Entrevue avec Pr Josée Lemoignan

Les enseignants de UdeM au Liban
Mardi 19 avril 2022
Organisateurs


Dans le cadre du partenariat avec l’Université de Montréal, l’enseignante Josée Lemoignan a intervenue auprès des étudiants et des enseignants de l’IET sur l’analyse de situations cliniques complexes et de moyens d'intervention en ergothérapie. Dans cette entrevue, elle partage avec nous son apport à l’élaboration du programme ainsi que son vécu lors de son séjour au Liban.

Professeur, pourriez-vous commencer par vous présenter ?
Je m’appelle Josée Lemoignan et j’ai obtenu mon diplôme d’ergothérapeute en 1986. Au cours de ma carrière, j’ai fréquemment changé de domaine de pratique. En effet j’ai travaillé en santé physique et en santé mentale, dans le contexte d’unités de soins et dans un centre universitaire. Ce qui a marqué le plus ma pratique est le développement d’une clinique pour les personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique, ainsi qu’une autre clinique offrant des soins de réadaptation pour les personnes atteintes d’un cancer. Cela m’a amenée à poursuivre mes études dans le domaine de la biomédecine, en obtenant une maitrise en médecine expérimentale - Spécialisation en Bioéthique. Depuis 2010, je suis enquêtrice dans l’ordre des ergothérapeutes du Québec. Je suis aussi professeur de clinique à l’université de Montréal où j’assure principalement les cours de bioéthique tout en étant responsable des enseignements spécifiques au domaine gériatrique.

Comment êtes-vous parvenue à l’IET sachant que vous êtes installée à Montréal ?
Lors de nos réunions d’équipe entre professeurs à l’Université de Montréal, le responsable pédagogique et la directrice du programme nous ont présenté le projet de développement d’un programme d’ergothérapie à Beyrouth. J’ai donc accepté de prendre part au projet. On a commencé à travailler à distance pendant environ un an durant lequel j’ai beaucoup contribué au développement du programme de première année. Puis arriva un moment ou on devait se rendre au Liban en présentiel et évidement, j’ai tout de suite dit oui !
Je me suis donc rendue au Liban en 2016 et j’ai eu enfin la chance de rencontrer l’équipe d’enseignants de l’IET. Durant mon séjour on a surtout travaillé ensemble pour mettre en place le programme de la deuxième année, en particulier le module de gériatrie. J’étais également censée revenir pour le cursus de troisième année, mais malheureusement les circonstances en ont décidé autrement, et on a continué la collaboration à distance.

Parlez-nous un peu de votre passage au Liban
Malheureusement, mon séjour était très court, de 5 jours uniquement, vu que j’avais des enseignements à assurer à Montréal. Cependant, j’ai adoré l’Institut, et surtout l’effet « petite communauté ». Je me rappelle avoir enseigné des promotions d’une dizaine d’étudiants ce qui m’a donné le privilège d’apprendre à connaître tous les étudiants malgré mon court passage.
J’ai aussi grandement apprécié la convivialité du peuple libanais en général. Je me souviens encore de l’accueil chaleureux que nous a réservé la direction de l’Institut mais aussi à quel point les étudiants étaient ravis de nous recevoir.
D’un point de vue culturel, c’était un grand changement, mais que j’ai grandement apprécié. Je me rappelle entendre des prières le soir de ma chambre d’hôtel, au réveil être accueillie avec une tasse de café, et pleins d’autres éléments qu’on ne retrouve pas à Montréal. Ma fille ainée m’a d’ailleurs rejoint lors des derniers jours du séjour durant lesquels on a fait le tour de quelques sites touristiques dont je me rappelle surtout la Raouché, Byblos, Harissa et les grottes de Jeita. Il reste encore tellement à voir et à expérimenter au Liban. J’aimerai vraiment y retourner pour un deuxième séjour !

Quelle est votre vision future de l’ergothérapie au Liban ? précisément l’IET ?
J’aimerai souligner que j’ai lu la première édition de ErgoBulletin, et j’ai été ravi d’avoir des nouvelles de l’IET et encore plus de voir son évolution d’un projet à un pôle d’enseignement actif et dynamique. J’estime que pour continuer dans cette lancée, il est important à ce stade de revoir le programme dans sa totalité. Les enseignements de chaque année devraient reposer sur ce qui a été enseigné l’année précédente, et raffiner ces « ponts » entre les cours est un point important pour continuer l’évolution d’un point de vue académique.
Un autre élément me venant à l’esprit quand je pense au futur de l’IET est le recrutement des jeunes graduées. Ce qui caractérise ces jeunes c’est leur attachement, leur désir d’investir dans leur Institut, et c'est cette motivation qui fera toute la différence. Et là je m’adresse aux étudiants lisant l’article : revenez à l’IET après votre remise des diplômes et redonnez-lui sa tribute. L’IET a vu le jour grâce à vos professeurs, mais elle ne pourra survivre que par vos efforts.
À l’échelle du Liban, je crois sincèrement que l’ergothérapie à beaucoup à donner à la population libanaise bien que la situation économique constitue un obstacle important. J’espère voir la profession s’étendre sur tout le territoire libanais en dehors du monopole de Beyrouth.