Le vice-rectorat à la recherche de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a organisé les 14^e Journées de la recherche intitulées « La recherche au service de la société dans un Liban en crise », les 22 et 23 juin 2023, à l’Auditorium François S. Bassil, au Campus de l’innovation et du sport de la rue de Damas.

Ces deux journées ont regroupé des chercheurs, professeurs, docteurs, enseignants doctorants et étudiants qui se sont posés des questions et ont proposé des réponses, concernant la recherche clinique et translationnelle innovante au service de l’industrie, dans un paysage socio-économique mouvant. Ce grand rassemblement scientifique a été marqué également par le lancement du projet « One health : Une seule santé durable pour tous. USJ Liban ».

Ce concept qui propose une approche collaborative entre les différents secteurs de la société pour le bien-être de l’humain a été lancé, lors de séance d’ouverture, par le recteur de l’USJ, Pr Salim Daccache s.j., qui a partagé également ses réflexions sur l’intelligence artificielle « une thématique si importante pour l’enseignant et le chercheur, en tant que domaine de recherche et facilitatrice des travaux, et qui soulève de nombreux enjeux scientifique, éthique, sociétal et épistémologique. »

Le vice-recteur à la recherche, Pr Dolla Karam Sarkis, a expliqué, pour sa part, que le projet « One health USJ Liban » trouve son origine dans les travaux de recherche effectués à l’USJ sur la résistance des agents pathogènes aux antibiotiques, les bactéries résistantes chez les animaux qui passent à l’homme par le biais de la consommation de viandes, la pollution de l’air et des rivières, les Polluants organiques persistants, des toxines, etc., et qui ont abouti à la proposition, par un groupe de 30 chercheurs de toutes les facultés, de thématiques qui rejoignent l’effort international pour une santé planétaire répondant à des objectifs de développement durable.    

Pr Sarkis a noté qu’une grande mutation des thématiques de recherche a été opérée à l’USJ, pour rejoindre les activités qui répondent aux besoins d’un pays en pleine crise sanitaire économique et sociétal.

Le Secrétaire général de la fondation « Une seule santé durable pour tous », M. Benoit Miribel, a appelé dans son mot à une prise de conscience « que nous sommes tous confrontés aux mêmes enjeux sanitaires et environnementaux, d’où le besoin de repenser notre façon de travailler sur nos priorités. Dans ce contexte, le Liban a répondu présent à travers l’USJ et l’ONG Aamel, ainsi que d’autres ONG qui ont déjà rejoint le groupe de travail comme Arc en Ciel et la Chaire de la fondation Diane.»

Le Directeur des opérations scientifiques de l’Agence nationale de la recherche (ANR), M. Dominique Dunon-Bluteau, a passé en revue les différents projets de coopération scientifique avec le Liban, tandis que le directeur régional de l’AUF, Jean-Noël Baléo, a invité l’USJ à maintenir le capital humain qui détient et l’expertise existante et les structures qui perpétuent le système national de recherche,  et à renouveler ce capital par la formation d’étudiants ayant des compétences socio-professionnelles nécessaires au redressement du Liban. Et puisque l’USJ est l’université de référence au niveau national, et dans un contexte d’effondrement généralisé, Baléo a soutenu qu’elle porte la lourde responsabilité de tirer le système éducatif vers le haut et de préserver la qualité de l’enseignement et la francophonie au Liban.

La conseillère d’action et de coopération culturelle et directrice de l’Institut français du Liban, Mme Sabine Sciortino, a estimé pour sa part que dans un pays frappé de plein fouet par une crise profonde, multiforme et durable, la recherche permet de penser et de préparer le monde de demain et d’après-demain, puisqu’elle n’est pas une bulle déconnectée des réalités mais au service de la société. Pour cette raison, ajoute Sciortino, la France entend poursuivre son appui en matière de recherche avec le Liban à travers différents programmes.     

Le thème de la santé pour tous brise, selon la Secrétaire générale du CNRS-L, Dr Tamara el-Zein, le concept de chosification des sciences et la division des savoirs selon une approche industrielle, dont le résultat est senti au niveau des écoles et des universités ou persiste un cloisonnement des disciplines. Si la recherche disciplinaire, affirme el-Zein, est toujours indispensable pour approfondir les savoirs, la recherche interdisciplinaire est nécessaire pour pouvoir tirer profit des croisements des savoirs. Par ailleurs, el-Zein a confirmé le soutien du CNRS-L pour ce projet novateur et indispensable.

« Si la crise que nous traversons est profonde, elle est aussi source d’initiatives courageuses, telles que les vôtres », lance de son côté le ministre de la Santé publique, Dr Firas Abiad, dans un mot prononcé par son conseiller, Pr Pierre Amouri. « C’est cette détermination, affirme-t-il, qui a conduit le ministère a lancé la stratégie nationale pour la santé en 2030, la digitalisation de plusieurs fonctions du système de santé libanais, et le « Plan cancer national ». 

A la fin de la deuxième journée, les prix de meilleurs posters de recherche ont été remis à Maya Mahfouz du département de Nutrition de la Faculté de Pharmacie, Helga Francis de la Faculté des sciences, Megan Khoury de la Faculté des sciences de l’éducation, Wajih el-Hage de la Faculté de médecine dentaire et Emile Whaibeh de l’Institut supérieur de santé publique. 

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