L’école selon Hegel ou l’apprentissage à la liberté de la pensée

20 Octobre 2016

La salle Joseph Zaarour était comble le mardi 20 octobre à 18 heures. Etudiants, anciens et enseignants de la Faculté des Lettres étaient venus écouter M. Philippe Soual (de l’Institut Catholique de Toulouse), spécialiste de Hegel, les entretenir de ce que le philosophe allemand pense de l’école. Voici les principales idées de son discours telles qu’elles ont été notées par une étudiante présente : - Le plus grand trésor intérieur, indestructible, que les parents puissent donner à leurs enfants est l’enseignement scolaire. - Si la famille éduque et aime inconditionnellement, l’école instruit et reconnaît les méritants. - L’école est médiation, lieu de passage entre la famille et la société civile. - L’école est le premier lieu de rencontre privilégié avec le différent ; aussi socialise-t-elle les enfants en leur apprenant à s’associer avec d’autres enfants pour des activités variées : de travail, de loisir, etc. - L’école est un sanctuaire et doit le rester, quel que soit le contexte extérieur troublé (et il l’était à l’époque de Hegel autant qu’à la nôtre). - L’école a une finalité interne qui est l’école elle-même : permettre à un être intelligent de vivre selon l’intelligence. L’école réussit sa tâche si l’homme prend goût à la pensée. La finalité externe consistant à avoir un métier, un gagne-pain vient de surcroît. - L’école antique avait la vocation du commencement : arracher l’enfant à la naturalité, à ses désirs (le sortir de la caverne). L’école moderne a la vocation de fluidifier un savoir qui risque de s’ossifier, d’aider à comprendre et à éclairer progressivement ce qu’on connaît (car il y a toujours un savoir). - L’école a pour principe la liberté. Or la liberté première commence, non par l’action comme on le suppose d’ordinaire, mais par le penser libre selon la distanciation, l’arrachement. Ainsi s’effectue le travail du négatif qui consiste à séparer l’esprit de lui-même, à le détacher de l’immédiat, à le mettre à distance de sa propre civilisation pour se confronter à d’autres cultures. Si la liberté est à ce point liée à l’école, cela implique qu’il faut oser laisser l’enfant libre (car le mauvais usage de la liberté est un exercice de la liberté), sans carcan autoritaire. L’autoritarisme est donc un écueil, mais le laxisme en est un autre, précise Hegel. - L’école, qui transmet la connaissance des classiques, met l’élève en contact avec des œuvres qui constituent des accomplissements, des sommets sans être pour autant indépassables. Ces singularités achevées instruisent. - Enfin, Hegel recommande la prudence en matière de réforme scolaire car, comme il l’affirme, le meilleur est l’ennemi du bien. La réforme, en effet, risque de toucher à un point capital de la totalité, mettant en péril la destination de l’école qui est d’apprendre à l’homme à vivre dans la pensée, c’est-à-dire, selon le conférencier, dans la joie. Un petit débat s’est, ensuite, instauré entre le conférencier et le public. A l’une des auditrices qui déclarait n’avoir pas perçu l’originalité de Hegel par rapport à d’autres penseurs qui ont écrit sur la pédagogie, M. Soual a répondu que le philosophe ne cherche pas l’originalité, mais la vérité et que Hegel a le grand mérite d’avoir mis en évidence le travail du négatif. La causerie s’est achevée par la signature de l’ouvrage de M. Soual, Eduquer avec Hegel.