« Le Liban de nos rêves» : 3 lauréats de l’USJ

Jeudi 13 avril 2023
Collaborateurs
  • Agence universitaire de la francophonie


L’AUF-Moyen-Orient, la Banque BEMO, la Librairie Antoine, l’Association Assabil et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ont organisé à la Bibliothèque Nationale le 13 avril, date symbolique pour tous les Libanais, une cérémonie de remise des prix pour récompenser les jeunes auteurs lauréats de nouvelles écrites dans le cadre du concours « Le Liban de nos rêves ».

Ce concours, orchestré par l’AUF avec l’appui de l’ensemble des partenaires, est né d’une idée de Riad Obegi (Banque BEMO). Adressée aux étudiants des universités et aux élèves des classes secondaires du Liban, cette compétition nationale de création littéraire a été organisée par les partenaires pour offrir aux jeunes Libanais l’opportunité de rêver par écrit d’un Liban plus conforme à leurs aspirations.

Cette initiative a permis de créer une dynamique à l’échelle nationale dans plus de 80 établissements scolaires et universitaires, publics et privés, répartis sur l’ensemble du territoire.

Un jury trilingue, composé de représentants des organisateurs et de deux journalistes des quotidiens L’Orient-Le Jour et Annahar, a procédé à l’examen et à la sélection de 18 lauréats, choisissant parmi plus de 630 nouvelles qui ont été rédigées en français, en arabe et en anglais.

Des prix en numéraire, offerts par l’AUF et la Banque BEMO, ont été décernés aux lauréats comme suit :

Niveau scolaire (classes secondaires) : 9 lauréats (trilingues)

Niveau universitaire : 9 lauréats (trilingues) dont 3 de l’USJ :

  • Céline Arslane, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Faculté des lettres et des sciences humaines : premier prix en langue anglaise, 500$.
  • Samya Tannyr, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Génie informatique et Communications-ESIB : deuxième prix en langue française, 300$.
  • Nour Faour, Université Saint-Joseph de Beyrouth, Faculté de médecine : troisième prix en langue anglaise, 150$.

 

Les textes des lauréats seront publiés sur les sites des organisateurs et dans la presse locale. En outre, une sélection des 100 meilleurs textes du concours fera l’objet d’une publication par la Librairie Antoine dans un recueil en versions papier et numérique.

La cérémonie, qui a rassemblé plus de 500 personnes, s’est tenue en présence des organisateurs, des responsables des établissements scolaires et universitaires et des élèves, des étudiants et de leurs familles. Les lauréats des premiers prix ont brièvement lu des extraits de leurs nouvelles.

Dans son mot d’ouverture, le directeur régional de l’AUF-Moyen-Orient, M. Jean-Noël Baléo, rappelant que le choix de la date funeste du 13 avril pour organiser cet événement n’était pas fortuit, a souligné que ces nouvelles dressent le portrait « d’une jeunesse traumatisée par la brutalité des épreuves répétées qu’elle subit. L’émigration comme seul exutoire, la lente érosion des revenus, du statut social et pour finir, de la liberté et de l’insouciance, le sentiment de déclassement, le recul provoqué par l’accès difficile aux soins, la pénurie d’électricité et autres atteintes à la dignité, sont aussi largement évoqués et sont les nouveaux stigmates d’une jeunesse qui, si elle n’a pas connu l’enfer des événements qui traumatisèrent la génération d’avant, n’en est pas moins meurtrie à son tour. Mais c’est aussi le portrait d’une jeunesse lucide, qui revendique avec force ses droits élémentaires et son aspiration à vivre dignement dans son pays ».

Extraits des nouvelles sélectionnées :

Céline Arslane:

“If Lebanon was perfect and ideal, would we have witnessed beautiful start-ups, initiatives, NGOs, and social enterprises brought up into this bitter world? If Lebanon was perfect, would we have witnessed this poor man on the street offering the kids the last pieces of chocolate that he has? If Lebanon hadn’t had any history, would we have witnessed children on Hop-On and Hop-Off tour buses, pointing with their little fingers and with an amazed look, at the only vestiges and monuments left from our history? Would we even have history without chaos?

This is the paradox of life: humans need madness to live. A little bit of madness is what is keeping us sane. It’s just like the yin and the yang. There’s some good in the bad, and some bad in the good. The balance of things is keeping us lucid.

This is not a story romanticizing Lebanon. It’s the complete opposite. It’s a story that points out our country’s flaws and sordid conditions. Let’s be rational. Let’s not live in denial. Nevertheless, let’s not be blinded by the darkness. It is not the bigger picture that is going to make you dream, nor is the comparison to more developed countries. Or at least, it’s not going to be the right dream. Faith and hope don’t come from focusing on the large scale; they are the fruit of the beauty that enlightens every alley, when you see the kids playing together in the streets, when you see this sweet grandma waiting for her husband to come home after a long day on her balcony, when you see this teenager listening to music and painting some graffiti on the wall to give more life to the city, when you see this young couple giggling, hand in hand, on the side of the road, and when you hear those parents bragging about their child’s success. This is what gives hope and makes you dream in a sorrowful country.

Would you have a dream if there was only perfection?”

