La Faculté de médecine (FM) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a célébré l’inauguration officielle d’un nouveau pôle d’excellence dédié à la formation médicale, regroupant trois centres de pointe : le MEDSIM, Centre de simulation Ralph Audi ; le ROBOLAP, Centre de robotique et de laparoscopie ; et le MICRODEX, Centre de formation en microchirurgie. L’événement s’est tenu le 13 juin 2025, au sein du bâtiment Aïda et Raymond Najjar, en présence de nombreuses personnalités du monde académique et médical.
La cérémonie a débuté par un mot d’accueil prononcé par la maîtresse de cérémonie, Mlle Carine Bou Abdo, avant de laisser place à l’intervention du Dr Samia Jebara, directrice du MEDSIM, qui a exprimé, avec une grande émotion, la fierté de voir naître un projet aussi ambitieux, qualifié de « véritable avancée pour l’enseignement médical au Liban et dans toute la région ».
Dans son allocution, le Dr Jebara a souligné que ce nouveau hub est l’aboutissement d’une vision audacieuse et d’un engagement profond envers l’excellence académique et humaine. « Ce n’est pas seulement un bâtiment que nous inaugurons aujourd’hui, mais une promesse que nous faisons à nos étudiants, à nos patients, à notre pays et à notre région », a-t-elle affirmé. Elle a présenté le MEDSIM comme un espace pédagogique de 2 400 m², pensé pour permettre aux étudiants, internes, infirmiers et professionnels de santé de s’exercer dans des conditions simulées proches du réel, en toute sécurité. Selon elle, il s’agit « d’un outil révolutionnaire » où l’on « apprend à faire des erreurs, à les comprendre, à les éviter et à s’améliorer », dans un esprit de travail d’équipe et de responsabilité.
Rendant hommage à la générosité de M. Ralph Audi, principal donateur du projet, elle a souligné que « sans sa confiance et sa foi en cette mission, ce projet n’aurait jamais vu le jour ». Bien qu’absent ce jour-là, M. Audi a été salué comme étant « au cœur de tout ce que nous célébrons aujourd’hui ».
Le Dr Jebara a également rappelé que les équipements, aussi sophistiqués soient-ils, ne suffisent pas à faire vivre un centre de simulation. Ce sont les personnes qui y œuvrent — éducateurs, techniciens, coordinateurs — qui en font un lieu d’apprentissage vivant et inspirant. Grâce à leur engagement, l’approche par simulation a été intégrée en moins d’un an au programme des études médicales.
Elle a ensuite présenté les deux autres laboratoires, ROBOLAP et MICRODEX, qui viennent enrichir ce pôle de formation. Le ROBOLAP, dédié à la chirurgie mini-invasive, est le seul centre au Liban doté d’un robot chirurgical et de cinq tours laparoscopiques de dernière génération, gracieusement offerts par la société Karl Storz. Quant au MICRODEX, inauguré en 2000, il demeure l’unique centre au Liban et dans la région à offrir une formation en microchirurgie, en partenariat avec l’Université Harvard. Plus de 500 chirurgiens y ont déjà été formés.
En conclusion, le Dr Jebara a appelé la communauté universitaire à s’approprier cet espace : « Faisons vivre ce lieu, faisons-le vibrer, rêvons-le encore plus grand. » Elle a rappelé que ce centre constitue une promesse collective de former des professionnels compétents, éthiques et engagés, et de maintenir, coûte que coûte, la place de l’USJ comme pilier académique au Liban et dans le monde arabe.
Prenant la parole à son tour, le Pr Elie Nemer, Doyen de la Faculté de médecine de l’USJ, a livré un témoignage personnel et inspirant, revenant sur les circonstances dans lesquelles le projet a vu le jour. Prévu initialement pour présenter les retombées pédagogiques du centre, son discours a été profondément marqué par l’actualité régionale. Il a déclaré avoir changé d’orientation le matin même, après l’annonce d’un nouveau conflit armé dans la région : « Nous sommes au milieu d’une guerre, et pourtant, nous inaugurons. »
Le Doyen a ainsi partagé les origines du projet, soulignant que l’idée d’un centre de simulation a émergé dans un contexte de grande incertitude, à l’automne 2023, alors que la guerre faisait rage à Gaza et que le Liban était sous la menace. Malgré les risques, il a maintenu un rendez-vous prévu avec un potentiel mécène. Ce dernier, convaincu de l’importance de l’initiative, a répondu sans hésiter : « Commencez demain. » Une réponse qui a marqué un tournant. « J’avais les moyens, mais il me fallait un leader », a-t-il confié. Il a alors sollicité le Dr Samia Jebara, un samedi, et l’a convaincue de diriger ce projet d’envergure.
Le Pr Nemer a insisté sur l’importance du travail en équipe : « Samia ne peut pas travailler seule. Elle a réuni une équipe interprofessionnelle, des physiciens, des enseignants, des coordinateurs, et très vite, nous avons compris que le succès reposerait sur la collaboration entre les différentes Facultés et Écoles de l’Université. »
Le Doyen a également évoqué la genèse du ROBOLAP, anciennement Centre de laparoscopie et de microchirurgie, transformé grâce au rêve dU Pr Aline Khazzaka en un centre de chirurgie robotique. L’entreprise Karl Storz a accepté d’offrir l’équipement à condition que le centre soit rénové. « Ce n’était pas une mince affaire », a-t-il admis, expliquant avoir dû convaincre le Recteur d’engager des fonds malgré un contexte économique tendu. « Si c’est important pour la Faculté de médecine et pour le Liban, vas-y », lui aurait alors répondu le Recteur.
