Les rivières du Liban contaminées par des bactéries

Les bactéries sont résistantes aux antibiotiques et le risque de transmission à l’homme et à l’animal est réel.
Lundi 21 mars 2022

Pour la première fois au Liban, une étude évaluant la contamination de 12 fleuves majeurs au Liban, au printemps 2017 et en hiver 2018, par des pathogènes figurant sur une liste de l’OMS d’agents pathogènes critiques, a été menée par le laboratoire des agents pathogènes de la Faculté de pharmacie de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) et le laboratoire RESINFIT (UMR Inserm 1092) de l’Université de Limoges en France. Les résultats de cette étude ont été présentés dans plusieurs congrès internationaux et publiés récemment dans le journal scientifique « Antibiotics ».

Les agents pathogènes identifiés sont des bactéries entériques résistantes aux antibiotiques et antiseptiques, ainsi que des agents redoutables responsables d’infections compliquées communautaires ou contractées à l’hôpital. Les techniques standards de laboratoire qui ont été utilisées, mais aussi le recours à une technique avancée à grand débit, ont permis d’identifier une contamination élevée des fleuves libanais par des pathogènes et des Gènes de résistance aux agents antimicrobiens (GRAs), au niveau de certaines zones fortement impactées par l’homme.

Ces zones reçoivent des rejets industriels, des eaux usées traitées et non traitées et des écoulements en provenance de zones agricoles. La contamination des eaux de surface au Liban par des pathogènes bactériens et des GRAs, risque d’être transmise à l’homme par contact au niveau de différentes interfaces. Par exemple, l’arrosage des plaines de plantation par l’eau des fleuves pollués risque de contaminer les produits de l’agriculture. Le bétail dans les zones d’élevage risque à son tour d’être contaminé. De plus, la mer constitue le réceptacle final de l’eau des fleuves et serait un déversoir de pathogènes et de GRAs. 

Cette étude pilote met en évidence la nécessité de mettre en œuvre une surveillance régulière de la résistance aux antimicrobiens et ses résultats soulignent la nécessité d'améliorer la gestion des eaux usées. Une application stricte et rigoureuse de la réglementation autour des systèmes d'épuration des eaux usées, ou de la réutilisation des eaux usées conformément à la nouvelle législation UE 2020/741 du Parlement européen, est impérative.

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