L’état du secteur de la qualité de l'air et du changement climatique au Liban en débat

Lundi 14 mars 2022

L'Observatoire de la Fonction Publique et de la Bonne Gouvernance de l'Université Saint Joseph de Beyrouth, dans le cadre du développement de la gouvernance environnementale, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (UNDP) et le Ministère de l'Environnement (MoE), a organisé le troisième séminaire intitulé « La Gouvernance Environnementale dans le secteur de la Qualité de l'Air et du Changement climatique ». Le séminaire a été introduit par le directeur de l’OFP, le Pr Pascal Monin, qui a souligné que « les coûts directs et indirects de la pollution sont très élevés » signalant que la première facture est celle de la santé, et la dernière étant celle économique.  Il a mis l’accent sur la valeur ajoutée apportée par un environnement sain au niveau des diverses activités économiques au Liban, et que tout dommage à ce secteur entraîne des effets négatifs importants, et parfois destructeurs.

Nécessité de mettre en œuvre les réglementations et les lois

Dr Layal Abi Esper, consultante en affaires environnementales à l'ESE, a énuméré les conventions auxquels le Liban a adhéré dans le cadre du changement climatique, et a également présenté les causes les plus importantes de la pollution de l'air au Liban, due principalement au transport terrestre, aux émissions industrielles et aux groupes électrogènes. Elle a émis des recommandations en soulignant la nécessité de mettre en œuvre des réglementations, notamment une loi sur la protection de la qualité de l'air, de mettre à jour les normes actuelles, de s'adapter au changement climatique, d'assurer la sécurité alimentaire et hydrique grâce à une gestion durable des ressources.

Le Pr Jocelyn Adjisian Gérard, chef du département de géographie de l’USJ, a estimé que la gouvernance environnementale a de grands défis à relever, soulignant la nécessité d’agir vite, en évitant les stratégies qui ne pourront être mises en œuvre que dans 50 ans, et plutôt développer des stratégies dont les effets sont percevables à court terme.  Elle a indiqué qu'il y a un problème avec les dirigeants, car ça revient à eux de prendre des mesures immédiates pour suivre le rythme du changement climatique, signalant que « Le succès de la gouvernance environnementale repose sur des conditions de base, dont la plus importante est une société stable sans corruption, mettant en œuvre les politiques établies, ainsi que l'acceptation de ces décisions par les citoyens". Gérard a estimé qu'avant de parler de loi, le Libanais doit appliquer la loi existante en travaillant à changer les mentalités dont il a hérité.  

L'importance du travail des universités au Liban

Mme Samar Malek, chef du département des technologies environnementales au Ministère de l'environnement, considère quant à elle, que la loi sur la protection de l'environnement fait peser au ministère une responsabilité, étant donné qu’il fonctionne conformément à celle-ci et à toutes les lois relatives à l'environnement avec les capacités existantes, notant que son budget ne représente que 0,03% de celui de l'État. Elle a souligné que la loi est une règle impérative qui doit être appliquée pour protéger l'environnement au Liban. Malek a refusé de considérer le citoyen libanais comme le seul responsable, soulignant que l'histoire de ce peuple indique qu'il s'adapte à la réalité et préserve son environnement, et les villages libanais en sont la preuve, considérant que l'application des lois est l'élément le plus important pour l'amélioration de l'environnement.

Dr. Charbel Afif, Chef du Département de Chimie de l'USJ, a abordé la question de la mesure de la pollution, de la réglementation des normes de circulation et d'émissions, de l'inspection et de l'octroi de licences. Il a souligné la nécessité d'accélérer l'adoption des lois et de ne pas attendre 15 ans pour le faire (ce qui été le cas pour le projet de loi établi en 2002, qui a été promulgué en 2018). Afif a évoqué l'importance du travail des universités au Liban dans les études qu'elles mènent périodiquement sur la question de la pollution de l'air. Il a ajouté que les études menées par les universités sont les seules sources de données actuellement au Liban. Il a souligné que le Liban n'a pas été affecté positivement par l'épidémie de Corona, en terme d’émission, parce que cette baisse d’émission de gaz due à la suspension du travail des usines, a été compensé par les émissions des générateurs.

L'ingénieur Elie Helou, a expliqué le rôle du CDR, surtout dans la question des transports publics. Il a affirmé que le conseil veille à l’application de la loi sur la protection de la qualité de l'air et l'application des normes financières exigées pour chaque projet concernant le traitement de la pollution au Liban. Il a ajouté que la question du transport public est une question complexe et difficile et nécessite un processus d'application précis en termes de résolution du problème de la pollution de l'air, lequel une fois résolu, réduit le niveau de pollution de l’air considérablement.

30% d'énergie renouvelable en 2030

L'ingénieur Pierre Khoury, Président du Centre Libanais pour la Conservation de l'Energie, a insisté sur l'importance des énergies renouvelables comme alternative. Khoury a révélé que la loi sur les énergies renouvelables, permet au secteur privé de produire de l'énergie et de la distribuer via le réseau d’Électricité du Liban, soulignant l'importance de cette loi vu la possibilité de générer environ 800 kilowatts. Il a estimé que le Liban est capable d'atteindre 30% d'énergie renouvelable en 2030, mais l'État libanais doit parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international pour stimuler l’application de ces projets.

M. Vahkan Kabakian, consultant en changement climatique au PNUD, a évoqué l'importance d’utiliser des voitures hybrides et des voitures électriques, soulignant que d'ici 2030, le pourcentage des voitures écologiques pourrait atteindre les 20 %.

La participation des jeunes

M. Ryan Kassem, directeur régional de Youth4Nature, a rappelé que l'objectif de participation et d'inclusion des jeunes dans la gouvernance environnementale est liés à leur courage, leur créativité et la possibilité qu’ils sont porteurs de solutions pour améliorer la situation. Kassem a souligné que la question la plus importante pour les jeunes à travers les programmes mis en œuvre par les Nations Unies est de pousser à la responsabilisation sérieuse du gouvernement et des dirigeants.

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