Sous le haut patronage de S.E.M. Joe Issa el-Khoury, ministre de l’Industrie, et en sa présence, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a inauguré, le jeudi 12 juin 2025 à l’Auditorium François S. Bassil du Campus de l’innovation et du sport de la rue de Damas, la 16e édition des Journées de la recherche. Organisé par le Vice-rectorat à la recherche, l’événement s’inscrit cette année dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire de l’USJ, sous le thème : « La recherche à l’USJ au service du Liban, vers l’avenir et au-delà des frontières ».
Cette édition a été marquée par une large mobilisation de la communauté académique et scientifique, avec la participation de nombreux invités de prestige. Elle a été organisée en partenariat avec l’AUF, l’ambassade de France au Liban, l’Institut français, le CNRS-Liban et la société Bio Diagnostic.
Lors de la séance inaugurale, et après le mot d’accueil de la maîtresse de cérémonie, le Pr ass. Ghada Sayegh, ce fut au tour du Vice-recteur à la recherche, le Pr Richard Maroun, d’exprimer sa fierté d’accueillir cette nouvelle édition, qui témoigne selon lui de la vitalité scientifique de l’USJ et de sa volonté affirmée de mettre la recherche au service du pays. Il a salué la présence du Ministre, qui incarne un soutien fort aux synergies entre recherche, innovation et développement économique.
Dans son intervention, le Pr Maroun a rappelé que ces Journées s’inscrivent dans une trajectoire historique, celle d’une université fondée en 1875 pour servir la société libanaise et contribuer à l’essor des savoirs. Il a souligné que « cette mission reste plus que jamais d’actualité », au moment où l’USJ traverse une phase de structuration stratégique ambitieuse.
Il a mis en avant les avancées significatives enregistrées ces dernières années : une croissance de 80 % du nombre de publications, une hausse de 176 % des citations, un ratio moyen d’une publication par chercheur et par an, ainsi qu’un essor remarquable des sciences humaines et sociales. L’internationalisation de la recherche s’est aussi intensifiée avec plus de 2 000 collaborations actives à travers le monde.
Parmi les projets structurants évoqués figurent la refonte des structures de recherche, la professionnalisation des revues de l’USJ via la plateforme Digital Commons d’Elsevier, l’accès à l’outil stratégique Scopus AI, ainsi que la création d’un bureau de subvention et d’un bureau de transfert de technologie en partenariat avec Berytech.
Abordant la question de la visibilité institutionnelle, le Pr Maroun a reconnu que les classements internationaux ne reflètent pas toujours fidèlement l’impact réel de la production scientifique. Il a dénoncé certaines pratiques utilisées pour manipuler ces classements et a affirmé la position éthique de l’USJ : « Nous améliorerons notre position, certes, mais par nos propres moyens : par l’excellence de nos chercheurs, par la qualité de nos publications, par l’impact réel de nos recherches sur la société libanaise et au-delà. »
Le Vice-recteur a également mis en lumière le projet phare de l’USJ, « Vers une santé durable pour tous », mené dans le cadre de l’initiative internationale One Sustainable Health for All, mobilisant plusieurs disciplines autour des urgences écologiques, de la santé intégrée et de la prévention systémique des risques. Pour lui, ce projet incarne une vision de la recherche ancrée dans les réalités sociales, interdisciplinaire et collaborative.
Enfin, le Pr Maroun a annoncé la remise du prix du chercheur à l’honneur, institué pour reconnaître l’engagement des chercheurs de l’USJ et des cliniciens de l’Hôtel-Dieu de France (HDF) dans le développement de la recherche, affirmant que « c’est par la rigueur, la passion et la persévérance de ses chercheurs que l’USJ rayonne dans le monde académique ».
Prenant la parole à son tour, M. Jean-Noël Baléo a salué l’organisation de ces Journées de la recherche qu’il a qualifiées d’« initiative essentielle ». Il a souligné que l’AUF entretient avec l’USJ une relation suivie et dynamique, considérant cette dernière comme « la grande université de référence au Liban, mais aussi dans la région ». Il a félicité l’Université pour avoir su redonner à la recherche la place centrale qu’elle mérite dans le débat national, après avoir été trop longtemps éclipsée par les crises successives.
M. Baléo a rappelé l’engagement conjoint de l’AUF et du CNRS-Liban dans le soutien à la recherche, notamment à travers le dispositif R3-Liban – pour Recherche, Réponse, Résilience – qui favorise un impact scientifique et sociétal mesurable. Il a mentionné les efforts déployés en faveur des jeunes chercheurs libanais, à travers des formations méthodologiques de qualité et une mobilité doctorale renforcée.
