UPT | Hommage à M. François Farhat

Mercredi 1 juin 2022
Organisateurs


Il y a des êtres qui, en partant, laissent un immense vide dans le cœur des hommes. Plus que d’autres. C’est qu’ils sont eux-mêmes cœur. Cœur généreux et entier, comme l’était celui de François. « Toujours prêt » me disait-il à chaque fois que je faisais appel à lui pour des cours à l’Université Pour Tous, pour des séances, des interventions, des conférences qu’il acceptait au pied levé. Peu importait le temps pour François, peu importait l’argent quand il s’agissait de donner, toujours plus, toujours mieux, avec passion et avec élan.

Il y a des êtres qui, en partant, laissent dans leur sillage une pensée encore vive et fraîche qui nous revient comme si elle datait toujours d’hier ou… de tout à l’heure. Des mots que l’on entend encore résonner comme ceux que François me répétait : « Gérard, souviens-toi, l’histoire recommence », « Le retour d’Ulysse contient la philosophie du monde », « Les Grecs ont été indépassables ! », ou encore, des propos plus sévères pour dénoncer l’imposture des banques et des faux dévots, les mystifications, la corruption du pouvoir, l’impuissance des chefs. Une parole de visionnaire, un roseau pensant infatigable, brave, un chevalier de la foi comme on en trouve peu encore dans le monde d’aujourd’hui.

Il y a des êtres qui, en partant, laissent derrière eux un sourire qui dépasse le temps et transcende la mort. Je le revois encore, ce sourire, quand pour la première fois, François était venu assister à mes cours de mythologie, et qu’il ne manquait pas d’exprimer, à la fin de chaque séance, son admiration, sa reconnaissance. Rares sont les collègues qui ont autant d’humilité pour remercier et renouveler à chaque fois leur amitié et leur sympathie. Je le revois surtout, ce sourire, quand François arrivait le matin, ô combien avant l’heure, une, deux, trois heures avant son cours pour se préparer, pour attendre, pour accueillir ses étudiants. Je le revois surtout quand il me parlait de ses sujets favoris, de ses goûts, de son envie toujours d’apprendre et d’enseigner, de ses prises de position audacieuses, et surtout, et avant tout, authentiques. François, lui et pas quelqu’un d’autre, jamais dans le mimétisme, jamais dans le conformisme, jamais là pour plaire ou mentir, ou se mentir, pas de compromis ni de compromission. 

À toi, François, je n’ai pas d’autre mot aujourd’hui que tu n’es plus parmi nous, sur terre entendons-nous, aujourd’hui que tu es certainement au ciel, à côté du Fils, je n’ai d’autre mot qu’un grand merci d’avoir été un homme au sens plein du terme. Je l’ai longtemps cherché cet homme, ce grand frère, et je l’ai trouvé en toi à l’université, en tant que collègue, en tant qu’ami. Nous nous sommes reconnus sans avoir eu besoin de nous le dire. Nous avons partagé ensemble la ferveur, celle que Ménalque enseigne à Nathanaël dans ses nourritures terrestres. Et spirituelles.

À toi François, je te rends hommage aujourd’hui en reprenant les paroles de celui dont tu portes si bien le nom, saint François d’Assise : « Rappelez-vous, dit saint François, que lorsque vous quittez cette terre, vous n’emportez rien de ce que vous avez reçu, uniquement ce que vous avez donné », et ô combien tu m’as donné, François, combien tu as donné à tes étudiants, à l’Université Pour Tous, à l’humanité silencieuse !

À toi François, je ne peux que me consoler et consoler ta famille et tes proches par cette parole de saint Paul que tu chéris de là où tu te trouves maintenant : « Puisque la mort est venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts : comme tous meurent en Adam, en Christ, tous recevront la vie ».

Et ce n’est pas la mort, mais la VIE qui te reçoit, très cher François.

Professeur Gérard BEJJANI

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