Conférence de l’OFP « Évaluation et réforme : le Liban sur la voie d’un système national d’évaluation »

Lundi 10 novembre 2025


Dans le cadre de ses activités visant à promouvoir la bonne gouvernance, l’Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance (OFP) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a organisé, en partenariat avec l’UNICEF au Liban et en collaboration avec la société Socially Responsible Management (SRM), une conférence intitulée « Évaluation et réforme : le Liban sur la voie d’un système national d’évaluation », placée sous le haut patronage du Premier ministre, le Dr Nawaf Salam, représenté par le Vice-président du Conseil des ministres, le Dr Tarek Mitri.

L’événement s’est tenu en présence du Recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., d’un grand nombre de responsables, professeurs et étudiants de l’Université, ainsi que de plusieurs personnalités politiques, diplomatiques, administratives, syndicales, médiatiques, issues de diverses organisations internationales et de la société civile.

La conférence a coïncidé avec le dixième anniversaire de la fondation de l’OFP, qui a joué un rôle réformateur majeur dans l’élaboration des politiques et des stratégies du secteur public. À cette occasion, un film documentaire a été projeté, retraçant les réalisations de l’OFP, la diversité de ses activités et ses projets à venir.

Cartographie complète du système d’évaluation libanais

En outre, cette conférence s’inscrivait dans la continuité du Forum national « Évaluation et réforme », organisé en 2024 par l’Observatoire, en partenariat avec l’UNICEF et SRM. Ce précédent événement avait consolidé le rôle de l’évaluation comme levier essentiel du processus de réforme au Liban.
La collaboration s’est poursuivie en 2025 par la réalisation d’une cartographie complète du système national d’évaluation au Liban, visant à en comprendre la réalité, les défis et les perspectives de développement. Ce travail s’est appuyé sur des études analytiques approfondies et sur un dialogue élargi avec les acteurs concernés du secteur public et de la société civile, avec deux publications (disponibles sur la page de l’OFP), qui en sont issues :

  1. Analyse du système national d’évaluation au Liban
  2. Cartographie des parties prenantes de l’évaluation nationale au Liban

Les interventions lors de l’ouverture et de la table ronde ont unanimement souligné l’importance de l’évaluation pour mesurer l’efficacité des politiques et des services publics. Les participants ont insisté sur son rôle essentiel dans la réforme, puisqu’elle fournit des preuves de réussite, garantit la transparence des résultats et nourrit les mécanismes d’apprentissage et d’amélioration. Tous ont plaidé pour la mise en place d’un système national d’évaluation intégré dans l’administration publique, soutenu par un cadre législatif clair et articulé avec la planification, la budgétisation, la mise en œuvre, le contrôle et l’apprentissage.

L’évaluation : un engagement citoyen et moral

Le Pr Salim Daccache s.j. a ouvert la conférence en rappelant que « l’évaluation n’est pas un acte spontané, mais un engagement citoyen et moral », constituant à la fois « le miroir de la conscience et un instrument de réforme ». Il a souligné que « sans évaluation, la réforme perd sa boussole, et sans réforme, l’évaluation perd son sens », estimant qu’elles sont indissociables pour reconstruire la crédibilité et restaurer la confiance au Liban.
Il a appelé à dépasser les approches purement techniques, affirmant que l’évaluation « touche au cœur de la gouvernance comme service à l’humain » et doit devenir « une culture d’apprentissage continu au sein de l’administration publique ».
Et de conclure : « Le Liban se reconstruira par la connaissance, la jeunesse, l’intégrité et la prise de décision fondée sur les preuves. Faisons de l’évaluation une culture et un dialogue, non une contrainte ; un chemin vers la dignité et le renouveau de notre pays. »

Pour sa part, le Directeur de l’OFP, le Pr Pascal Monin, a rappelé le rôle moteur de l’institution dans le processus de réforme. Selon lui, l’initiative de l’Observatoire pour unifier la vision nationale autour d’une feuille de route visant à la mise en place d’un système d’évaluation constitue une étape charnière dans la construction d’un État moderne. « L’évaluation n’est pas un projet technique, mais une vision nationale pour améliorer en permanence la performance publique », a-t-il déclaré.
« L’an dernier, nous avons lancé la discussion, rassemblé les acteurs, évalué la préparation. Aujourd’hui, nous entamons une nouvelle étape : le dessin de la première carte nationale de l’évaluation au Liban, outil de mobilisation et d’action collective », a-t-il ajouté, précisant que cette cartographie est destinée aux décideurs, législateurs, experts, universités, partenaires internationaux ainsi qu’à la société civile.

Le représentant de l’UNICEF au Liban, M. Marcoluigi Corsi, a souligné que « le renforcement des capacités nationales en matière d’évaluation n’est pas seulement un engagement institutionnel de l’UNICEF, mais un pilier essentiel du système onusien ». Il a rappelé que l’évaluation favorise la transparence, renforce la confiance et veille à ce que les politiques publiques produisent des résultats concrets, en particulier pour les enfants, les familles et les communautés les plus vulnérables.

Les intérêts confessionnels et calculs politiques un frein pour les réformes

Au nom du Premier ministre, le Dr Tarek Mitri a félicité l’OFP pour son dixième anniversaire, saluant son rôle dans « la construction de ponts entre les forces vives de la société, le monde académique et les institutions publiques d’une part, et les autorités politiques d’autre part ».

Il a reconnu que si « les attentes sont grandes, le soutien réel du gouvernement demeure limité », il a cependant admis que les résistances liées aux intérêts confessionnels ou aux calculs politiques à court terme freinent souvent les réformes.
Mitri a affirmé que « la souveraineté de l’État sur l’ensemble de son territoire, au sud du Litani comme au nord, est une condition préalable non seulement à la réforme, mais à son amorce même », soulignant que la souveraineté nationale et la reconstruction de l’État sont indissociables.

Il a évoqué les efforts du gouvernement en matière de modernisation du secteur public, en insistant sur le projet de transformation numérique, qu’il a décrit comme « un processus porté par la réforme, garant de transparence et outil de lutte contre la corruption », notamment à travers le développement de l’identité numérique.
Il a également mentionné les projets de réforme de la gestion des ressources humaines et salué le travail de l’équipe de l’USJ pour l’amélioration des services administratifs. Il a enfin appelé à renforcer les organes de contrôle, remerciant le soutien européen dans ce domaine, et exhortant à mettre les fruits de leurs travaux au service de la réforme nationale.

AU terme de la séance inaugurale, M. Hamed Elias, Directeur associé de SRM, a présenté un état des lieux du système d’évaluation au Liban, ses défis et les pistes d’action possibles.

Sous le thème « Le parcours du Liban vers un système national d’évaluation efficace », un débat animé par la journaliste Nabila Awad a réuni : le Dr Fadi Makki, ministre d’État pour la Réforme administrative, sur « l’évaluation au cœur de l’action administrative » ; le Dr Halima El Kaakour, députée, sur « le contrôle parlementaire et l’évaluation nationale » ; le juge Georges Attieh, Président de l’Inspection centrale, sur « le rôle des institutions de contrôle dans le suivi de l’exécution » ; et M. Ziad Moussa, Président de l’Association libanaise d’évaluation (LebEval), sur « la réalité professionnelle et technique des experts en évaluation ».

Le Dr Georges Labaki, Directeur de l’Institut national d’administration, a formulé des remarques finales, avant que le Dr Charbel Maroun, journaliste et enseignant à l’USJ, ne présente une synthèse du colloque et les étapes futures du projet.

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