Évoquant le thème des Journées, il a insisté sur la nécessité pour le Liban de préserver et de renouveler son capital scientifique : « Ce dont le pays a besoin, c’est de maintenir son expertise, ses structures de recherche, mais aussi de susciter des vocations chez les jeunes et de leur offrir la possibilité de se former et de produire ici, dans leur propre pays. »
Pour lui, reconnecter la science à la société est une priorité stratégique. Il a ainsi affirmé que les chercheurs ont un rôle à jouer dans la reconstruction du Liban : « L’ensemble des chercheurs libanais ont le devoir de contribuer au climat réformateur, au climat d’espoir qui prévaut désormais dans le pays. »
Le Dr Chadi Abdallah, Secrétaire général du CNRS-Liban, a lui aussi rendu hommage au rôle central de l’USJ dans le façonnement scientifique et intellectuel du pays. Il a rappelé que l’USJ a su former des générations d’intellectuels « équipés non seulement pour répondre aux défis contemporains, mais aussi pour anticiper les solutions de demain ». Selon lui, le thème de cette édition illustre parfaitement une communauté scientifique engagée sur les sujets les plus pressants, connectée à l’excellence mondiale, mais profondément enracinée dans la société libanaise.
Le Dr Abdallah a également insisté sur l’importance de l’éducation partagée entre enseignants, étudiants et partenaires institutionnels pour mener à bien cette mission. Il a affirmé que le CNRS-Liban est « un partenaire stratégique dans l’avancement de la recherche et de l’innovation scientifique », engagé à soutenir la communauté académique à travers des programmes de financement, des initiatives collaboratives et un appui renforcé aux jeunes chercheurs.
Évoquant la récente vision stratégique du CNRS-L, il a mis l’accent sur une nouvelle phase de transformation numérique, d’innovation et d’intégration des technologies émergentes dans les écosystèmes de recherche. Pour lui, la science doit aujourd’hui occuper une place centrale dans les politiques publiques : « Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Seulement grâce à la science, nous pouvons développer des solutions efficaces et durables. »
Concluant son intervention, il a qualifié ces Journées non seulement de rendez-vous académique, mais de « plateforme dynamique pour l’échange, le dialogue et la collaboration ». Il a exprimé sa conviction que cette 16e édition marquera un jalon important dans le développement de la recherche au Liban, ajoutant que « la recherche à l’USJ transcende les frontières académiques. C’est une promesse de progrès, une volonté pour le Liban et un pont vers le monde ».
Prenant à son tour la parole, le Recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., a exprimé sa grande joie d’ouvrir cette 16e édition des Journées de la recherche, qu’il a qualifiée de moment essentiel dans la vie universitaire. Il a tout d’abord adressé ses remerciements au ministre de l’Industrie pour avoir accepté de placer cette rencontre sous son haut patronage, saluant en sa présence un signe fort de l’intérêt de l’État pour « le savoir, l’innovation et la place centrale que doivent occuper les universités, dont l’USJ, dans le développement de notre pays ».
Il a également exprimé sa gratitude à l’AUF et à l’Institut français, partenaires fidèles de l’USJ, ainsi qu’au Vice-recteur à la recherche, le Pr Richard Maroun, qu’il a félicité pour son « engagement constant, sa vision stratégique et le dynamisme avec lequel il stimule la recherche dans toutes les facultés et instituts de notre université ». Le Recteur a tenu à rappeler que, grâce à ses efforts, l’USJ a regagné plus de 100 places dans le classement QS, une performance notable en une seule année, malgré les difficultés accumulées par les années de crise.
Le Pr Daccache a salué les conférenciers invités, dont les travaux « contribuent à nourrir la réflexion, à ouvrir des voies nouvelles et à tisser des ponts entre disciplines, institutions et horizons géographiques », et a rendu hommage aux enseignants-chercheurs de l’USJ, « ces artisans discrets mais essentiels de la transformation de notre société », qui portent la mission de l’Université bien au-delà de ses murs.
Évoquant les mutations actuelles de la recherche, il a souligné que celle-ci ne peut plus se concevoir sans un dialogue étroit avec les technologies émergentes, et en particulier l’intelligence artificielle. Pour lui, celle-ci ne constitue pas un simple outil, mais un acteur transversal « capable d’accélérer les découvertes, de modéliser le réel, d’explorer les données comme jamais auparavant ». Toutefois, il a mis en garde contre les risques éthiques liés à cette puissance technologique, affirmant que « l’intelligence ne peut être dissociée de la conscience, et le progrès technologique, s’il n’est pas ancré dans des valeurs, risque de devenir aveugle ».
C’est dans cet esprit que l’USJ promeut une recherche conjuguant excellence académique et responsabilité humaine, résolument tournée vers les besoins concrets du Liban : développement industriel, santé publique, économie durable, éducation inclusive, préservation du patrimoine, ou encore transition énergétique. Le Recteur a affirmé sa conviction que, dans un contexte aussi difficile, « le Liban peut et doit compter sur ses universités, sur l’USJ, comme réservoir de solutions, de créativité, de résilience et d’espérance ».
Il a conclu en soulignant que « la recherche universitaire n’est pas un luxe, elle est une nécessité nationale et internationale », et a encouragé l’ensemble des acteurs à « poursuivre ensemble ce chemin de la recherche scientifique vers l’avenir, dans tous les domaines, certes, mais aussi au-delà des frontières, car la science est par essence un langage universel ».
