L’indexation sur Scopus expliquée par Dr Elie Khoury, éditeur en chef de l’IAJD

Mai 2025

Pour partager son expérience et les bénéfices de l'indexation sur Scopus, l'éditeur en chef de l'IAJD Dr Elie Khoury nous a accordé une interview exclusive, où il a expliqué comment l'indexation a contribué à l'essor de la revue et a renforcé la recherche dans le domaine de la dentisterie :

1. Pouvez-vous nous expliquer en quoi l'indexation de l'IAJD sur Scopus a changé la visibilité de la revue, et a impacté la qualité de la recherche publiée dans la revue ?

L’indexation de l'IAJD sur Scopus, journal gérer par la FMD, a eu un impact significatif sur la revue, tant en termes de visibilité que de qualité des publications.

Tout d'abord, la visibilité de la revue est principalement liée à la plateforme sur laquelle elle est publiée, Digital Commons d’Elsevier, un site reconnu qui renforce son accessibilité et sa diffusion auprès d’un public international. Dans ce cadre, le VRR a pris l’initiative de migrer toutes les revues de l’USJ vers Digital Commons. Toutefois, l’indexation sur Scopus apporte une valeur ajoutée majeure: elle confère une plus grande crédibilité et fiabilité à la revue, ce qui attire davantage de chercheurs internationaux.

L’impact sur le nombre de soumissions a été considérable. Avant l’indexation, la revue recevait en moyenne 4 à 5 soumissions par numéro, qui étaient systématiquement acceptées. Après l’indexation, ce chiffre a considérablement augmenté, avec près de 120 soumissions par numéro. Cependant, afin de maintenir un standard de qualité conforme aux exigences de Scopus, le comité de publication de la FMD et le comité éditorial présidé par le Doyen, ont mis en place une sélection rigoureuse, n’acceptant que 20 articles par numéro, soit le maximum recommandé.

En effet, Scopus impose un ratio entre le nombre d’articles soumis et ceux acceptés. Une revue acceptant la totalité des soumissions serait perçue comme commerciale, ce qui nuirait à sa crédibilité. La mise en place d’un processus de sélection strict démontre ainsi notre engagement envers l’excellence académique et scientifique. Face à cette forte demande, nous envisageons d'augmenter la fréquence de publication à quatre numéros par an. Toutefois, cette évolution requiert un renforcement de notre équipe éditoriale, ainsi qu’un soutien logistique accru de la part du comité éditorial, de l’équipe informatique et de la maison d’édition de l’USJ, chargée de la mise en page.

L’indexation sur Scopus implique également un audit obligatoire tous les deux ans, visant à évaluer si la revue maintient les standards exigés. Ce processus est crucial pour assurer le maintien de notre indexation et continuer à améliorer la qualité de nos publications.

L’indexation a également élargi le rayonnement international de la revue et de la FMD. Nous recevons désormais des soumissions provenant d’Europe, d’Inde et de nombreux pays arabes (Maroc, Tunisie, Égypte, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis). Un nombre important de chercheurs indiens soumet leurs travaux, probablement en raison de la réputation croissante de l’IAJD et de son positionnement en tant que revue de référence pour ceux souhaitant exercer dans le monde arabe.

Enfin, au niveau local, une part significative des articles provient du Liban, en particulier de l’USJ. Afin de respecter les exigences d’accréditation, nous veillons à ce qu’un tiers des articles publiés soit affilié à notre université, tout en garantissant une diversité institutionnelle et géographique des contributions.

2. Quels ont été les défis principaux lors de l’obtention de l’indexation sur Scopus, et comment avez-vous surmonté ces obstacles ?

L’indexation sur Scopus repose sur une liste de critères et d’exigences strictes, totalisant environ une vingtaine de points à satisfaire. L’un des principaux défis que nous avons rencontrés concernait la mise en conformité de notre site, qui était initialement une plateforme locale, rendant le processus plus complexe.

Le passage à Digital Commons a joué un rôle déterminant dans notre succès. Cette plateforme nous a apporté des conseils pratiques, des recommandations concrètes et un audit interne de notre journal. De plus, elle nous a permis d’intégrer une communauté interne de préparation et de bénéficier d’exemples de bonnes pratiques. Grâce à cette approche méthodique et aux ajustements apportés en fonction des recommandations reçues, nous avons pu soumettre notre dossier avec un haut niveau de conformité. Nous avons eu la satisfaction d’être acceptés dès notre première soumission, ce qui est crucial, car en cas de refus, une nouvelle demande ne pourrait être déposée qu’après un délai pouvant aller jusqu’à trois ans, voire 5 ans dans certain cas.

3. En tant qu’éditeur en chef, quels sont les avantages les plus significatifs que vous avez observés pour les auteurs publiant dans une revue indexée sur Scopus ?

