Rencontre des chefs d’établissements scolaires du Liban 2025

Mardi 13 mai 2025

L’amphithéâtre Abou Khater du Campus des sciences humaines (CSH) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a accueilli, dans une atmosphère empreinte de reconnaissance et d’espoir, la Rencontre des chefs d’établissements scolaires du Liban 2025. Cet événement, organisé dans le cadre du 150e anniversaire de l’USJ, a rassemblé plus de 300 personnes parmi lesquelles des responsables éducatifs venus de toutes les régions du pays, de Tripoli à Tyr, en passant par le Chouf, Zahlé ou encore Baalbek.

La cérémonie a été inaugurée par les hymnes national et universitaire, interprétés par le Chœur de l’USJ sous la direction de Mme Yasmina Sabbah. Dans son mot d’accueil, Mme Jana Aouad, directrice du Service étudiant d’information et d’orientation (SIO), a salué les invités en soulignant l’importance de ce moment de partage entre partenaires éducatifs : « Cette rencontre est l'occasion de nous retrouver, d’échanger nos idées, nos défis, nos réussites et surtout de renforcer cette belle communauté éducative que nous formons ensemble. » Elle a remercié également l’équipe de Campus-J, journal des étudiants de l’USJ, qui était présente durant cette rencontre afin d’échanger avec les responsables des établissements scolaires.

La projection d’une vidéo retraçant les 150 ans de l’USJ a précédé l’intervention du Recteur, le Pr Salim Daccache s.j., qui a livré un discours profondément ancré dans la mission éducative de l’Université. Il a rappelé que depuis 1875, l’USJ s’efforce de transmettre un savoir rigoureux et une vision humaniste de l’éducation, une mission rendue possible grâce au partenariat vital avec les établissements scolaires libanais.

Le Pr Daccache a exprimé sa gratitude envers les chefs d’établissement présents, affirmant que sans eux, « l’USJ ne serait que l’écho d’un savoir non partagé ». Pour lui, l’éducation est un acte de confiance, d’espoir et une arme pour affronter les incertitudes du monde moderne. Citant Platon, il a rappelé que « l’éducation est l’armure de l’âme contre les coups du destin ».

Revenant sur les valeurs fondatrices de l’USJ, il a insisté sur la nécessité de former des esprits libres, critiques et engagés. Fidèle à sa vocation francophone, le Pr Daccache a poursuivi en affirmant que l’Université n’en reste pas moins ouverte aux défis de la mondialisation, avec plus de 35 programmes dispensés en anglais, dans des domaines aussi variés que la santé, l’intelligence artificielle ou encore la robotique. Ces innovations ne sont pas, selon ses mots, « une simple adaptation technique, mais une réponse aux besoins de justice sociale et de solidarité humaine ».

Le Recteur a également souligné l’ampleur de l’engagement social de l’USJ, en révélant que près du tiers de son budget annuel – soit environ 20 millions de dollars – est alloué aux bourses sociales et académiques. Il a chaleureusement remercié les services impliqués dans l’accompagnement des étudiants ainsi que les donateurs qui soutiennent cet effort.

Dans un élan d’humanité, le Pr Daccache a insisté sur la nécessité de bâtir une véritable communauté éducative au Liban, au-delà des clivages. « Ce qui nous manque, peut-être, c’est cet esprit de communauté. » C’est pourquoi, selon lui, l’USJ s’efforce de tisser des liens solides avec les établissements scolaires et de jouer un rôle actif dans la rétention des talents libanais.

Enfin, le Recteur a rendu hommage à la résilience de l’Université face aux crises successives, rappelant que l’USJ a toujours su se réinventer, élargir sa mission et rester fidèle à ses racines. « Nous avons voulu retrouver nos valeurs plantées par les générations du passé pour faire fleurir les routes de l’avenir », a-t-il confié, avant d’exprimer sa conviction que l’avenir du Liban passe inévitablement par l’éducation et par des jeunes bien formés, créatifs et profondément humains.

Lors de cette rencontre organisée par le SIO et présentée par Mme Jana Aouad, trois anciens de l’USJ ont pris la parole pour partager leur expérience et leur attachement à leur alma mater. Parmi eux, Albert Kostanian, économiste et analyste politique, qui a livré un témoignage émouvant sur le rôle fondamental de l’USJ dans sa trajectoire personnelle et dans la construction du Liban.

