Rue du Liban ; Rue de mon cœur

Ursula Rita Matta
Mercredi 27 Avril
Organisateurs

J’ai une fois vécu dans un lieu qui n’existe plus ; un bel immeuble libanais traditionnel au cœur de Beyrouth, au cœur d’un des quartiers les plus prestigieux, au cœur de la « Rue du Liban. » Mais quoi qu’il arrive la vie continue et tout se remplace. Cependant, la seule chose qu’on ne peut jamais remplacer, c’est le sentiment d’appartenance.

Certains déménagent, certains voyagent, certains démolissent, certains construisent, mais les souvenirs y restent à jamais.

On grandit quelque part en espérant y créer tous nos souvenirs puis la vie interfère. La vie est pleine d’obstacles, elle nous pousse à s’adapter à de nouveaux endroits, à de nouvelles réalités et à de nouvelles cultures. Ceci est dans la nature de l’homme tout comme la nostalgie à notre enfance et à tout lieu qui nous remplit de bonheur.

Quand un lieu devient un sentiment

 « Je suis né là-bas, j’ai grandi là-bas, j’ai fait des amis incroyables là-bas, je me suis marié là-bas, j’ai vu mes enfants grandir là-bas, toute ma vie est là-bas et restera là-bas », a partagé le quinquagénaire, Fady Matta, qui a vécu 42 ans de sa vie dans une maison que son père a lui-même construit.

Pour certains, une odeur, une chanson ou une saveur peut remonter les souvenirs. Pour d’autres, seul un lieu est capable de remonter tout souvenir et sentiment. « Quand je passe par la rue du Liban, je remonte dans le temps à mon enfance. Cette maison a été mon refuge dans une période de guerre. J’y ai quand même vécu une enfance incroyable », confie-t-il

En 2009, Fady Matta et sa famille ont dû prendre la décision de vendre le seul endroit qu’ils connaissaient le mieux, l’immeuble où ils ont vécu toute leur vie…sur ce, chacun a déménagé ailleurs. « J’habite à Mansourieh, mais je suis originaire de Sodeco, » a toujours été la réponse de cet homme nostalgique à la question sur son lieu de résidence.

Malgré tous les obstacles, ce lieu d’enfance, ce lieu de pureté et de joie est son seul sentiment d’appartenance. « C’est le seul endroit qui réveille mon âme d'enfant. »

« Chez moi, c’est ma famille »

Dans un pays où notre futur est ambigu, beaucoup de jeunes n’ont plus le choix que de quitter. Mais chez eux, c’est où ?

Loin de ses parents, de sa famille et de ses amis, Rayane Rawadi, 22 ans, étudie seule en France. Mais peu importe la distance, durant ses appels quotidiens avec sa sœur, elles se remémorent toujours le passé : « La plupart de nos souvenirs sont des souvenirs joyeux qu’on a vécus là-bas, avec les voisins, dans notre chambre… »

Elle ajoute même, « Ma fleur préférée, c’est le jasmin car notre voisine avait la plante et j’en ramassais une chaque jour, dès jeune âge. » Pour répondre à la question « chez toi, c’est où ? », la jeune fille s’est contentée de dire « Je pense qu’il aura toujours une partie de moi qui appartiendra à notre ancien quartier, chez moi, c’est mon pays…c’est ma famille. »

« Quoi qu’il arrive, je finirai par y vivre de nouveau », affirme Fady. Il ne s’agit pas uniquement de la rue du Liban, mais la rue de nombreux cœurs nostalgiques qui espèrent un jour y revenir.