Commémoration des 30 ans du martyre du Père André Masse

La cérémonie de commémoration des 30 ans du martyre du Père André Masse s.j., ancien directeur du Centre d’études universitaires du Liban-Sud (CEULS) a eu lieu le 23 septembre 2017
samedi 23 septembre 2017
Campus du Liban Sud
Organisateurs


La cérémonie de commémoration des 30 ans du martyre du Père André Masse s.j., ancien directeur du Centre d’études universitaires du Liban-Sud (CEULS) a eu lieu le 23 septembre 2017 au CEULS en présence du Pr Salim Daccache s .j., recteur de l’USJ, Mme Dina Sidani, directrice du CEULS, R.P. Dany Younes - Provincial de la Compagnie de Jésus au Proche Orient, M. Moustafa Assaad, directeur honoraire du CEULS et directeur Adjoint du Centre à l’époque de l’assassinat de P. Masse, M. Walid Saleh, ancien du centre, Père Joseph Nassar, s.j, Président de l’Hôtel-Dieu de France, M. Georges Saad, président de la Municipalité de Bramieh qui ont prononcé un mot à cette occasion ainsi que des personnalités politiques et religieuses : Mme Bahia Hariri, M. Abdelrahman el Bizri, M. Oussama Saad, M. Michel Moussa, M. Ahmad Moussa représentant SE M. Nabih Berry, M. Tarek Baassiri représentant SE M. Fouad Siniora, l’Archevêque de Saida Monseigneur Maroun Ammar,l'archevêque grec catholoque de Saida Monseigneur Elie Haddad, le Mufti de Saida M. Salim Soussane. Après la cérémonie, le rideau sur la plaque nominative de la rue André Masse a été levé. « C’est avec beaucoup d’émotion que je vous souhaite la bienvenue dans ce Centre de l’USJ qui fête cette année ses 40 ans d’existence. Nous sommes réunis pour honorer la mémoire d’un homme que certains ne connaissent pas. Aujourd’hui, nous commémorons les 30 ans du martyre de Père André Masse, homme qui a marqué, par son engagement, la vie de notre Centre de 1985 à 1987, deux années durant lesquelles le Père Masse a relevé le défi d’insuffler une noble mission à notre Centre au Liban Sud dans le contexte difficile de cette époque ». C’est avec ces termes que Mme Dina Sidani a débuté son discours poursuivant que le Père André Masse était un prêtre jésuite de nationalité française, né en 1940, et nommé en septembre 1985, directeur du Centre d’études universitaires du Liban Sud de l’USJ qui se situe à Bramieh, Saida avant d’être tué par les balles d’un tueur anonyme dans son bureau du Centre en septembre 1987. « Aujourd’hui, cette cérémonie de commémoration rend hommage à un homme de foi dont nous portons tous aujourd’hui les valeurs pérennes : le vivre ensemble, le dialogue, l’amour pour l’autre, l’espoir. Nous avons et nous assumons le devoir de continuer et de pérenniser sa noble cause en gardant à l’esprit le sens même de notre mission: être au service de notre société et surtout de notre patrie, à travers l’éducation et la recherche. » a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs remercié M. Georges Saad, les membres de son Conseil, ainsi que Mme le député Bahia Hariri pour son support, de leur décision de nommer la Rue longeant le Centre d’études universitaire du Liban Sud de l’USJ, Rue du Père André Masse, afin de marquer symboliquement cet attachement aux valeurs de paix et d’amour pour vivre ensemble. Prenant la parole à son tour, R.P. Dany Younes a souligné : « Faire mémoire d’André Masse, c’est célébrer l’option pour la justice qui a guidé sa vie et provoqué sa mort. C’est dire et redire que la communauté jésuite, et plus largement, les communautés éducatives et sociales qui agissent dans l’esprit de la Compagnie de Jésus, telle l’USJ, refont cette même option aujourd’hui et espèrent y être fidèles pour toujours. Un célèbre théologien allemand du XXe siècle, le Père Jean-Baptiste Metz, évoquait la « mémoire dangereuse de Jésus ». Dangereuse, parce qu’elle démasque les structures d’injustice qui dominent notre société humaine. Faire mémoire d’André Masse aujourd’hui nous pousse à nourrir la même passion qui l’habitait, la passion pour l’humanité qui dénonce les structures d’oppression. » « Durant toutes ces années, le souvenir du Père André Masse a été constamment présent en chacun de nous. Et il en sera ainsi tant que dans les murs de ce Centre qu’il a fait revivre, des hommes et des femmes poursuivront son œuvre, tant que des jeunes viendront y puiser un savoir scientifique certes, mais surtout humain et y vivre dans une ambiance de dialogue, de fraternité et d’amour. En effet, quel plus bel exemple de dialogue, de vivre-ensemble, d’amour que celui donné par la présence de Père Masse au Centre et à Saïda », a indiqué de son côté M. Moustafa Assaad Par ailleurs, M. Walid Saleh, présent lors de l’assassinat de P. Masse, a prononcé un mot poétique dans lequel il a souligné l’importance de cet événmenet afin que les générations futures sachent qu’un père jésuite est mort sur cette terre. « Commémorer les 30 ans de l’assassinat du Père André, c’est faire appel à la mémoire, à l’émotion et aux souvenirs pour témoigner et rendre hommage à un compagnon de route qui ne nous a jamais abandonnés », a ensuite déclaré Père Joseph Nassar, s.j. P. Nassar l’a qualifié comme ayant été un homme de discernement et d’action : « Père André était imbibé