Depuis 2023, le docteur Samir Ghafari occupe le poste de rédacteur en chef du journal Campus-J. Cette fonction constitue pour lui une seconde mission noble : celle du journalisme, tout en demeurant fidèle aux voix des étudiants et attentif aux attentes de la société.

Pouvez-vous nous raconter comment est née l’aventure de Campus-J et ce qui vous a motivé à en prendre la direction ?

Campus-J, le journal officiel des étudiants de l’USJ, a vu le jour en 2014 lors d’une réunion du Conseil des étudiants, à la demande du Recteur, le Pr Salim Daccache s.j. Depuis maintenant onze ans, il constitue un espace privilégié de liberté d’expression pour l’ensemble des étudiants des différentes facultés et institutions de l’Université. Au fil des années, le journal a élargi son champ d’action : en plus des articles écrits, il propose désormais des vidéos tournées, présentées et réalisées par les étudiants eux-mêmes, ainsi que des caricatures originales, dessinées également par des membres de la communauté estudiantine.

Depuis mon enfance, je nourris un vif intérêt pour la vie socio-politique, animé par le rêve de contribuer à bâtir un Liban meilleur. Bien que ma vocation médicale m’ait orienté vers la gynécologie-obstétrique, j’ai trouvé dans Campus-J un espace de refuge et d’expression, me permettant d’aborder des sujets sociaux, politiques, mais aussi médicaux. C’est dans ce cadre que j’ai choisi de rejoindre l’équipe en tant que rédacteur en 2019, et j’ai eu l’occasion de publier plusieurs articles, notamment sur les maladies les plus fréquentes au Liban.

En 2023, j’ai eu l’honneur d’être nommé rédacteur en chef du journal. Depuis, j’ai eu le privilège de guider et d’accompagner ce journal précieux durant deux années riches en défis et en réussites, afin qu’il continue à refléter la voix authentique des étudiants de l’USJ et à incarner leurs aspirations.

Comment parvenez-vous à concilier vos études de médecine, particulièrement exigeantes, avec vos responsabilités de rédacteur en chef ?

Tout comme la médecine est une mission noble qui accompagne les patients dans leurs souffrances et leurs douleurs, le journalisme représente également une mission essentielle : celle d’écouter la société, de porter ses plaintes et de relayer ses revendications.

La clé réside dans la gestion du temps. J’ai appris à diviser ma journée en trouvant un équilibre entre mes responsabilités à l’hôpital et mon engagement au sein du journal. Ce défi n’aurait pas été possible à relever sans le soutien précieux de mes collègues résidents ainsi que celui de la rédaction du journal, qui sont toujours à mes côtés pour m’aider à concilier ces deux univers.

En quoi Campus-J constitue-t-il un véritable « espace de libre expression » des étudiants ?

Je dirais plutôt qu’il n’existe aucun sujet tabou au sein de Campus-J. Le journal aborde avec ouverture et sérieux des thématiques variées : politiques, économiques, juridiques, philosophiques, religieuses et sociales. Nous avons même lancé un programme intitulé « Campus-J dans la politique », dont l’objectif est d’offrir aux étudiants une véritable éducation politique, loin des visions biaisées souvent transmises de génération en génération.

Campus-J a également su être présent dans les moments les plus difficiles que le Liban a traversés. Nous avons couvert la dernière guerre à travers des articles fouillés et des caricatures percutantes.

Nous nous sommes attachés à traiter tous les sujets d’actualité avec rigueur scientifique et dans un esprit de respect.

Ainsi, Campus-J demeure un espace d’expression authentique, où les étudiants de l’USJ peuvent partager librement leurs pensées, leurs opinions et leurs revendications, tout en contribuant à enrichir le débat universitaire et citoyen.

Quels types de talents ou d’initiatives étudiantes cherchez-vous à mettre en avant dans vos publications ?

Chaque étudiant possède un talent unique. Campus-J réunit ainsi des rédacteurs dont la plume pourrait rivaliser avec celle des écrivains les plus renommés. D’autres se distinguent par leur aisance devant la caméra ou leur capacité à couvrir des événements, parfois même en direct, sur nos réseaux sociaux.

Parallèlement, Campus-J produit un podcast intitulé « USJ؟ ، و شو بعد », dans lequel nous invitons des étudiants qui ont excellé dans leur domaine, que ce soit au niveau national ou international. L’objectif est de les présenter comme modèles aux plus jeunes, et de nourrir chez chacun l’espoir de devenir, un jour, un citoyen ou une citoyenne brillant(e), engagé(e) et porteur(se) d’avenir.

Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de la rédaction : comment choisissez-vous les sujets, comment s’organise l’équipe multilingue ?

Campus-J s’articule autour de trois grands piliers :

-Le pilier des publications écrites, qui regroupe la rédaction et la correction des articles

-Le pilier visuel, consacré à la production de contenus multimédias tels que les reels et les podcasts

-Le pilier artistique, qui met en valeur les caricatures et les dessins réalisés par les étudiants.

Chaque étudiant est libre de choisir le pilier dans lequel il souhaite s’impliquer, en fonction de ses talents et de ses centres d’intérêt.

Concernant la rédaction des articles, les étudiants peuvent contribuer à la rubrique de leur choix. Le journal propose une grande diversité de thématiques : culture et art, politique, questions sociales, religion, sport, économie, et bien d’autres encore. Chacun a également la possibilité d’écrire dans la langue qui lui convient le mieux — français, anglais, arabe, ou même toute autre langue qu’il maîtrise —, ce qui reflète la richesse et la pluralité de l’identité de l’USJ.

Un calendrier est envoyé au début de chaque mois, mentionnant le nom des rédacteurs ainsi que leurs correcteurs attitrés, le sujet et la langue choisie. Ce système favorise la collaboration et l’entraide entre étudiants, permettant ainsi de produire des articles complets, cohérents et de qualité.

Quels sont vos projets ou vos ambitions pour l’avenir de Campus- J après votre parcours universitaire ?

Actuellement, avec l’ouverture d’une nouvelle année universitaire riche en promesses, un nouveau board a été créé afin de développer et amplifier les idées ainsi que les projets du journal. J’en profite pour exprimer ma profonde gratitude au board sortant pour le travail impeccable, sérieux et dévoué qu’il a accompli.

Parmi nos projets pour cette année figure l’élargissement de l’équipe de Campus-J, en accueillant non seulement des étudiants des différents Campus périphériques — Nord, Sud et Zahlé — mais également des deux Campus à l’étranger.

Nous travaillons également sur l’orientation des sujets et le contenu des articles ainsi que des programmes visuels, dans l’objectif d’attirer un public encore plus large et diversifié. Parallèlement, des projets sont en cours de préparation afin d’impliquer activement nos alumni, ainsi que les étudiants des établissements scolaires, pour créer une véritable dynamique intergénérationnelle.

Notre ambition demeure inchangée : faire de Campus-J un journal conçu par les étudiants et pour les étudiants, au service de leurs voix, de leurs idées et de leurs rêves.