Samya Tannyr:

« Des espaces verts au centre de Beyrouth, étrange ! Je continue mes recherches pour passer aux « Espaces verts de Beyrouth ». Une liste d’une dizaine de jardins publics. On dirait être dans un pays européen.  Motivée, je me balade vers un des plus proches pour y croire. Un jardin se situant en banlieue beyrouthine : « Jardin public Costa Brava ». Comme la carte l’indique, il s’agit anciennement d’une décharge clôturée en 2024. Un rêve d’enfance étudié dans les livres de géographie du primaire réalisé. Je m’assois sur un banc à côté d’un vieillard lisant un livre. J’interromps sa lecture pour assouvir ma curiosité. Au cours de la discussion, il mentionne l’ouverture d’une bibliothèque publique à l’autre bout du jardin. J’y vais en courant, stupéfaite, je ne sais pas par quels coins commencer la recherche. Une bibliothèque de trois étages, moderne, accessible à tous (vieux comme jeunes, handicapés…) divisée de façon à satisfaire tous les besoins. Des fauteuils pour lire comme si on était chez soi, des salles pour travailler en groupe, une salle informatique avec documentation en ligne illimitée et gratuite et enfin un petit théâtre et cinéma.

Éblouie, je ne sais plus si ces quelques jours vécus en septembre 2033 sont du Liban dont j’ai rêvé quand j’étais dans le coma, ou au contraire, du Liban de mes rêves qui s’est enfin réalisé ».

 

Nour Faour :

“Have you ever wondered what it would be like to see your dreams play out in a movie? To see your imagination come alive in front of your eyes? What if it’s a dream of your country being all prosperous and perfect? A collapsed country regaining its beauty, stability, safety, prosperity and strength is the only thing that I have always dreamt about.

Here I am in my bed, the sun is tickling my eyelids, and I’m being taken by the hand. I open my eyes and I’m shocked to see a mini cedar intertwining its branches with my fingers. Confusion and questions are spitting off my tongue. Why is there a tree in my bed? Why is it alive, and why is it holding my hand? And as if this tree was reading my thoughts, it answers, "Hey, I’m Cedra, call me Ced. We’ve met before in your dreams, but now it's finally time for a proper meeting." She smiles, and I’m already smiling back. An adventure awaits us; prepare yourself to be blown away," she says. And let me tell you, she did not exaggerate.

We’re out of the house, marching towards the forest. Trees are getting wider, birds chirp louder, water drops faster, and the wind blows stronger. Then, I find myself in a room with countless doors surrounding it. Ced explains that we’ve arrived in the dreams’ dimension, and every one of these doors holds a core part of the Lebanon of my dreams. "Shall we start our journey?" she asks. I swing the first door open and lead us inside. Nerves and excitement are twitching inside me”.

Samya Tannyr:

« Des espaces verts au centre de Beyrouth, étrange ! Je continue mes recherches pour passer aux « Espaces verts de Beyrouth ». Une liste d’une dizaine de jardins publics. On dirait être dans un pays européen.  Motivée, je me balade vers un des plus proches pour y croire. Un jardin se situant en banlieue beyrouthine : « Jardin public Costa Brava ». Comme la carte l’indique, il s’agit anciennement d’une décharge clôturée en 2024. Un rêve d’enfance étudié dans les livres de géographie du primaire réalisé. Je m’assois sur un banc à côté d’un vieillard lisant un livre. J’interromps sa lecture pour assouvir ma curiosité. Au cours de la discussion, il mentionne l’ouverture d’une bibliothèque publique à l’autre bout du jardin. J’y vais en courant, stupéfaite, je ne sais pas par quels coins commencer la recherche. Une bibliothèque de trois étages, moderne, accessible à tous (vieux comme jeunes, handicapés…) divisée de façon à satisfaire tous les besoins. Des fauteuils pour lire comme si on était chez soi, des salles pour travailler en groupe, une salle informatique avec documentation en ligne illimitée et gratuite et enfin un petit théâtre et cinéma.

Éblouie, je ne sais plus si ces quelques jours vécus en septembre 2033 sont du Liban dont j’ai rêvé quand j’étais dans le coma, ou au contraire, du Liban de mes rêves qui s’est enfin réalisé ».

Nour Faour :

“Have you ever wondered what it would be like to see your dreams play out in a movie? To see your imagination come alive in front of your eyes? What if it’s a dream of your country being all prosperous and perfect? A collapsed country regaining its beauty, stability, safety, prosperity and strength is the only thing that I have always dreamt about.

Here I am in my bed, the sun is tickling my eyelids, and I’m being taken by the hand. I open my eyes and I’m shocked to see a mini cedar intertwining its branches with my fingers. Confusion and questions are spitting off my tongue. Why is there a tree in my bed? Why is it alive, and why is it holding my hand? And as if this tree was reading my thoughts, it answers, "Hey, I’m Cedra, call me Ced. We’ve met before in your dreams, but now it's finally time for a proper meeting." She smiles, and I’m already smiling back. An adventure awaits us; prepare yourself to be blown away," she says. And let me tell you, she did not exaggerate.

We’re out of the house, marching towards the forest. Trees are getting wider, birds chirp louder, water drops faster, and the wind blows stronger. Then, I find myself in a room with countless doors surrounding it. Ced explains that we’ve arrived in the dreams’ dimension, and every one of these doors holds a core part of the Lebanon of my dreams. "Shall we start our journey?" she asks. I swing the first door open and lead us inside. Nerves and excitement are twitching inside me”.

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