L’indexation sur Scopus apporte plusieurs avantages majeurs aux auteurs. Tout d’abord, elle attire un plus grand nombre de chercheurs internationaux, ce qui favorise la diversité et la richesse des contributions scientifiques. L’un des bénéfices les plus significatifs est l’élévation du niveau de la recherche publié. Avec un afflux plus important de soumissions, nous avons la possibilité de sélectionner les meilleurs articles, en appliquant des critères rigoureux de sélection. Cette concurrence dans la sélection des articles a eu un impact positif sur la qualité des recherches fournis par les étudiants en Master de la FMD, sachant que le Conseil de Faculté a également pris la décision de présenter des recherches de haut niveau tels les recherches des Doctorants pour publication à l’IAJD. Lorsqu’un article est refusé, nous fournissons aux auteurs des explications précises, ce qui leur permet d’améliorer la qualité de leurs travaux pour de futures soumissions.

Nous avons notamment observé ce phénomène aussi avec les chercheurs indiens: après un premier refus, les articles soumis à nouveau ont montré des travaux d’un niveau nettement supérieur.

En un peu plus de deux ans d’indexation, notre revue a considérablement progressé, ce qui témoigne de l’impact positif de Scopus sur l’exigence et la qualité des publications scientifiques.

4. Quelles recommandations donneriez-vous à d'autres journaux de l’USJ qui cherchent à s'indexer sur des bases de données telles que Scopus ?

Il est essentiel que chaque revue de l’USJ, vise l’indexation, et Scopus constitue une première étape incontournable. Cette reconnaissance internationale permet non seulement d’accroître la visibilité du journal, mais aussi d’élever significativement le niveau des articles publiés et de positionner la revue dans un réseau académique plus large.

Il est indispensable que les Facultés intègrent dans leur plan stratégique une politique de soutien à leur revue. Ce soutien doit être prioritairement financier, mais également logistique, pouvant inclure la mise en place d’une ou plusieurs commissions si nécessaire, ainsi que la mobilisation d’une équipe de chercheurs de haut niveau, tous appelés à collaborer étroitement afin de faciliter le processus d’indexation.

Pour réussir cette démarche, il est crucial de se conformer aux critères d’évaluation de Scopus, notamment en assurant une rigueur éditoriale, en adoptant de bonnes pratiques de gestion des soumissions et en s’appuyant sur des plateformes reconnues comme Digital Commons. Une préparation minutieuse et une amélioration continue des standards éditoriaux sont les clés d’une indexation réussie.

5. Quels sont les futurs projets ou améliorations que vous envisagez pour l'IAJD, maintenant que la revue est indexée sur Scopus ?

Notre principal objectif est d’obtenir une indexation encore plus large afin d’accroître la visibilité et l’impact de la revue. La prochaine étape vise l’indexation sur PubMed, laquelle offrirait une reconnaissance supplémentaire et une diffusion plus large au sein de la communauté scientifique médicale et dentaire. Le Conseil de Faculté a d’ailleurs défini comme priorité le soutien actif de la revue dans cette démarche d’indexation sur PubMed

Actuellement, nous attendons le transfert de l’IAJD, avec les autres revues de l’USJ, vers Digital Commons via le site interne de l’USJ. Une fois cette transition effectuée, nous pourrons examiner en détail les recommandations spécifiques de PubMed et adapter notre revue en conséquence avant de soumettre notre candidature.

À plus long terme, nous envisageons également une indexation sur Web of Science, ce qui permettrait d’asseoir encore davantage la notoriété de l’IAJD au sein des bases de données scientifiques de référence. Ces processus demandent du temps et un travail rigoureux, mais nous avançons progressivement vers ces objectifs ambitieux.

6. Quel rôle jouez-vous personnellement dans le processus de gestion éditoriale, et comment cela a-t-il été impacté par l'indexation sur Scopus ?

Le rôle de l’éditeur en chef est central dans la gestion du processus éditorial, depuis la soumission des articles jusqu’à leur acceptation et leur publication en ligne.

L'une des principales difficultés rencontrées est le manque de reviewers disponibles, ce qui peut ralentir le processus d’évaluation des articles. Face à cette contrainte, notre comité scientifique effectue une première évaluation de tous les articles soumis. Si un article ne répond pas aux exigences de qualité et de rigueur scientifique, il est refusé immédiatement. En revanche, si l’article est prometteur, il est envoyé aux reviewers pour une évaluation approfondie. Grâce à cette organisation, nous avons réussi à maintenir un délai de réponse moyen d’environ un mois entre la soumission et la décision éditoriale.

L’indexation sur Scopus a eu un impact significatif sur la gestion éditoriale, en augmentant le nombre de soumissions et en attirant des auteurs de divers horizons. Cela a renforcé l’exigence de qualité et nous pousse à continuellement optimiser nos processus d’évaluation et de sélection des articles.