La gouvernance environnementale dans le secteur de l'eau et des eaux usées

Une catastrophe attendue, des données peu claires et un coût de fonctionnement supérieur aux moyens de l'État
Jeudi 24 février 2022

Dans le cadre du développement de la gouvernance environnementale, l’Observatoire de la Fonction Publique et de la Bonne Gouvernance de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement et le Ministère de l’Environnement, a organisé le deuxième séminaire intitulé « la gouvernance environnementale dans le secteur de l’eau et des eaux usées », le jeudi 24 février 2022 à l’Université Saint-Joseph.

Le séminaire a été introduit par le Professeur Pascal Monin, Directeur de l’Observatoire de la Fonction Publique et de la Bonne Gouvernance, qui s’est interrogé sur la gestion du secteur de l’eau au Liban et la nécessité de préserver ce précieux patrimoine, d’assurer la qualité dans la gestion de ce secteur vital, et de sensibiliser à la gouvernance environnementale à ce niveau.

Le séminaire, modéré par Dr Charbel Maroun, a été lancé par Dr Rania Maroun, experte en affaires environnementales et en ressources de l’eau, qui a exposé en détail l’état de l’environnement, en particulier dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, en déterminant la qualité de l’eau des rivières, des eaux souterraines et des sources. De même, elle a présenté une étude sur la qualité de l’eau qui arrive aux foyers des citoyens et les usines de traitement de l’eau et des eaux usées. Elle a présenté un tableau résumant les rôles entre les autorités responsables, de l’élaboration des politiques à la planification, la mise en œuvre, la conservation et la gestion des ressources, par exemple, le rôle du ministère de l’Environnement dans ce dossier comme la mise en place des normes environnementales, et le rôle du ministère de la santé publique au niveau de la qualité de l’eau utilisée dans les foyers, et le rôle du ministère de l’agriculture et leur au niveau de l’irrigation.

Le professeur Wajdi Najm, professeur à la Faculté d’ingénierie (FI) et ancien vice-recteur à l’administration de l’USJ, a présenté ses observations sur le rapport portant sur l’état de l’environnement, en particulier le secteur de l’eau et de l’assainissement, et une comparaison des pourcentages de l’eau au Liban qui ont varié depuis les années 1960 avec le changement climatique dans le monde, ainsi que la nature et la cause de ce changement.

Le professeur Najm a souligné la nécessité d’une utilisation correcte des ressources en eau au Liban qui possède une vaste richesse en eau, mais qui malheureusement ne sais ni la gérer ni l’utiliser. Il donne un exemple de cette mauvaise gestion : « (…) le projet de mise en œuvre de la rivière de Beyrouth, qui a été étudié dans les années 60 du dernier siècle, comprend plusieurs erreurs qui ont coûté des millions de dollars à l’Etat pour rien. Le même problème au niveau du barrage de Bisri, après des études approfondies, il a été constaté que le coût du barrage pourrait être réduit de 100 millions de dollars. »

Mme Nour Musharrafieh, chef de projet à l’entreprise ECODIT Liban, a étayé les trois objectifs de l’entreprise : comprendre les problèmes, aider à les résoudre, et communiquer avec les citoyens pour souligner l’importance des ressources en eau.

Elle a ajouté : « Nous devons comprendre qu’il y a beaucoup d’utilisateurs de l’eau et nous devons également être conscients de l’importance d’une distribution équitable de l’eau, sachant qu’au Liban nous sommes loin de ce concept, nous ne connaissons pas l’ampleur de notre besoin en eau dans l’agriculture, l’industrie et autres, il n’y a pas une vision claire ni une coordination efficace entre les ministères concernés. »

L’ingénieure Suzi Al-Hoayek, consultante au ministère de l’Énergie et de l’Eau, s’est exprimée sur la loi de l’eau publiée en 2020, qui vise à organiser, développer, rationaliser et exploiter les ressources en eau, les protéger de l’épuisement et de la pollution, améliorer la transmission, la distribution, l’entretien et l’exploitation des installations hydrauliques, dans le but d’assurer une gestion durable des ressources naturelles en eau au Liban. Elle a signalé qu’une étude basée sur cette loi existe, d’où l’importance de ses dispositions et des décrets d’application seront bientôt publiés pour sa mise en œuvre.

Dr. Youssef Karam, chef du département d’Eau, d’Assainissement et d’Infrastructures au Conseil pour le Développement et la Reconstruction, a parlé de l’eau usée et des problèmes liés à ce dossier, notamment les usines de raffinage, notant qu’il y a 6 usines de raffinage parmi 12, opérant sur le territoire libanais, ajoutant que ces usines sont uniquement destinées à affiner les eaux usées domestiques sachant que divers déchets sont déversés et ces usines ne sont pas qualifiées pour les traiter.

Il a aussi souligné que « les dépenses du secteur des eaux usées sont loin des revenus de ce secteur. Pour chaque 5 dollars payés par personne et par an, on dépense entre 40 et 50 dollars. » Il a ajouté que « l’absence de fonctionnement de certaines stations de raffinage est dû au refus de certaines municipalités de les accueillir sur leurs territoires (…) »

L’ingénieur Rabih Nahas, ingénieur en mécanique et représentant du Mouvement environnemental libanais (LEV), a parlé d’un plan visant à impliquer toutes les universités et la jeune génération dans l’élaboration d’une politique pour sauver ce pays à travers un rassemblement des universités au Liban pour impliquer les étudiants, les responsabiliser et les associer aux prises de décisions.

Nahas a considéré que les associations qui s’intéressent à l’environnement travaillaient sur le terrain, mais ce qui est dommage c’est que plus le travail de ces associations prend de l’importance, plus on constate que celui des autorités compétentes se réduit. Il a souligné que ces associations se déplacent après l’apparition du problème et non avant.

Le débat a porté sur plusieurs sujets, parmi lesquels : les projets de barrage au Liban, notamment celui de Bisri et les effets de sa suspension et son alternative pour fournir Beyrouth en eau, les tarifs de l’eau et les sources de financement des stations d’eau dans tout le Liban, le plan de croissance économique et le rôle du secteur de l’eau dans celui-ci, et la question des eaux usées des hôpitaux, signalant les dangers de la non application des lois à ce niveau.

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