Par Roger Haddad
Dans une atmosphère chaleureuse et chargée d’émotion, l’Université Pour Tous (UPT) de l’USJ a célébré la remise des diplômes de onze étudiants en Formation inclusive. Familles, enseignants et amis se sont réunis pour saluer le courage, les efforts et la réussite de ces jeunes. De vibrants témoignages, des discours inspirants et une chorale émouvante ont marqué cette matinée inoubliable, reflet d’un engagement profond envers l’inclusion, la dignité et l’humanité.
Notre collègue Roger Haddad, après s’être entretenu avec la coordinatrice du programme, Madame Stéphanie Sleiman, nous a rapporté l’ambiance émotive et pleine d’espérance de cette cérémonie.
Ce matin du 17 juillet 2025, dans les locaux de l’Université pour Tous (UPT) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), une lumière douce baignait la salle, donnant sur des arbres centenaires, où se rassemblaient familles, enseignants, amis et étudiants. Elle venait des sourires, des accolades, des regards pleins d’amour, de fierté et d’espérance. Et surtout, elle émanait de ces onze jeunes diplômés en Formation inclusive. Rayn, Albert, Elias, Dimitri, Asma, Amir, Aya, Abdo, Jad, Antoine et Elie : onze prénoms, onze visages, onze victoires.
C’est la voix de Nancy Saab, coordinatrice de communication à l’UPT, qui a ouvert cette cérémonie. Avec une éloquence douce et vibrante, elle a évoqué une fin qui n’en est pas une : « Nous sommes réunis dans l’émotion, mais aussi dans la raison, pour célébrer la fin d'un chapitre qui appelle le début d'une nouvelle histoire. » En retraçant les débuts du programme de formation inclusive lancé en 2018, elle a rappelé que l’UPT a choisi dès ses origines de dire oui à la différence, de la reconnaître en tant qu’histoire et mission. « Adopté par l'USJ et initié par l'association INCLUDE, poursuit-elle, cette formation académique a proposé à nos étudiants un programme d'études et de stages dont le but est de faciliter leur inclusion dans l'éducation, l'emploi et les loisirs. »
Puis ce fut au tour du Pr Roland Tomb, directeur de l’UPT, de prendre la parole. Ému, il a salué un « jour de joie, de fierté et d'espoir ». Il a souligné l'exigence du parcours accompli par les étudiants, deux années pleines de défis, mais aussi de progrès, d’apprentissage et de dépassement de soi. « Vous êtes la preuve vivante que chaque être humain a un potentiel immense », a-t-il affirmé, avec la conviction sereine de l’éducateur qui croit en la force de l’esprit. Il a vu dans cette promotion un exemple de courage, de résilience et de beauté humaine, rappelant que ce diplôme n’était pas un aboutissement, mais « un commencement, une porte ouverte vers une insertion professionnelle digne et une vie pleine de sens. »
De son côté, le Pr Salim Daccache s.j, Recteur de l’USJ, a rendu hommage à ces jeunes, qu’il a décrits comme « diplômés de la volonté, de la constance et des compétences nouvelles. » Dans le contexte du 150e anniversaire de l’USJ, il a rappelé que l’Université avait été fondée pour servir l’humain dans sa dignité, et que « prendre soin de l’humanité, c’est aussi accueillir chacun dans sa singularité, ouvrir des portes à ceux qui en trouvent peu ouvertes. » À ses yeux, ces diplômés ne faisaient pas simplement partie de la grande famille de l’USJ : ils en étaient la lumière, celle qui éclaire la mission humaine de l’institution. « Ce diplôme, a-t-il dit, c’est le regard fier de vos parents, c’est la joie simple d’avoir appris. »
La parole a ensuite été donnée à Stéphanie Sleiman, coordinatrice de la Formation inclusive. Elle a évoqué avec passion les qualités de chacun des diplômés, accompagnés tout au long du programme par une équipe pédagogique engagée et des familles solidaires. « Aujourd'hui, a-t-elle affirmé, je vous regarde, non comme des étudiants que j'ai accompagnés, mais comme des adultes que je respecte profondément. » Elle a remercié l’association INCLUDE et l’Institut libanais d’éducateurs (ILE) de l’USJ, partenaires de cette initiative pionnière.
Dans un moment particulièrement émouvant, Mme Nada el-Hajj, mère d’un des diplômés, a pris la parole. Sa voix tremblait un peu au début, mais son émotion transperçait chaque mot. Elle a parlé du combat quotidien, des espoirs parfois brisés, des peurs, mais aussi de la gratitude infinie envers l’équipe éducative. « D’aucuns demandaient à mon fils : « Que fais-tu ces jours-ci ? » Je suis à l’université, répondait-il. » Son témoignage simple et profond a provoqué des larmes à plus d’un dans l’assemblée.
Enfin, ce fut Aya Cheikh Ali, l’une des diplômées, qui a porté la voix de ses camarades. D’un ton à la fois timide et déterminé, elle a raconté leurs deux années de formation, les amitiés tissées et les obstacles surmontés. Elle a remercié ses enseignants et sa famille, affirmant avec force : « Je ne suis pas différente, je suis spéciale. » Une ovation a suivi, longue et chaleureuse, comme pour prolonger ce moment de vigueur et de dignité.
Puis vint la remise des diplômes, moment solennel, où chaque étudiant est monté sur scène, applaudi, étreint, photographié. Il y avait dans chaque pas vers l’estrade une fierté digne, une joie diffuse, et surtout, un sentiment d’accomplissement profondément humain.
La cérémonie s’est clôturée en musique, avec la chorale des étudiants en Formation inclusive. Leurs voix ont chanté le rêve tenace de Santiano naviguant vers des rivages meilleurs et la brise des vallons qui ravive la nostalgie du Liban (Nassam alayna el-hawa). Le public, debout, a applaudi longtemps. Peut-être parce qu’il avait compris que ce matin n’était pas seulement une cérémonie de remise de diplômes, mais un manifeste vivant pour une société plus juste, plus accueillante, plus humaine.
Dans les regards échangés en sortant, dans les sourires des parents, dans les embrassades entre professeurs et élèves, les mots de Nancy Saab résonnaient : « Là où il y a une différence, il y a un sens. Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Là où il y a une fin, il y a un début. »
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