« Patrimoine partagé ou patrimoine à usage identitaire », colloque entre l’USJ et le CISH

La séance inaugurale a eu lieu le 23 octobre au Campus des sciences humaines de l’USJ en présence du Pr Toufic Rizk, vice-recteur aux affaires académiques représentant Pr Salim Daccache, recteur de l’USJ
Lundi 23 octobre 2017
Amphithéâtre Pierre Y. Abou Khater - Campus des sciences humaines

Sous le haut patronage et en présence de S.E. M. Ghattas Khoury, ministre de la Culture, le Centre International des Sciences de l’homme de Byblos (CISH Byblos) et la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Saint-Joseph (USJ) ont inauguré leur colloque international « Patrimoine partagé ou patrimoine à usage identitaire » étalé sur deux jours (les 23 et 24 octobre 2017)

La séance inaugurale qui a eu lieu le 23 octobre  à l’Amphithéâtre AbouKhater du Campus des sciences humaines de l’USJ en présence du Pr Toufic Rizk, vice-recteur aux affaires académiques représentant Pr Salim Daccache, recteur de l’USJ, des professeurs venant du Liban, de la France, de la Jordanie, de l’Iraq et des étudiants; mais aussi de Dr Adonis Akra, directeur du CISH-Byblos, Mme Christine Babikian Assaf, doyen de la FLSH, Mme Mirande Khalaf, responsable de projet à la direction AUF - Moyen-Orient et représentante de M. Hervé Sabourin,  Directeur du bureau régional Moyen-Orient de l’AUF, de M. Jean-Luc Fournet, titulaire de la chaire « Culture écrite de l'Antiquité tardive et papyrologie byzantine » et
Professeur au Collège de France et M. Ghattas Khoury, ministre de la Culture qui ont prononcé des mots d’ouverture.

Ainsi Dr Adonis Akra  a indiqué les axes de travail du centre au niveau des sciences humaines et de la nécessité d’étudier « l’homme moderne et sa relation avec la nature et la société ainsi que ses exploits à travers l’histoire » ainsi que des questions autour du dialogue et du vivre ensemble entre les populations de différentes langues, cultures et systèmes sociaux. Dr Akra a aussi estimé que la coopération entre le Centre et les universités et autres centres de recherche est très bénéfique pour le centre.

De son côté, Mme Christine Babikian Assaf a souligné les deux raisons principales qui ont motivé le recteur à accepter la participation à ce colloque ; la première en est la thématique: la problématique de la conservation et de la survie du patrimoine dans notre région est au carrefour d’enjeux politiques, économiques, identitaires et religieux qui, aujourd’hui, plus encore peut-être que par le passé, font l’objet de remise en question, destruction et/ou appropriation; en questionnant l’avenir de ce patrimoine matériel et la relation des populations locales à ces biens légués par tant de civilisations qui se sont succédées, en essayant de proposer des approches innovantes pour son maintien et sa transmission, c’est aussi le vivre ensemble que l’on souhaite perpétuer, dans cette région marquée par sa diversité religieuse. Et c’est à cette tâche que l’Université Saint-Joseph, œuvre sans relâche, avec sa Faculté des sciences religieuses et son Institut d’études islamo-chrétiennes entre autres.

La seconde raison est le lien qui unit la Compagnie de Jésus au patrimoine du Proche-Orient; en effet, les Pères jésuites ont compté de nombreux missionnaires archéologues qui ont été autant de témoins de leur temps et des régions qu’ils ont inlassablement visitées, laissant un fonds photographique impressionnant de plusieurs dizaines de milliers de clichés, aujourd’hui conservé et en voie de numérisation et d’archivage à la photothèque de la Bibliothèque orientale. Parmi les œuvres des Jésuites, citons à titre d’exemple l’archéologie aérienne dont le Père Poidebart a été le pionnier, et qui a fait l’objet d’un ouvrage, ou encore le Musée de Préhistoire libanaise, unique en son genre au Moyen-Orient, et qui est rattaché à notre Faculté.

Puis Mme Mirande Khalaf a souligné la fierté de l’AUF de soutenir ce colloque notant que des méthodes d’entraide seraient proposées pour sauvegarder le patrimoine et le protéger de futures dangers.

Par ailleurs, M. Jean-Luc Fournet, a indiqué que ce colloque se fixe comme objectif d’identifier dans l’histoire du Proche-Orient et dans le Proche-Orient contemporain les facteurs qui ont entraîné la destruction de biens patrimoniaux et qui menacent encore ce patrimoine. « Vu l’ampleur du sujet et son caractère multiforme, nous avons souhaité croiser les regards : ceux d’historiens de toutes les périodes, d’archéologues, d’anthropologues, de conservateurs ou directeurs de musée. Tous ensemble et chacun à sa manière, nous essayerons de réfléchir sur les processus qui ont conduit à la mise en péril d’un site ou d’un monument vénéré et protégé pendant des siècles : un discours politique ou religieux, un pouvoir nouveau ou une force occupante, un zèle excessif voulant le valoriser (aménagement pour un tourisme de masse, hypertrophie d’un discours nationaliste et interventionniste sur le monument). Après avoir analysé les menaces repérées dans l’histoire et dans les sociétés contemporaines, il s’agira en fin de colloque de proposer un certain nombre de préconisations à même de contribuer à sécuriser ce patrimoine et de le prémunir de toute agression future. Ainsi face aux enseignements de l’histoire, au regard porté par les sociétés contemporaines du Proche-Orient sur leur patrimoine et à l’utilisation récente du patrimoine comme instrument de propagande politique et religieuse, ce colloque cherchera à proposer une façon nouvelle de considérer les biens patrimoniaux en les replaçant au cœur des sociétés du Proche-Orient. ».

Finalement Dr Ghattas Khoury a souligné : « nous sommes fiers de notre patrimoine au Liban, témoin de la civilisation de l’homme et ferons tout notre possible pour le protéger et le faire connaître au monde. »