Conférence internationale

Jeudi 19 et vendredi 20 juin 2025

La Faculté d’ingénierie et d’architecture (FIA) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a organisé, les 19 et 20 juin 2025, sur le Campus des sciences et technologies, la conférence internationale « Engineering the Future with AI (EFAI25) – AI-Driven Design, Technology and Innovation ». Cet événement de grande envergure était placé sous le haut patronage de Son Excellence le Premier ministre Nawaf Salam, représenté à cette occasion par le ministre de l’Information, M. Paul Morkos.

La cérémonie d’inauguration s’est tenue en présence de députés, de ministres, d’anciens ministres, d’officiels, de vice-recteurs, de doyens, de directeurs, de professeurs, d’étudiants, d’anciens de l’USJ ainsi que d’un grand public intéressé par le domaine. Elle a été marquée par une touche d’innovation : un mot d’accueil a été délivré par un hologramme généré par l’intelligence artificielle, reflet de la thématique et des ambitions de la conférence.

Dans son allocution d’ouverture, le doyen de la FIA, le Pr Wassim Raphaël, a souligné l’importance de cet événement, coïncidant avec le 150e anniversaire de l’USJ, et l’a qualifié de « moment très spécial » pour l’Université et pour le Liban. Il a salué le soutien du gouvernement libanais, affirmant que « le patronage de Son Excellence Salam envoie un message fort sur l’importance de l’investissement dans la connaissance, l’innovation et l’avenir du pays ».

Malgré les tensions géopolitiques récentes, le maintien de la conférence est un acte de résilience, a affirmé le Pr Raphaël, qui a réitéré la conviction de l’USJ selon laquelle l’éducation est un levier essentiel pour surmonter les crises et bâtir l’avenir. « L’IA n’est pas seulement un outil, mais une force transformante qui redéfinit notre manière d’apprendre, de concevoir et d’interagir avec le monde », a-t-il déclaré.

Le Doyen a également mis en lumière l’engagement pionnier de la FIA dans ce domaine. Il a rappelé que la Faculté a été la première au Liban à lancer un diplôme universitaire en intelligence artificielle, dont la première cohorte de diplômés a été célébrée lors de la cérémonie d’inauguration de la conférence. Il a aussi présenté une stratégie d’intégration de l’IA dans les programmes de formation et de recherche : plan IA dans les cursus d’ingénierie, master spécialisé, thèses de doctorat encadrées, etc. « Nous avons préparé la prochaine génération d’ingénieurs, chercheurs et leaders qui façonneront l’avenir numérique de notre société », a-t-il affirmé avec fierté.

Enfin, le Pr Raphaël a insisté sur l’esprit collaboratif de la conférence, conçue comme un espace de partage de connaissances, mais aussi de connexions entre le monde académique, l’industrie, les institutions publiques et la société civile. Il a notamment annoncé une compétition de projets étudiants en IA, avec exposition des travaux sur deux jours et remise de prix par un jury externe. « Aux diplômés du DU en IA : félicitations ! Vous avez fait preuve de dévouement, curiosité et résilience. Nous sommes fiers de votre succès et nous espérons que vous porterez cette connaissance au monde entier pour avoir un impact réel sur votre domaine et vos communautés », a-t-il conclu.

Parmi les interventions marquantes de cette ouverture, celle de M. Charles Malek, directeur du Département de génie des structures et des ponts à Dar Al-Handasah, a apporté un éclairage précieux issu du monde professionnel. Ancien diplômé de l’USJ, il s’est dit « fier de revenir à mon Alma Mater » pour prendre part à un événement aussi visionnaire.

Dans son discours, M. Malek a souligné l’impact déjà tangible de l’intelligence artificielle dans l’industrie de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction. Il a décrit l’IA non comme un simple concept futuriste, mais comme un moteur de transformation positif, qui révolutionne dès à présent les processus de travail dans des directions « plus intelligentes, plus rapides et plus durables ». À ses yeux, l’IA permet d’améliorer l’efficacité des projets, d’optimiser les délais de livraison, et de rehausser les standards de qualité et de sécurité, en redéfinissant les limites de ce qui est réalisable.

