Inauguration des travaux de réhabilitation de la Bibliothèque Orientale

Lundi 14 mars 2022

Sous le patronage de S.E.M. Mohammad Mortada, ministre de la culture, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), a inauguré les travaux de réhabilitation de la Bibliothèque Orientale (BO), en collaboration avec l’Oeuvre d’Orient et avec le soutien de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (Aliph), à l’Amphithéâtre Leila Turqui de la BO, en présence du recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., de Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur général de l’Oeuvre d’Orient, de Monsieur Valéry Freland, Directeur exécutif d’Aliph, de Pr Carla Eddé, vice-recteur aux relations internationales, de Mme Micheline Sainte-Marie Bittar, directrice de la BO, des vice-recteurs, doyens, directeurs et responsables  de l’USJ, d’ambassadeurs et d’amis de la BO et de l’USJ.

Dans son allocution le Pr Salim Daccache a estimé qu’ « il est bien normal dans les circonstances dramatiques, de remercier Dieu de nous avoir envoyé des hommes et des femmes responsables d’œuvres de charité comme l’Œuvre d’Orient et d’associations de restauration de patrimoines comme l’Aliph. »

« L’USJ ne peut se dire université, si elle n’a pas ses collections de livres, anciens et nouveaux, et si sa Bibliothèque n’est pas ouverte nuit et jour afin de dispenser le savoir à toutes et à tous, précise-t-il. Lorsqu’on regarde l’histoire des jésuites dans notre Proche-Orient, l’un des points forts de leur présence missionnaire fut le rapport au livre comme instrument apostolique privilégié. Au 17e et 18e siècle leur activité fut marquée par l’installation de l’imprimerie Abdallah Zakher en 1733 à Choueir et la traduction et composition des centaines d’ouvrages de spiritualité et d’histoire ecclésiastique. On connait déjà une première traduction des exercices spirituels de Saint-Ignace vers l’arabe à cette date aussi. »

« A partir de 1831, poursuit Daccache, la nouvelle compagnie a poursuivi le développement de l’industrie du livre en mettant en place l’imprimerie catholique de Beyrouth pour contrer les publications des protestants et développer toute une littérature spirituelle, théologique et scolaire. Quant à la BO dont l’origine est située dans le séminaire de Ghazir dans les années 1865, elle regroupait quelques 5000 ouvrages lorsqu’elle fut transférée à l’USJ, la même année de sa création en 1875. En 1928, elle regroupait sous la direction du père jésuite Louis Cheikho, fondateur de la célèbre revue Al-Machreq, jusqu’à 28000 ouvrages et 4000 précieux manuscrits acquis lors de ses innombrables voyages. Au fil du temps une cartothèque de 2000 pièces, une photothèque impressionnante avec 250000 clichés, des collections françaises, latines et arabes et des références spécialisées sur l’Orient, ont fait de la BO un passage obligé pour beaucoup d’orientalistes. »

« Cette brève historique, ajoute Daccache, ne peut être complète sans avoir mentionné les travaux de rénovation et d’installation d’une chambre froide de la photothèque, menés il y a quelques années grâce au soutien matériel et moral de la Fondation Boghossian. C’est justement quelques mois après la fin de ces travaux que l’explosion du 4 août 2019 a eu lieu et ravagea par son souffle les différents endroits. C’est grâce au travail assidus des ingénieurs, accompagné notamment par Carla Eddé, gardienne de la mémoire de la ville de Beyrouth, Micheline Sainte-Marie Bittar et Wassim Selouan, que la restauration a pu être faite dans des conditions optimales et que la BO reprend aujourd’hui ses services. »

« En remerciant nos donateurs et tout en évoquant les besoins de la BO en terme de fichiers électroniques, de la numérisation des documents historiques, de la nécessité de réparer des cartes géographiques, de créer un espace de restauration de nos 25000 ouvrages qui ont besoin d’être réparés, il est nécessaire pour nous de garder vivante la mémoire de la BO comme un haut-lieu de la pensée, de la recherche et de la création libre et responsable. Il est vrai que notre Bibliothèque est privée, mais comme l’Université elle est d’utilité publique et à but non lucratif. Dire qu’elle coute à l’USJ plus qu’un demi-million de dollars annuellement, n’est pas une figure de style. Toutefois, nous continuerons à travailler pour que ce joyau demeure une institution qui fait la fierté de la francophonie, de l’Église du Liban et du Liban », conclut le recteur de l’USJ.

De son côté, Monseigneur Pascal Gollnisch a affirmé que « c’est une grande joie pour l’Œuvre d’Orient d’avoir contribuer à cette restauration, suite l’explosion. Nous avons immédiatement décider, ajoute Gollnisch, d’agir et d’entendre les besoins de la BO, puisqu’un livre est tout d’abord un lieu de mémoire, mais aussi un lieu de communauté : entre l’auteur et ses lecteurs, entre les lecteurs eux-mêmes, et aussi entre ceux qui veillent sur ces livres. Je devine le travail immense que représente le fait d’être au service d’une bibliothèque, cette œuvre magnifique, et de son avenir auquel nous croyons, et au service aussi de l’avenir de l’université, du Liban et de l’espérance du peuple libanais. »

Monsieur Valéry Freland a, de sa part, précisé, que la mission d’Aliph, consiste à protéger le patrimoine dans les zones en conflit. « Ceux qui ont lancé l’Association, il y a 5 ans, précise-t-il, à savoir la France et les Emirats arabes unis, avaient vu juste : plus que jamais le patrimoine ces dernières années a subi des dommages collatéraux des conflits, mais aussi a été une cible, voir une arme de guerre, peut-être parce qu’il incarne, plus qu’autres choses, les identités. Aliph est là pour soutenir les efforts de préservation de ces patrimoines de pays en crise, et en 3 ans et demi nos avons soutenu plus de 150 projets dans 30 pays. »

« Dès l’explosion du 4 août, ajoute Freland, nous avons souhaité être là. Nous avons adopté une enveloppe de 5 millions de dollars pour la réhabilitation du Musée national, du Musée Surstock, de la Bibliothèque nationale, de la Bibliothèque orientale, de deux écoles, d’une quarantaine de maisons historiques, et récemment on a décidé de soutenir le projet de protection, de documentation et de numérisation de la magnifique collection de photographies de la BO avec l’Institut national du patrimoine. »   

La cérémonie a été clôturée par une visite de la Photothèque et de la BO et par un vin d’honneur.   

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