné « la nécessité d'utiliser les données personnelles de manière correcte et équitable, conformément aux attentes des individus et en respectant l'État de droit, d'une manière sûre qui évite qu'elles ne tombent entre de mauvaises mains, et de les utiliser d'une manière malveillante ou abusive."

 "Les données personnelles, déclare-t-elle, ne se limitent pas aux photos ou aux vidéos que nous publions, mais également à notre mouvement sur les réseaux sociaux, et ce sont des informations de grande valeur qui sont collectées non seulement par des entreprises privées, mais également par l'administration publique."

« Le développement d'une législation sur la protection des données personnelles, ajoute Jabbour, impose une bonne protection qui suppose une prise de conscience ; et la loi doit nous donner le droit de protéger nos données légalement, par le biais d'un organisme national que nous pouvons appeler « Autorité nationale pour la protection des données personnelles », comme cela se produit dans la plupart des pays du monde, pour assurer la protection des individus et ne pas échanger nos données et notre vie privée. »

De son côté, Dr Sara Hariri Haikal a expliqué que « la transformation numérique aujourd'hui peut être un moyen important pour le Liban de sortir de la crise qu'il traverse, d'autant plus que le Liban avait déjà commencé à introduire le terme « e-gouvernement » ; et qu’en 2018, une stratégie de transformation numérique a été élaborée pour faciliter les transactions administratives dans le but d'améliorer la transparence et la responsabilité, afin d'atteindre un modèle rationnel dans les différentes administrations de l'État. »

Concernant la transformation numérique, elle a souligné qu'« elle doit passer par plusieurs étapes au niveau administratif pour atteindre le meilleur modèle de gestion de l'État, à travers la modernisation des technologies, en fixant des normes techniques actualisées et conformes aux principes généraux de gestion rationnelle, en adoptant des procédures documentées simplifiées et uniformisées et une coordination entre les différents services à tous les niveaux, en accélérant la mise en œuvre des décrets d'application pour faciliter l'accès à l'information et lever les obstacles administratifs, en tenant compte des précautions de sécurité liées à la confidentialité de certaines informations, outre le renforcement du rôle des organes officiels de contrôle. »

Haikal a souligné que tout ce qui précède "doit être accompagné d'une volonté politique de le mettre en œuvre et d'une responsabilité de la part des citoyens".

Pr Lina Oueidat a déclaré de son côté que « les procédures informatisées au Liban ont commencé avec les cartes d'identité, qui ont été l'une des premières cartes biométriques au monde », notant que « la transformation numérique doit s’appuyer sur une volonté politique dans le but de planifier et commencer par certaines mesures qui n'exigent pas, parfois, un retour à la loi. »

« Le développement technologique, ajoute-t-elle, est très rapide et les administrations publiques ne fonctionnent pas à la même vitesse, et donc une coopération doit être établie entre toutes les parties pour réussir la transformation numérique, mais le processus n'est pas si facile car tous les dossiers de l'État doivent être étudiés ; par exemple, les archives du statut personnel ne peuvent pas être transférées facilement, mais doivent être étudiées et analysées, et cela prend beaucoup de temps. »

Après avoir expliqué les difficultés et les enjeux de la transformation numérique, Oueidat a souligné qu’ « un partenariat doit être établi entre les secteurs public et privé et entre les universités pour atteindre l'objectif proposé".

Dans son intervention, Cyril Cuvillier a souligné que « la transformation numérique est une étape nécessaire pour suivre le rythme de l'évolution, et le système d'information doit répondre à quatre critères, qui sont la confidentialité, l'accès à l'information, l'intégrité en ne changeant pas les données, et enfin la traçabilité des preuves."

Il a soulevé plusieurs questions sur « la fragilité ou l'insuffisance des systèmes d'information : les finalités et les modalités de traitement des données sont-elles légitimes et éthiques ? La vie privée des utilisateurs est-elle préservée et respectée ? Le prestataire est-il en position de monopole ? Est-il socialement responsable ? »

"Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, déclare-t-il, et la cybersécurité ne concerne plus seulement les techniciens, mais tout le monde, et donc nous devons tous être conscients de la responsabilité qui nous incombe de protéger nos données."

« La loi criminalise le fait d'accéder illégalement à un système d'information, affirme de sa part le juge Wassim Hajjar, et de supprimer, copier ou modifier des données, ou d'entraver le fonctionnement d'un système d'information, et ce sont de nouveaux délits dans le système légal libanais qui n'existaient pas auparavant. »

« La loi comporte également, ajoute-t-il, une organisation détaillée des procédures de saisie des éléments d'information à soumettre à la justice, dans le cadre d'enquêtes judiciaires d'affaires pénales. »

En conclusion, Hajjar a détaillé les défis auxquels l'État est confronté pour mettre en œuvre cette loi, à la lumière de la grande crise dont souffre le Liban.

Dr Charbel Maroun a présenté de sa part un résumé des interventions, soulignant que « la transformation numérique est devenue une nécessité et non une option, et c'est une réalité dans les pays développés », notant que « la transformation numérique élimine la bureaucratie et la corruption dans l'administration publique, et aide à établir une gestion rationnelle au profit de la productivité, la transparence et la participation entre le prestataire et le destinataire. »

« La difficile réalité au Liban, ajoute-t-elle, n'est pas mûre pour la transformation numérique, et nous devons résoudre de nombreuses crises avant même de penser à la transformation numérique », soulignant qu'« il y a des difficultés dans l'administration publique à mettre en œuvre la loi dont le juge Hajjar a parlé."

 Quant aux suggestions, Maroun a souligné « la nécessité de trouver le lien requis entre la transformation numérique et l'Autorité nationale de l'informatique et des libertés, en soutenant la mise en place de cette Autorité, en fournissant les ressources financières nécessaires pour créer les technologies et les infrastructures dans le secteur public, développer et qualifier le management et les salariés, mener une campagne nationale de sensibilisation pour diffuser le concept de transformation et établir les cadres juridiques nécessaires. » 

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