La crise du pluralisme au Moyen-Orient et la gestion de la diversité

La Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Saint-Joseph et l’Ordre de malte Liban ont organisé, le 6 décembre 2017 au Campus des sciences humaines
Mercredi 6 décembre 2017
Campus des sciences humaines

La crise du pluralisme au Moyen-Orient et la gestion de la diversité

La Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Saint-Joseph et l’Ordre de malte Liban ont organisé, le 6 décembre 2017 au Campus des sciences humaines, un colloque intitulé « La crise du pluralisme au Moyen-Orient et la gestion de la diversité » Pr Salim Daccache s.j. recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, M. Jean-Arnold de Clermont, président de l’Observatoire Pharos-France, M. Marwan Sehnaoui, président de l’Ordre de Malte-Liban, Pr Joseph Maila, Pr Christine Babikian assaf, doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’USJ.

À la séance inaugurale, Pr Salim Daccache s.j. s’est d’abord exprimé en souhaitant la  bienvenue à ce colloque aux amis de l’Observatoire Pharos : « L’Observatoire « Pharos », comme institution et observatoire, se situe dans une démarche indépendante et un esprit libre pour analyser le pluralisme à travers la contextualisation des réalités culturelles et religieuses au service des acteurs du terrain et des organisations publiques ou privées. L’objectif et la méthode Pharos consistent à comprendre les crises actuelles et les conflits contemporains, traversés par de puissantes passions identitaires et des violences extrêmes qui révèlent le caractère durable et profond des mécanismes de fragmentation à l’œuvre dans la mondialisation. »

« Nous, USJ, ne pouvons que participer au travail de contextualisation et de réflexion sur le pluralisme, une contribution décisive aux processus d’apaisement qu’entreprend aujourd’hui l’Observatoire. » a-t-il enchainé. 

« Œuvrer à la compréhension des crises et des conflits contemporains pourrait constituer une contribution décisive aux processus d’apaisement. Le mot est dit : il est bon de travailler pour l’apaisement, mais il ne faut pas que cet apaisement soit l’étape qui prépare une nouvelle guerre et une autre flambée de violences. De plus, il est bon de signaler que, par l’émergence des identités, mêmes contradictoires, à la manière de Samuel Huttington, c’est la relation à l’autre qui devient le point central dans la marche de l’histoire, les religions elles-mêmes n’hésitant pas à faire de cette relation un élément fondamental parmi les questions existentielles qu’elles se posent. » a-t-il ajouté avant de conclure : « À mon sens, il faudra aller plus loin s’il l’on veut la liberté de conscience et le pluralisme et adopter une triple action : l’observation pour comprendre et analyser les causes structurelles traversant l’histoire et déclenchant la violence, action accompagnée d’une incitation contraignante et politique à la révision et la réinterprétation des textes sacrés, en fonction de la primauté de la relation respectueuse de l’autre, action qui, elle-même, se double d’un travail d’éducation et de formation de la conscience de chacun qui doit reconnaître l’autre tout en étant lui-même reconnu par l’autre. »

De son côté, M. Jean-Arnold de Clermont a indiqué : « face à la complexité des crises et des conflits contemporains marqués par la puissance des forces de fragmentation à l’œuvre de la mondialisation, par l’exacerbation des patiences identitaires, culturelles et religieuses, par la mise en spectacle sans limite des réalités y compris les plus violentes, par l’irrigation de la citoyenneté et des libertés religieuses et des convictions, nous croyons qu’il est essentiel de défendre le pluralisme culturel et religieux en s’engageant à éclairer sans a priori les réalités locales à comprendre les interdépendances, les trajectoires historiques, les comportements, à écouter la mémoire profonde des individus et des peuples, à contribuer au processus d’apaisement par le soutien aux victimes et l’accompagnement des défenseurs du pluralisme. Aussi essayons-nous d’être présents sur le terrain, de pratiquer une méthode fondée sur le croisement des regards, du savoir et du droit, de constituer des réseaux internationaux, d’observateurs référents, de produire des analyses à 360 degrés, et offrir des accompagnements personnalisés. » 

Par ailleurs, M. Marwan Sehnaoui s’est dit heureux de s’exprimer sur un sujet qui est la clé de voûte d’un monde meilleur pour les générations à venir. « Au 21e siècle, le progrès, la technologie, la philosophie sont importants mais que valent-ils si les hommes continuent à mourir parce qu’ils ne peuvent vivre ensemble » s’est-il interrogé avant de remercier l’observatoire Pharos de venir réfléchir à ce sujet en cette terre sainte du Liban multicommunautaire.