Il a également insisté sur l’importance de distinguer le battage médiatique de la réalité, et de recentrer les débats sur les usages concrets de l’IA au service des industries et des communautés. « Cette conférence offre une occasion unique de clarifier, d’échanger et d’imaginer ensemble comment construire, de manière responsable, un avenir plus résilient », a-t-il affirmé.

S’interrogeant sur les défis contemporains, M. Malek a invité l’audience à réfléchir à une question centrale : comment faire mieux avec moins ? Moins de matériaux, moins de temps, mais davantage d’efficacité, de créativité et de durabilité. Il a également rappelé une conviction forte : « Quelle que soit la forme que prendra l’IA dans le futur, les êtres humains doivent rester au cœur du processus, en tant que concepteurs, décideurs et gardiens du développement. »

Enfin, il a tenu à souligner la portée symbolique du choix du Liban pour accueillir une telle conférence, malgré les difficultés traversées par le pays : « C’est la preuve du potentiel inépuisable de l’USJ et de cette nation, capable d’inspirer le changement et l’innovation. Je suis convaincu que l’IA n’échappera pas à cette dynamique. »

Prenant également la parole, le Recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., a replacé le thème de l’intelligence artificielle dans une perspective plus large, humaniste et éthique. Il a rappelé que la compréhension de l’IA, bien que récente, s’étend aujourd’hui à une multitude de domaines, du travail à la santé, en passant par l’architecture, le droit, l’éducation, la science et bien entendu l’ingénierie.

À ses yeux, le futur de l’ingénieur n’est pas uniquement technologique, mais aussi profondément humain. Le Pr Daccache a insisté sur l’importance de former des ingénieurs capables de dépasser les seuls savoirs techniques : « L’ingénieur de demain ne sera pas uniquement spécialisé en algorithmes, programmes et calculs. Il sera aussi un envoyé de sens, un constructeur responsable. »

Face aux défis de l’automatisation, de la standardisation et des situations imprévues, les futurs ingénieurs seront appelés à prendre des décisions éthiques, à concevoir des environnements durables, à œuvrer pour la justice sociale et surtout pour le respect de la dignité humaine. « Concevoir ne signifie pas seulement produire. Concevoir, c’est aussi protéger, questionner, anticiper et s’engager pour un avenir au service du bien commun », a-t-il affirmé.

Dans cette optique, l’USJ entend former des ingénieurs qui maîtrisent les outils de l’intelligence artificielle tout en les sensibilisant aux débats éthiques, juridiques et philosophiques qu’elle soulève. Des professionnels responsables, capables de mettre leurs compétences au service de la société et du développement durable du pays.

Le Recteur a enfin souligné que cette conférence s’inscrit dans l’esprit du 150e anniversaire de l’USJ, qui est à la fois un hommage à l’histoire de l’institution et « une énergie vivante tournée vers l’avenir du Liban et de la région ». Un avenir que l’Université souhaite éclairer par la connaissance, l’innovation et l’engagement.

Représentant Son Excellence le Premier ministre Nawaf Salam, le ministre de l’Information, M. Paul Morkos, a salué l’initiative de la FIA et de l’USJ, qu’il a qualifiée de « message d’espoir face aux défis de l’heure », soulignant que l’organisation de cette conférence à Beyrouth témoigne de la résilience et de l’intelligence collective qui anime encore la jeunesse universitaire et scientifique du pays.