Le Pr Nemer a également souligné le rôle essentiel de la diaspora libanaise dans la réussite du projet. Il a rappelé que plusieurs dirigeants d’origine libanaise siégeaient chez Karl Storz, facilitant le partenariat malgré les difficultés liées à la guerre. Il a invité à maintenir un lien constant avec cette diaspora : « On ne peut pas se tourner vers eux uniquement pour leur demander de l’argent. Ils sont notre famille. »
En conclusion, il a livré une leçon d’humilité, en évoquant un message de remerciement qu’il avait envoyé au mécène Ralph Audi à l’occasion du Nouvel An. Celui-ci lui avait répondu : « C’est à moi de te remercier de m’avoir donné cette opportunité. Je te suis redevable. » Une réponse qui, selon lui, incarne toute la noblesse du geste philanthropique. « C’est une leçon pour la vie », a-t-il dit à sa fille, ému, ce jour-là.
Prenant la parole, le Recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., a replacé cette inauguration dans une perspective institutionnelle et historique. Il a salué le lancement des trois centres, ainsi que l’ouverture du nouveau bâtiment Aïda et Raymond Najjar, comme un jalon important dans l’histoire d’une université constamment confrontée aux défis.
Rappelant que l’USJ a été fondée il y a 150 ans dans un contexte déjà exigeant, le Recteur a souligné que l’esprit qui anime l’Université depuis ses débuts reste inchangé : « Aller toujours au-delà de ce qui est normal et possible. » Il a évoqué le « magis ignatien », cette quête du « toujours plus » au service de la société, et insisté sur l’importance de l’innovation pédagogique pour répondre aux besoins de la communauté libanaise et de l’humanité.
Selon lui, l’inauguration de ces centres hautement spécialisés n’est pas simplement un accomplissement technique ou financier, mais bien une mission accomplie dans un esprit de service : « Nous n’avons pas simplement construit ou attiré des donateurs comme Ralph Audi ou Raymond Najjar… Nous avons travaillé pour réaliser ce qui doit être fait pour ce Liban, et au-delà. »
Le Recteur a également salué la vocation humaniste de la Faculté de médecine, fondée en 1883, rappelant qu’elle a toujours été « à la pointe du combat pour l’humanité, pour l’humain, pour l’excellence ». Il a exprimé sa reconnaissance envers tous ceux qui, malgré les temps difficiles, ont rendu possible ce projet. Enfin, il a réaffirmé l’engagement de l’USJ à demeurer proche des plus vulnérables, notamment à travers les services médicaux rendus par ses étudiants et médecins à l’Hôtel-Dieu de France et ailleurs : « La Faculté continue à porter ce flambeau de l’excellence, du don de soi et de la proximité avec les plus désavantagés. »
Présent également à cette cérémonie, le Dr Elias Chélala, président de l’Ordre des médecins, a livré un témoignage empreint d’émotion et de fierté. Ancien diplômé de la Faculté de médecine de l’USJ, il a déclaré se sentir « fier » en revenant dans une institution qui a formé, selon ses mots, « des générations dans tous les secteurs », contribuant à faire du Liban « l’hôpital du monde arabe ».
Malgré les nombreuses crises que le pays a traversées, il a salué la persévérance de la Faculté à accomplir sa mission éducative et médicale, soulignant que « grâce à ses dirigeants et à leur regard vers l’avenir », elle a pu se doter d’outils technologiques à la pointe de l’innovation. Le nouveau hub de simulation médicale, inauguré ce jour, en est pour lui la preuve vivante.
Le Dr Chélala a souligné que ce Centre, « l’un des plus importants dans la région », incarne une volonté de vivre, de s’améliorer sans cesse, et de préserver l’espace médical et scientifique du pays. Il a insisté sur l’importance de cette infrastructure dans la formation des nouvelles générations, soulignant que « nos élèves ont aujourd’hui une grande chance d’entrer dans leur vie professionnelle avec des outils qui répondent aux standards mondiaux ». À travers ce projet, a-t-il conclu, l’USJ continue de jouer un rôle crucial dans la reconstruction d’un système de santé digne d’un Liban tourné vers l’avenir.
Clôturant la cérémonie, le ministre de la Santé publique, le Dr Rakan Nassereddine, a salué cette réalisation exemplaire, qu’il a qualifiée de modèle à suivre. Il a insisté sur le fait que « les systèmes de santé solides commencent par une formation solide » et que la qualité des soins, notamment ceux de longue durée, repose sur la sécurité des patients et la compétence du personnel soignant. Il a exprimé le souhait que cette inauguration marque « une rampe de lancement vers un soutien élargi », fondé sur la collaboration entre les institutions publiques et académiques, en vue de bâtir un système de santé « plus sain, plus proche des citoyens et mieux préparé aux défis de demain ». Rappelant que « le meilleur investissement est celui dans l’humain », le Ministre a souligné l'importance de continuer à miser sur la formation et l'excellence pour relever les défis du secteur de la santé libanais.
Il convient de noter que les invités furent conviés, lors de la cérémonie, à une visite immersive du hub de simulation, conduite par le Pr Nemer en personne, leur permettant de découvrir, à travers un tour virtuel, l’ensemble des espaces et des fonctionnalités de cette plateforme innovante.
La cérémonie s’est clôturée dans une atmosphère conviviale autour d’un cocktail, favorisant les échanges entre les participants et les partenaires du projet.
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