« Je suis honoré d’être là », a-t-il lancé en ouverture. Évoquant son passage du Lycée franco-libanais de Beyrouth à l’USJ, il s’est confié : « Ce choix, je l’ai fait naturellement. À 17 ans, je ne pensais pas à l’académie, mais au Liban. L’USJ, c’est un certain Liban. Un Liban qu’on aime, qu’on aimerait tous ressusciter. » Pour Albert Kostanian, l’université dépasse son rôle éducatif pour incarner une mission civique : « L’USJ, c’est l’université de la cité. Elle a toujours accompagné le Liban, elle en est le reflet. » Il a insisté sur l’impact de la diversité humaine et sociale qu’il y a rencontrée : « J’ai appris à connaître le Liban dans toute sa diversité à l’USJ. C’est un véritable creuset, un socle d’appartenance nationale. »

S’adressant aux jeunes parents, il a lancé un message fort : « L’USJ, c’est un pilier, une arme, un bouclier pour rester au Liban. » Soulignant le prestige de l’institution à l’international, il a partagé une anecdote sur son inscription tardive à la Sorbonne, acceptée grâce à sa formation : « Le doyen m’a dit : ce n’est pas chaque jour que j’ai quelqu’un de l’USJ. »

Autre témoignage marquant, celui de la réalisatrice et art-thérapeute Zeina Daccache, qui a relaté son parcours depuis le Kessrouan jusqu’à l’IESAV, l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques de l’USJ. Après une première expérience universitaire peu épanouissante dans un environnement trop homogène, elle décide de changer de voie et rejoint l’IESAV à Beyrouth, où elle rencontre Mme Aimée Boulos, directrice inspirante de l’Institut, qui l’encourage à explorer et à sortir des sentiers battus. Zeina Daccache y découvre une pédagogie fondée sur la collaboration, l’ouverture internationale et l’expérimentation. L’USJ devient alors pour elle un véritable tremplin. Elle affirme aujourd’hui être fière d’en être diplômée.

Carmen Bsaïbes, actrice et réalisatrice, a pour sa part souligné combien son master en cinéma à l’USJ avait été un tournant décisif dans son parcours. Elle y a trouvé un cadre propice à la recherche, à la compréhension du langage cinématographique, à l’expression de visions singulières. Cette formation lui a permis, dit-elle, de mieux incarner les personnages à l’écran, de lire un scénario avec une plus grande acuité et d’affiner ses choix professionnels. Elle a particulièrement apprécié la richesse des séminaires animés tant par des intervenants locaux que par des professionnels venus de l’étranger, qui l’ont aidée à élargir sa réflexion et à aborder le cinéma avec rigueur et liberté à la fois. L’USJ lui a offert, selon ses mots, un espace de remise en question et les outils nécessaires pour tracer un chemin personnel dans un métier exigeant.

De son côté, Louis Daou, étudiant en sixième année de médecine, raconte avec émotion son parcours marqué par la persévérance et la gratitude. Issu d’un milieu modeste, il a obtenu son baccalauréat français avec mention très bien, mais ses moyens financiers limitaient ses choix universitaires. Grâce à une rencontre avec un représentant du SIO de l'USJ, il a découvert les bourses offertes par l’Université et a réussi, contre toute attente, le concours spécial de médecine. Depuis, il poursuit brillamment ses études à l’USJ, qu’il remercie pour son soutien académique et humain. Il a tenu à rendre hommage aux valeurs de solidarité et d’engagement transmises par l’Université, qui guideront sa future carrière de médecin.

Shaza Husseini, étudiante à l’Institut de gestion des entreprises (IGE), a partagé avec émotion son attachement à l’USJ, une université qu’elle admirait déjà enfant. Après avoir été acceptée dans plusieurs établissements au Liban et en France, elle a choisi l’USJ pour la richesse et la pertinence de son programme. Elle y a découvert un environnement stimulant, des mentors engagés et un accompagnement professionnel qui lui a ouvert de nombreuses opportunités. Elle a exprimé sa profonde gratitude envers l’Université pour le soutien, la confiance et l’inspiration qui ont façonné son parcours.

Ancienne étudiante de l’USJ et aujourd’hui mère, Katia Touma a témoigné de son parcours de réflexion face au choix d’université pour sa fille, dans un contexte libanais marqué par l’incertitude. Séduite par l’intervention du SIO faite auprès de l’établissement scolaire de sa fille, elle a retrouvé en cette institution les valeurs, la rigueur et l’ouverture qui avaient marqué ses propres années à l’université. Pour elle, choisir l’USJ, c’est faire le pari de l’excellence locale, de la continuité, et surtout, de l’espoir en un avenir meilleur pour le Liban et ses jeunes.

La réunion s’est achevée dans une ambiance chaleureuse et conviviale, avec une prestation émouvante du Chœur de l’USJ, suivie d’un dîner préparé par L’Atelier, le restaurant d’application de l’IGE. Ce moment de partage et de célébration a rassemblé les participants dans une atmosphère musicale, avec des chansons interprétées par les étudiants de la Faculté de médecine de l’USJ.

 

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