Dans son allocution, le ministre de l’Industrie, M. Issa el-Khoury, a souligné l’importance vitale de la recherche dans un Liban traversant de profonds bouleversements géopolitiques, sociétaux et technologiques. « La recherche ne peut plus être pensée comme un exercice académique abstrait, » a-t-il affirmé. Elle doit devenir une « responsabilité nationale », un levier de reconstruction économique, de modernisation institutionnelle et de rétention des talents.
S’appuyant sur sa fonction ministérielle, il a rappelé que « les industries du XXIe siècle ne reposent plus sur des ressources naturelles, mais sur l’intelligence humaine ». Pour lui, l’innovation et la technologie sont désormais les nouvelles matières premières. D’où la nécessité, a-t-il insisté, de bâtir des ponts solides entre les centres de recherche – tels ceux de l’USJ – et le tissu économique, en encourageant la recherche appliquée, le soutien aux incubateurs et le développement de partenariats public-privé dans des secteurs clés comme l’agroalimentaire, la biotechnologie, l’énergie renouvelable ou encore l’intelligence artificielle.
Le Ministre a aussi mis en avant le rôle stratégique de la diaspora libanaise, composée de scientifiques, chercheurs et ingénieurs de renommée internationale, qu’il appelle à reconnecter aux universités locales. « Il est temps d’inverser la fuite des cerveaux et de bâtir une dynamique circulaire du savoir, » a-t-il déclaré, proposant que le Liban devienne une plateforme multilingue, interdisciplinaire et connectée à l’échelle mondiale.
Pour appuyer son propos, il a présenté un comparatif international des investissements en recherche et développement (R&D), citant Israël, les États-Unis, le Japon ou encore Taïwan, qui consacrent entre 3 et 6 % de leur PIB à la recherche. Il a dégagé de ces exemples quatre piliers fondamentaux d’un écosystème innovant : recherche de défense à retombée civile, engagement public stratégique, capital privé mobilisé et excellence académique ouverte sur le monde.
Constatant que les moyens publics au Liban restent limités, le Ministre a plaidé pour des alternatives innovantes, notamment un crédit d’impôt recherche pour inciter les entreprises à investir dans la R&D. Il a appelé à mobiliser le capital privé et la diaspora, tout en soulignant le rôle central des universités, notamment celui de l’USJ, dans la consolidation de cet écosystème.
En guise de feuille de route, il a proposé la mise en place d’un « Pacte national pour le savoir », articulé autour de six leviers : la création d’une autorité publique de l’innovation, un crédit d’impôt recherche, la mise en réseau avec la diaspora, le développement de pôles sectoriels de R&D, le renforcement des partenariats université/secteur privé, et enfin, l’internationalisation de la recherche libanaise.
Son Excellence a conclu sur une note forte, déclarant : « Nous devons faire de la recherche non pas un luxe pour un temps prospère, mais un acte de résistance en temps de crise ». Il a appelé à un engagement collectif pour faire du Liban un « carrefour d’excellence globale », saluant au passage le rôle pionnier de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth dans cette ambition.
Lors de cette 16e édition, le prix du chercheur à l’honneur a une nouvelle fois permis de célébrer l’excellence scientifique au sein de l’USJ. Dans la catégorie « Talent émergent », le prix a été décerné au Pr André el-Khoury, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences. Trois lauréats ont été distingués dans la catégorie « Carrière remarquable » : le Pr David Atallah, de la Faculté de médecine – Hôtel-Dieu de France ; le Pr Mireille Kallassy Awad, de la Faculté des sciences et le Pr Nassim Farès, également de la Faculté de médecine. Enfin, deux distinctions du Recteur ont été remises cette année U Pr Marianne Abi Fadel, Doyen de la Faculté de pharmacie et au Pr Jad Hatem, de la Faculté des lettres et des sciences humaines Ramez G. Chagoury.
Le programme de cette édition a reflété l’ambition scientifique de l’USJ. Une conférence plénière du Pr Denis Noble, pionnier de la physiologie computationnelle, a ouvert les Journées, suivie d’une table ronde sur les mutations de l’humanité à l’ère de la médecine de précision et de l’intelligence artificielle, modérée par le Vice-recteur Maroun et réunissant des figures de renom telles que Boris Cyrulnik, Stéphane Hatem et Khalil Daoud, aux côtés du Recteur de l’USJ.
La deuxième journée s’est articulée autour de thématiques porteuses et actuelles. Des interventions consacrées à l’intelligence artificielle, ont permis d’explorer les avancées technologiques et les défis éthiques liés à son intégration dans la recherche. Elle a été suivie par cinq sessions mettant en valeur la diversité et la richesse des travaux menés au sein de l’Université : la première sur la recherche en sciences humaines, la seconde sur la recherche en sciences médicales, la troisième sur la recherche en sciences sociales, la quatrième sur la recherche en sciences et technologies et la cinquième sur la recherche menée à l’Hôtel-Dieu de France. Ces moments d’échange ont témoigné de l'engagement continu de l’USJ en faveur d’une recherche interdisciplinaire, innovante et ancrée dans les enjeux contemporains.
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