L’Institut supérieur de santé publique (ISSP) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a célébré, à l’Amphithéâtre Abou Khater du Campus des sciences humaines, la remise des diplômes de la deuxième cohorte du Diplôme Universitaire en Développement et organisation des services de soins en santé mentale. La cérémonie a rassemblé de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le Recteur de l’USJ, Pr Salim Daccache s.j., le Doyen de la Faculté de médecine, Pr Elie Nemr, le ministre de la Santé publique au Liban , son excellence Dr Rakan Nassereldine, l’ambassadeur de France, son excellence M. Hervé Magro, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Liban, Dr Abdinasir Abubakar, le directeur de l’Agence française de développement (AFD), M. Jean-Bertrand Mothes, représenté par Mme. Anne Isambert, le directeur du Programme national de santé mentale, Dr Rabih el-Chammay, ainsi que plusieurs responsables institutionnels et partenaires académiques et sociaux.
La directrice de l’ISSP, Michèle Kosremelli Asmar, a exprimé une vive émotion en rappelant que cette remise des diplômes n’était pas seulement « un rite de passage académique », mais surtout le témoignage d’un engagement collectif en faveur d’un système de santé plus juste et inclusif. Elle a souligné la résilience de l’institut et de ses partenaires, qui ont maintenu la qualité de la formation malgré des années de crises profondes. Selon elle, la réussite de ce diplôme repose sur la force d’un partenariat étroit réunissant le ministère de la Santé Publique, le programme national de santé mentale, l’OMS, l’AFD et l’USJ. Saluant l’engagement des enseignants et de ses collaborateurs, elle a affirmé que les diplômés sont désormais « les porteurs d’une vision », celle d’un système de santé durable, équitable et fondé sur l’humain.
Dans son intervention, Dr Rabih el-Chammay a rappelé que la réforme du secteur ne pouvait reposer uniquement sur des politiques, mais nécessitait la formation de leaders capables de transformer la pratique sur le terrain. Il a qualifié ce diplôme d’initiative stratégique, car il renforce la « véritable colonne vertébrale de la réforme : la capacité humaine ». Face aux défis immenses auxquels le Liban est confronté, il a insisté sur le rôle indispensable des diplômés comme « agents du changement ». Reconnaissant le soutien décisif de l’OMS et de l’AFD, il a salué la qualité de la collaboration avec l’USJ et exprimé sa confiance dans la poursuite du rayonnement régional de ce programme. S’adressant directement aux lauréats, il leur a rappelé que leur responsabilité dépasse le Liban : « La région a besoin de vous. Accueillez cette mission avec courage. »
Le représentant de l’OMS, Dr Abdinasir Abubakar, a mis en lumière l’augmentation alarmante de la demande en services de soins en santé mentale au Liban, exacerbée par la crise économique et sociale. Il a déploré la pénurie de professionnels qualifiés pour y répondre et insisté sur l’importance des initiatives de renforcement des capacités. Il a rappelé que le DU, mené en partenariat avec l’OMS, l’AFD et plusieurs acteurs internationaux, avait déjà permis la formation d’une quarantaine de professionnels, mais a appelé à « un soutien continu et une mobilisation durable des partenaires » pour garantir la pérennité des acquis.
De son côté, l’ambassadeur de France au Liban, M. Hervé Magro, a salué ce diplôme comme un outil stratégique au service de la réforme du système de santé mentale. Il a rappelé que ce programme, premier du genre dans la région, positionne le Liban et l’USJ comme pionniers et potentiels pôles de formation et d’expertise. En relatant ses visites sur le terrain avec le ministre de la Santé, il a constaté que « tout ce qui est fait ici répond à un besoin réel », et que les diplômés représentent « les visages d’un changement profond ». La France, a-t-il affirmé, continuera à soutenir ce programme aux côtés du Liban, pour promouvoir une santé « inclusive, durable et respectueuse de la dignité de chacun ».
Le ministre de la Santé publique, Dr Rakan Nassereldine, a présenté ce diplôme comme une « nouvelle nécessité » face aux défis actuels, soulignant son intégration dans le plan national de santé et sa reconnaissance comme priorité absolue lors des réunions ministérielles. Il a mis en avant les mesures prises par le ministère, dont l’achat de médicaments psychiatriques pour les rendre accessibles à tous les Libanais, et a reconnu l’appui crucial de l’AFD et de l’OMS. Si les taux de suicide et de maladies psychiatriques sont jugés « très préoccupants », il a exprimé son espoir de voir la collaboration entre acteurs nationaux et internationaux contribuer à reconstruire le pays sur des bases solides.
Au nom des diplômés, Mlle Sally Khoury a témoigné de son parcours, marqué par une meilleure compréhension de la complexité de la santé publique et par la découverte de l’importance de la santé mentale communautaire. Elle a souligné que ce diplôme a transformé leur regard, en les convainquant que « la santé mentale n’est pas un luxe mais un droit », et que les réformes ne peuvent réussir sans inclure les personnes ayant une expérience vécue. Elle a salué la diversité et la richesse des échanges au sein de la promotion, qui lui donnent espoir dans la capacité des diplômés à bâtir un Liban meilleur, malgré les difficultés.
Enfin, le recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., a replacé ce programme dans une vision plus large, rappelant qu’il s’agit d’un modèle de collaboration entre secteur public et privé, entre dimension administrative et académique. Il a souligné que l’Université avait mis la santé mentale au cœur de son action éducative et sociale, en renforçant les services de soutien aux étudiants et en développant des initiatives de recherche et de sensibilisation. Insistant sur la « responsabilité collective » en matière de santé mentale, il a exhorté les universités, les ministères et les partenaires locaux à travailler main dans la main pour en faire une réalité pour tous les citoyens. Aux diplômés, il a adressé des félicitations chaleureuses, les invitant à devenir « des créateurs d’amélioration et de confiance » au service de la société.
Avant la remise des diplômes, une séquence de distinctions honorifiques a eu lieu. Dr Rakan Nassereldine, a reçu la Médaille des 150 ans de l’USJ. Des médailles de reconnaissance ont également été remises à plusieurs partenaires clés du programme national de santé mentale, parmi lesquels le Dr Rabih el-Chammay et Mme Layal el-Hanna, ainsi qu’à des représentants de l’OMS, le Dr Abdinasir Abubakar, le Dr Alyssar Rady et Mme Edwina Zoghbi. L’AFD a également été distinguée à travers M. Jean-Bertrand Mothes et Mme Rouba el-Khatib, en reconnaissance de leur engagement constant aux côtés de l’USJ et de ses partenaires dans la promotion de la santé publique et de la santé mentale au Liban.
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