Dans son intervention, M. Morkos a insisté sur le fait que l’IA ne se résume pas à une avancée technologique, mais qu’elle est aussi le reflet d’une évolution globale des disciplines, touchant aussi bien la médecine que l’enseignement, l’économie, l’ingénierie, ou encore l’information. Selon lui, l’IA est indissociable de la question fondamentale de la direction que l’humanité souhaite lui donner : « L’IA ne doit pas éclipser l’humain, mais au contraire renforcer les valeurs. Elle doit être un instrument de liberté, et non un moyen de contrôle. »

À ce titre, il a évoqué les efforts entrepris par le ministère de l’Information pour accompagner cette transformation à travers un cadre législatif et éthique visant à garantir que les technologies émergentes « soient mises au service du réel et non de sa manipulation. » En conclusion, M. Morkos a souligné l’importance d’une telle conférence dans un pays en crise : « Ce que nous vivons ici à l’USJ, c’est la preuve que l’intelligence humaine continue à progresser malgré les obstacles. Les jeunes universitaires sont là, prêts à relever les défis de demain. »

La conférence a débuté avec une première séance plénière intitulée « AI-Driven Living Systems: Reimagining Industry and Reinventing Learning » qui a posé les bases d’une réflexion approfondie sur la transformation des systèmes vivants et des processus d’apprentissage par l’intelligence artificielle.

Deux panels ont ensuite animé cette première journée : le premier, « AI, Digital Transformation, and the Future of Public Services », marqué par la participation de SE le ministre Schéhadé. Ce panel a exploré les implications de l’IA dans les services publics tandis que le second, « AI Across Industries », a mis en lumière les applications transversales de l’IA dans divers secteurs. Une session spéciale intitulée « AI and Computer-Aided Design » a permis d’approfondir les synergies entre l’intelligence artificielle, la conception assistée par ordinateur et la simulation. La journée s’est poursuivie avec deux interventions majeures : « The Four Pillars of AI-Driven Innovation » et « Optimizing Data for Decision-Making ».

La deuxième journée a débuté par une intervention sur le déploiement à grande échelle de l’IA. Elle a été suivie d’une session de conférences de chercheurs invités, abordant des sujets tels que la gouvernance éthique de l’IA, la conception de circuits intégrés, la diffusion multimodale et les espaces de données interopérables. Une session spéciale sur les compétences en ingénierie à l’ère de l’IA a mis en lumière les défis de la formation dans ce domaine. Des « innovation pitches » ont également permis de découvrir des initiatives émergentes.

Deux panels thématiques ont structuré la réflexion de cette seconde journée : « AI Security and Sovereignty » centré sur les enjeux de souveraineté numérique et de cybersécurité et « AI in Construction and Urban Planning », panel modéré par le député Ibrahim Mneimneh, et qui a mis en relief le rôle de l’IA dans le développement urbain durable. Parallèlement, des ateliers pratiques ont offert aux participants l’opportunité de se former aux techniques d’analyse de données avec « LLMs », à l’usage de l’IA via « Google Sheets », et à la prédiction d’activités d’appel via l’apprentissage automatique. Une intervention marquante intitulée « Upskilling for an AI World » a souligné l’engagement de l’Université Saint-Joseph dans une approche humaine et inclusive de l’IA. La deuxième journée s’est conclue sur le thème « AI and the Future of Higher Education », présentation effectuée par le Professeur Joseph Aoun, Président de Northeastern University, interviewé par M. Albert Kostanian.

Tout au long des deux journées, une exposition a permis de découvrir les dernières innovations en matière d’IA, renforçant les échanges entre les chercheurs, les professionnels et les étudiants.

La cérémonie de clôture, marquée par la remise des prix aux étudiants, s’est conclue dans une ambiance conviviale et festive lors d’un dîner de gala réunissant intervenants, chercheurs, étudiants et professionnels. Lors du dîner de gala, une remise de prix symbolique a été organisée en l'honneur des intervenants, des sponsors et des membres du comité d'organisation, en reconnaissance de leur engagement, de leur contribution remarquable au succès du colloque, et de leur dévouement tout au long de sa préparation.


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