Cérémonie de remise des diplômes de Formation Inclusive à l'UPT

Jeudi 21 juillet 2022
Organisateurs


Monsieur le Recteur de l’Université Saint-Joseph,
Chers étudiants, chers diplômés,
Chers parents et amis,
Chère famille de l’Université Pour Tous,

  Tout à l’heure, six étudiants, Céline, Cyril, Joseph, Maher, Nour et Patrick, recevront leurs diplômes de Formation inclusive. Cela fera, avec les douze étudiants de la première promotion de 2021, dix-huit diplômés de l’Université Pour Tous à l’Université Saint-Joseph.

Pourquoi l’Université Pour Tous qui, plus que jamais, porte si bien son nom ?

 

    D'abord parce que l’UPT a fait le choix, en septembre 2018, de dire oui à la demande d’une formation éducative particulière, même si cette demande pouvait sembler à l’époque incongrue dans un cursus académique, mais rien n’est jamais possible sans audace, sans l’audace visionnaire de Michèle et de Claire de l’association Include que je remercie de m’avoir presque forcé la main ce jour-là. L’UPT a répondu oui parce qu’ « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », dit le proverbe ; et que, bien évidemment, l’UPT préfère la porte ouverte. Toujours ouverte. Grande ouverte. Tel un espace ouvert contre la prudence, la restriction, la crainte. Tel un esprit ouvert contre la rigidité du système, l’étroitesse de la pensée, les moulages et les convenances. Tel un texte ouvert à une libre aventure interprétative, à la potentialité éducative.

 

Ensuite, et en matière éducative justement, l’UPT aime Jean-Jacques Rousseau et son élève imaginaire, Émile, qui est à la fois le fils de l’homme et le fils de l’universalité. Rousseau va à contre-courant de son siècle puisqu’il a plus confiance dans la méthode active que dans le dressage, dans cette méthode qu’il appelle, quitte à gêner ses contemporains et les pédagogues parmi vous, « l’éducation négative », autrement dit celle qui laisse la nature agir, qui se fonde non sur les livres mais sur l’expérimentation, qui privilégie le contact des choses et non des mots ou des idées, qui passe non par les savoirs, non par les lumières de l’esprit, mais par la perfectibilité de tout un chacun. La plus grande règle de toutes les règles n’est plus alors de gagner du temps, mais d’en perdre. Et c’est en « perdant le temps » - sans jamais le perdre bien entendu - que nos étudiants en formation inclusive apprennent à conquérir leur autonomie et, par conséquent, leur liberté.

 

L’Université pour Tous croit surtout en l’inclusion de tous et de tout un chacun dans sa particularité. L’inclusion et non pas l’intégration : l’intégration cherche à effacer la différence alors que l’inclusion consiste à inclure des personnes différentes dans un espace commun, à condition d’y aménager des parcours individualisés et des accompagnements singuliers, ce à quoi nous veillons dans notre programme de formation. Qui n’est jamais figé, qui se remet en question en permanence, qui s’évalue, se module en fonction des apprenants, de la réceptivité, des talents que nous voyons émerger. C’est ainsi que cette année, nous avons ajouté aux trois modules de base (l’horticulture, la restauration et l’hôtellerie), un quatrième module d’arts et médias. Ce sont les étudiants qui nous appellent à réajuster nos programmes parce que chacun d’eux vient au monde avec son intelligence autre, chacun d’eux vient, dit Tagore, « avec un message que Dieu n’est pas encore découragé par l’homme ». Et c’est Tagore qui nous réconcilie le mieux avec la vocation de l’enseignant quand il avoue rêver que « la vie n’est que joie », mais qu’en s’éveillant, il voit que « la vie n’est que service ». Et il continue : « Je servis et je compris que le service est joie… Et émerveillé jaillit ma chanson ».

 

Émerveillés, nous le sommes tous aujourd’hui, de voir comment a jailli la chanson inclusive, cette nouvelle promotion prête à se lancer dans la vie professionnelle. Nous sommes d’autant plus émerveillés que nous avons travaillé contre vents et marées, contre les épreuves qui se sont succédé sans répit : la crise sanitaire, politique, économique, la déliquescence de notre pays.

Céline, Cyril, Joseph, Maher, Nour et Patrick, vous avez jailli dans l’adversité. Et vous savez comme moi, que votre formation n’aurait pas été possible sans toutes les volontés humaines qui ont œuvré à votre réussite. Je remercie toutes ces personnes, celles que je vais nommer et toutes les autres :

 

- L’association Include en premier, Michèle Asmar, Claire Zablit et Carmel Wakim, que je salue chaleureusement,

- Les parents qui nous ont fait confiance, nous ont soutenus et nous ont accompagnés dans des terrains encore instables,

- Les donateurs et parrains qui ont contribué largement au financement des scolarités, et dont je tairais les noms par discrétion, ou parce que, comme m’en a convaincu une amie, la reconnaissance intime suffit,

- Les artistes-enseignants de l’UPT, Daisy pour la peinture, André pour la mosaïque, Alain pour la sculpture, et notre chère et regrettée Gulène que les étudiants ont connue avant la maladie qui l’a emportée, qu’elle repose dans la paix du Christ !

- L’Institut libanais d’éducateurs, qui a assuré la formation de notre équipe, la coordinatrice Claudine, les orthopédagogues Aya et Yara,

- L’Équipe de l’Université Pour Tous, Bassam, Pascale et Nancy, un trio merveilleux qui travaille dans l’ombre, qui accueille, qui sourit, qui aime,

- Les lieux de stage, le département de nutrition de l’hôtel Dieu de France, Cat and Mouth, l’hôtel Bossa Nova, les pépinières de Paul Estephan et Elias Kamel,

- L’Association Tri-pulley, Lamia et Nadine, qui ont permis et financé, pendant une période de six mois, l’insertion professionnelle de sept de nos douze diplômés dans la solidarité et la dignité,

- Les intervenants volontaires, Manal pour la photographie, Lynn du département de psychologie pour le développement personnel, Mike pour le théâtre,

 

    Et vous voici, vous six dont je cite les noms pour la troisième fois, Céline, Cyril, Joseph, Maher, Nour et Patrick, vous qui êtes un surcroît de vie,  vous qui n’avez pas besoin de parler de Dieu, puisque vous le rayonnez, vous à qui je fais la promesse, la même que j’ai faite l’an dernier, que l’UPT fera de son mieux pour que vous ayez votre place, votre métier, chacun dans sa spécialisation à partir du mois de septembre 2022, auprès de personnes qui sauront faire valoir vos qualités, vos compétences acquises tout au long de la formation, votre intelligence autre.

 

    La promesse aussi que, s’il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, la porte de l’UPT vous sera toujours ouverte. En attendant qu’il n’y ait jamais plus de porte, ni ouverte ni fermée, ni pour vous ni pour quiconque sur cette terre.

 

Félicitations. Mabrouk. 

Gérard BEJJANI 

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