Les communautés religieuses dans le Bilâd al-Shâm (XIe-XIVe s.)

Contacts et visions croisées
Vendredi 19 et samedi 20 novembre 2010
De 9h00 à 17h45
Collaborateurs
  • Institut Français du Proche-Orient


Ce colloque s’inscrit dans le cadre du programme de recherche à partenariats multiples : Le Bilâd al-Shâm face aux mondes extérieurs (XIe-XIVe s.), dirigé par Denise Aigle. Il réunit des chercheurs de l’Ifpo, de l’Unité mixte de recherche (UMR 8167) « Orient et Méditerranée » (laboratoire Islam médiéval), de l’Equipe d’accueil (EA 4207) « Centre de recherche et d’études sur les pays de la Méditerranée au Moyen-Âge », et de l’Université Saint-Joseph (USJ, Beyrouth).
Après avoir consacré un ouvrage à examiner l’image de l’« autre », Le Bilâd al-Shâm face aux mondes extérieurs. La perception de l’autre et la représentation du souverain (sous presse à l’Ifpo), nous abordons, à l’occasion de ce colloque, la problématique des représentations religieuses.
Entre le XIe et le XIVe siècle, le Bilâd al-Shâm fut le théâtre de nombreuses expéditions militaires qui provoquèrent de profonds changements dans l’équilibre géopolitique de la région et, d’une manière plus large, dans le rapport au pouvoir central de Bagdad. À partir du XIe siècle, le Bilâd al-Shâm fut « entamé » par deux types d’assaillants : les croisés et les Mongols d’Iran, les Ilkhans. Alors que les expéditions militaires occidentales se concrétisèrent par l’installation dans la région de plusieurs États latins, les Ilkhans ne furent jamais en mesure de s’implanter durablement en Syrie. En revanche, leurs destructions répétées des villes du Bilâd al-Shâm (Alep et Damas en particulier) marquèrent fortement les esprits. Les réponses locales face à ces nouveaux venus (Francs chrétiens, Mongols chamanistes, bouddhistes, puis musulmans) prirent des formes différentes, selon les rapports de force, les opportunités du moment, ou la prise de conscience de la société musulmane elle-même.
  1. Nous proposons, à la lumière des sources islamiques et chrétiennes (historiques, littéraires et juridiques), de mener une étude comparée (en miroir entre les différents protagonistes) des arguments et des éléments de légitimité utilisés contre ces deux types d’assaillants. Quelles furent les positions des différentes communautés (sunnites, chrétiens orientaux, minorités chiites) ?
  2. Nous tenterons à partir de l’analyse des sources narratives, tant islamiques que chrétiennes (historiques, littérature populaire et poésie, récits de voyage et de pèlerinages, traités à tendance polémique) de mettre en lumière la perception de la religion de l’ « autre », ses pratiques religieuses, ses lieux de culte, etc.
  3. Il serait important de reprendre le dossier des conversions aux différentes religions sous l’angle de l’histoire des représentations. Les historiens restent divisés sur cette question. En effet, la documentation disponible ne permettra sans doute jamais de connaître le nombre de convertis. En revanche, il est possible d’interroger, parallèlement, les sources chrétiennes et islamiques afin de voir comment la conversion était perçue. L’arrivée des croisés, puis des Mongols, a-t-elle modifié les processus d’islamisation des populations du Bilâd al-Shâm ? Comment étaient présentés les motifs des différentes conversions ? Quelle était la perception par les musulmans et les chrétiens de la conversion des Mongols à l’islam ?