Trois minutes pour convaincre : des doctorants de l’USJ relèvent le défi de la vulgarisation scientifique

Trois minutes pour convaincre : des doctorants de l’USJ relèvent le défi de la vulgarisation scientifique

Jeudi 26 juin 2025

Neuf jeunes chercheurs libanais ont relevé le défi de rendre leur thèse accessible au grand public en trois minutes chrono, au cours de la finale nationale du concours « Ma Thèse en 180 secondes ».

OLJ / Par Lamia SFEIR DAROUNI, le 26 juin 2025 ​

Myriam Teklé, lauréate nationale du concours MT180

De gauche à droite : Myriam Teklé (1er prix), Hiba Zein (2e prix) et Jean el-Khawand (3e prix). Photo AUF

Trois minutes, pas une de plus, et une seule diapositive statique pour tout support : tel était le défi lancé aux neuf finalistes – huit doctorantes et un doctorant – issus de l’USJ, de l’UL et de l’USEK, lors de la finale nationale du concours « Ma Thèse en 180 secondes » qui s’est tenue le mercredi 19 juin au siège du CNRS à Bir Hassan.

Organisé par l’Agence universitaire de la francophonie au Moyen-Orient (AUF), le Conseil national de la recherche scientifique au Liban (CNRS-L) et l’Observatoire national des femmes dans la recherche – partenaires de cette compétition depuis huit ans –, ce concours international de vulgarisation scientifique permet de rendre les sciences accessibles au grand public tout en aidant les doctorants à valoriser leurs travaux en développant leurs compétences communicationnelles pour expliquer un sujet complexe de manière simple et efficace.

Sélectionnés parmi une vingtaine de candidats issus de disciplines scientifiques et littéraires variées, les finalistes ont présenté leurs travaux de recherche devant un jury composé de Jean-Noël Baléo, directeur régional de l’AUF Moyen-Orient, nos collègues Suzanne Baaklini et Roula Azar Douglas, coordinatrice de l’Observatoire national des femmes dans la recherche, ainsi que Hiba el-Hajj, enseignante-chercheuse à l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

Abordant des thèmes dans des disciplines aussi variées que les ressources humaines, la musicologie, la traduction, l’agronomie, la nutrition ou encore la sociologie, les doctorants se sont succédé à tour de rôle, exposant de manière concise, claire et en français – une langue qui n’était souvent pas leur langue maternelle – le sujet de leur thèse. Au terme de cette compétition farouchement disputée, c’est Myriam Teklé, de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, qui a séduit le jury par « son talent d’oratrice, la clarté et la vulgarisation scientifique de son sujet, ainsi que son sourire qui ne l’a pas quittée tout au long de sa prestation », comme l’a souligné Hiba el-Hajj. Elle ira défendre les couleurs du Liban à la finale internationale prévue début octobre à Bucarest. Hiba Zein, de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, s’est octroyé la deuxième place. Et Jean el-Khawand, de l’USJ – le seul candidat masculin –, s’est quant à lui hissé à la troisième place.

L’aptitude à communiquer est devenue indispensable

« Cette compétition, tout en valorisant la langue française, a pour mission principale de mettre en lumière la relève scientifique dans toutes les disciplines en encourageant les jeunes à vulgariser leurs travaux de recherche », a relevé Jean-Noël Baléo. « Mais aujourd’hui, le savoir-faire, le cumul des compétences scientifiques, la créativité ne suffisent plus. L’aptitude à communiquer est devenue indispensable », a-t-il ajouté.

« Et c’est là tout l’enjeu de ce type de compétition », affirme Roula Azar Douglas, en rappelant que « l’objectif fondamental de la recherche scientifique, c’est de faire progresser la société » et que « cet impact est impossible si la science reste confinée à un cercle fermé d’experts ».

Cette conviction s’est incarnée avec force au cours de cette finale, où les candidats ont su dépasser le cadre académique pour mettre leurs recherches à la portée de tous. De la première candidate, Christelle Boulos (USEK), à Cynthia el-Hajj (USEK), en passant par Jean el-Khawand (USJ), Marianne Fahed (USEK), Abla Ghattas (USJ), Claire Khoury (USEK), Myriam Teklé (USEK), Hiba Zein (USJ) et Imane Taha (UL), les idées se sont enchaînées devant un jury conquis par la richesse et la diversité des études présentées. Les jeunes chercheurs ont relevé avec brio le défi de sortir de leur « bulle » académique pour présenter leurs travaux au grand public. Pour réussir cet exercice exigeant, les candidats ont bénéficié de formations spécifiques. D’abord en art oratoire, afin de les aider à vaincre leur peur de la scène, maîtriser leur gestuelle, surmonter leur timidité et surtout gérer leur stress. Par ailleurs, ils ont reçu des conseils précieux sur la rédaction et la vulgarisation scientifique de leur présentation, dispensés par le CNRS-L et l’Association francophone pour le savoir (Acfas), organisme à l’origine du concours.