Le 7 octobre 2025, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a célébré, au Théâtre Béryte de l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques (IESAV), un moment empreint d’émotion et de reconnaissance : la remise officielle des archives d’Antoine et de Latifé Moultaka à l’Université qui s’engage, à travers la Bibliothèque Orientale (BO) et l’IESAV, à préserver ce riche héritage, à le valoriser et à le mettre à la disposition du public.

À travers cette initiative, l’USJ rend hommage à deux figures fondatrices du théâtre libanais, dont l’œuvre a profondément marqué la scène artistique et la formation théâtrale au Liban. Fidèles à la conviction d’Arthur Miller selon laquelle « la mission du théâtre est de provoquer le changement et d’éveiller la conscience des êtres humains », Antoine et Latifé Moultaka ont su faire du théâtre un espace de pensée, de liberté et de créativité, léguant un héritage intellectuel et artistique d’une richesse exceptionnelle.

La cérémonie, organisée conjointement par la BO et l’IESAV, a réuni la famille Moultaka, de nombreux amis, ainsi que des représentants du corps diplomatique et du monde académique et culturel.

La Pr Marianne Noujaim, coordinatrice du Département de théâtre à l’IESAV, a inauguré la soirée par un mot de bienvenue aux invités. Elle a rappelé que « le théâtre est par nature un art éphémère ; pourtant, notre rencontre aujourd’hui est la preuve éclatante qu’il demeure profondément ancré dans la mémoire des spectateurs, des acteurs et de tous les passionnés de la scène. La donation des archives Moultaka représente un nouvel élan pour le travail théâtral, garantissant la continuité de l’œuvre de deux figures pionnières et majeures du mouvement théâtral au Liban. »

Un documentaire réalisé par Antoinette Asmar, étudiante à l’IESAV et ancienne élève du couple Moultaka, a ensuite été projeté, retraçant le parcours et l’influence du duo sur plusieurs générations d’artistes.

Dans son allocution, le Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l’USJ, a exprimé « une joie profonde et un grand honneur d’accueillir cette cérémonie, qui restera gravée dans la mémoire institutionnelle de notre Université ».

S’adressant à la famille Moultaka, il a exprimé « sa reconnaissance la plus sincère à MM. Gilbert et Zad Moultaka et à Mme Jihane Moultaka, pour leur geste empreint de confiance et de générosité. Cette donation dépasse la valeur matérielle : elle constitue un acte culturel fort, porteur d’un message de foi dans le rôle de l’Université comme gardienne de la mémoire et du patrimoine culturel. »

Le Recteur a également rendu hommage « à l’esprit d’Antoine et de Latifé Moultaka, dont la vie fut dédiée au théâtre et à la transmission. Derrière chaque boîte d’archives se trouvent des heures de travail, de création, de rencontres et de persévérance. Grâce à ce legs, nous continuerons à faire vivre leur passion et leur engagement. »
Il a conclu en s’adressant aux étudiants, chercheurs et artistes : « Ces archives sont désormais entre vos mains. Qu’elles deviennent matière à étude, à recherche et à création. La Bibliothèque Orientale demeure un lieu ouvert à la collaboration entre mémoire et art vivant. »

Au nom de la famille, Jihane Moultaka a remercié l’USJ « pour avoir accepté la responsabilité de préserver les archives de nos parents, de les numériser, de les classer et de les mettre à la disposition du public. Cette démarche s’inscrit dans la continuité naturelle de leur œuvre. »

Elle a évoqué trois valeurs qui résument leur parcours : « la passion – pour le théâtre, l’art, la culture et l’humain ; la générosité – ils ont tout donné, à leur famille, à leur théâtre et à la culture ; et l’amour – un amour inépuisable pour leur famille, leurs élèves, leurs amis et leur pays, le Liban, qu’ils n’ont jamais voulu quitter. »

Son frère Gilbert Moultaka a ensuite présenté, à travers des images et des souvenirs personnels, un récit intitulé Comment ils se sont rencontrés… et quelques histoires, retraçant l’itinéraire humain et artistique du couple, de leur première rencontre dans un cours de mathématiques et de physique jusqu’à la construction d’une vie commune dédiée au théâtre et à la création.

Le compositeur Zad Moultaka a, pour sa part, offert une performance musicale intitulée Akhwat Shanay, écrite et mise en scène par lui, et produite par la troupe Odyssée. Le spectacle, soutenu par l’Institut français du Liban et plusieurs mécènes, a été repris lors d’une représentation dédiée aux enfants de 9 à 12 ans, réaffirmant le rôle du théâtre comme outil d’éducation et d’éveil artistique dès le plus jeune âge.

À travers la conservation et la valorisation de ces archives, l’USJ poursuit sa mission de préservation du patrimoine culturel libanais et de transmission du savoir.
L’initiative souligne la vision humaniste et artistique d’Antoine et de Latifé Moultaka, pour qui le théâtre était avant tout « un espace de recherche, de beauté et d’humanité ». En accueillant ce fonds exceptionnel, l’USJ fait revivre le message du couple : transformer la mémoire en source d’inspiration et faire du théâtre un acte de vie toujours renouvelé.

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