par cet esprit et il a tout fait pour le traduire en action concrète, en projets, en plans, tout en cherchant constamment à contenir la violence et à rétablir les relations et les liens qui unissent les Hommes. » ; un homme de grand désir évangélique « Le Père André était habité par un désir profond, hors du commun, qui consiste à se donner totalement au service des pauvres, des défavorisés, des marginalisés et de ceux qui portent des blessures, quelles qu’elles soient. Un désir qui se traduit par son engagement à préserver la dignité de l’Homme en le munissant des moyens nécessaires pour remédier à ses blessures, ainsi qu’à se construire au niveau personnel et professionnel » ; un homme d’intellect : « Le Père André Masse, a apporté des méthodes éducatives modernes, permettant aux universitaires de se familiariser avec la science, la technologie, et les idées innovatrices, les considérant comme des instruments d’épanouissement et de bonheur en faveur du développement au sein de notre société. » M. Georges Saad, a souligné : « Nous, à Bramieh, sommes fiers de cette institution qu’est l’USJ et sommes prêts à fournir toute sorte de support et d’aide pour que cette institution reste un endroit où tout étudiant cherchant l’excellence puisse aller. Nous demandons à l’université d’avoir le plus de facultés possibles pour que les spécialisations soient variées et que les étudiants et qu’ils n’aient pas à aller à la capitale pour continuer leurs études. ». Il a ensuite estimé que P. André Masse est mort car victime de la haine et de l’ignorance, et a été assassiné afin qu’il reste un martyre dans la conscience des intellectuels et des hommes de science. « Je me souviens de l’avoir rencontré à Paris », a annoncé Pr Salim Daccache s.j. dans son mot en poursuivant : « Il m’avait demandé de venir avant le repas du soir pour parler du Liban, de l’USJ et de Saida là où il pouvait poursuivre ses années comme directeur du Centre d’études de l’USJ. La rencontre, je peux le dire aujourd’hui, fut bien saisissante pour moi et si j’ai donné des informations au P. André Masse ce jour-là, je peux dire que j’en ai appris de lui et de sa personnalité. « Ce n’était pas tellement la politique ou les programmes académiques ni l’histoire de l’USJ qui le préoccupaient, mais je peux dire que je suis sorti avec deux ou trois aspects que j’ai fortement gardés pour toujours de cette rencontre et de sa personnalité. Lorsqu’on a parlé politique je me souviens bien qu’il m’avait posé la question sur les chances de réconciliation au Liban et comment la Compagnie pouvait aider à réaliser cette tâche entre Libanais. Ce n’était pas la politique qui l’intéressait seulement, mais surtout le côté humain de la vie au Liban. André Masse faisait partie de cette génération de Jésuites, toujours bien présente jusqu’aujourd’hui, qui voit dans la mission d’être à la suite du Christ Jésus une vocation d’aller au-delà des frontières pour donner sa vie jusqu’au bout, sans calculer et sans regarder ce qu’on a laissé derrière soi. André Masse a donné sa vie pour que notre terre continue à témoigner de l’amour de Dieu et du prochain. Il a donné sa vie pour que la mission de l’USJ continue à fleurir et à porter des fruits dans cette terre du Liban Sud elle-même pétrie du sang de ses nombreux Martyrs du combat pour la liberté et la dignité. » Après les mots de ces intervenants, Monseigneur Elie Haddad a prononcé une prière sur la stèle près de l’olivier, dans le jardin du Centre. Par ailleurs, Pr Salim Daccache s.j. a octroyé la médaille des 140 ans de l’USJ à Mme Bahia Hariri, et la médaille de l’université à M. Georges Saad et M. Mohammad Seoudi maire de Saida représenté par M. Nizar Hallak. Quelques étapes de la vie du Père André masse s.j. 1940-1987 - Le 17 août 1940, naissance d’André Masse à Montbard, situé à l’est de la France. - A 18 ans, il entre dans la Compagnie de Jésus. - En 1962, il suit des études de Philosophie à Chantilly. - En 1969, il s’occupe du Centre de recyclage pédagogique pour professeurs au Collège d’Amiens et durant deux étés, continue ces mêmes activités au Caire au Collège de la Sainte Famille. - En 1969, il étudie la Théologie à Lyon-Fourvière et voyage en 1973 aux États-Unis pour compléter ses études à l’Université de Berkeley en Californie. - En 1972, il est ordonné prêtre à l’âge de 32 ans (à cette date, il demande à être envoyé au Proche-Orient et surtout il est attiré par le Liban). - En 1973, il est nommé Assistant-Professeur à l’École d’Ingénieurs ICAM de Lille. - De 1975 à 1982, il est Directeur de la revue « Études ». - Le 22 avril 1979, il prononce ses derniers vœux dans la Compagnie de Jésus. - De 1981 à 1985, il s’occupe de l’administration des revues de la Compagnie de Jésus en France (Fondation du Centre Assas- Éditions). - En septembre 1985, envoyé au Liban, il est nommé Directeur du Centre d’Études Universitaires du Liban-Sud, qui a été restauré et animé par ses soins. - En septembre 1987, il est nommé Adjoint au Recteur de l’USJ à Beyrouth. - Le jeudi 24 septembre 1987, à 9h40, il achève sa course sur cette terre, assassiné dans son bureau de l’Université à Saida (Bramieh).