Prise de parole et identité dans les romans libanais de l'émigration (depuis la fin de la guerre civile)

Soutenance de thèse-Dima Samaha
Vendredi 23 février 2018
15h00
Bâtiment A, 9e étage - Campus des sciences humaines

Soutenance de thèse de Mme Dima Samaha 

NB: La soutenance aura lieu en vidéoconférence au 9è étage du Campus des sciences humaines (bâtiment A). Maximum 20 personnes

Résumé

La thèse de Doctorat porte sur un ensemble d’œuvres romanesques d’écrivains libanais issus d’une même génération (1959-1969), et dont les romans sont écrits et publiés après la Guerre civile libanaise (1975-1990), hors du Liban, en anglais et en francais. Cette thèse met en avant les aspects distinctifs de ces fictions qui relatent la double expérience de la guerre et de l’émigration. Cette double expérience se traduit par un ensemble de stratégies discursives. Les travaux sur l’analyse du discours de Ruth Amossy et Dominique Maingueneau ainsi que les apports de Peter Brooks sur la construction narrative en situation thérapeutique contribuent à notre analyse des stratégies narratives. La mémoire est également un biais par lequel le discours s’articule, et devient, dans ces romans, l’objet d’âpres tentatives de réappropriation : celles-ci nourrissent une exploration des genres (roman policier, roman de la route), et de mécanismes compulsifs tels que la dépression, la collection, ou un sens altéré de la réalité. La théorie du trauma de Cathy Caruth, l’application qu’en propose Anne Whitehead sur les productions littéraires, et les travaux de Maurice Halbwachs sur la mémoire collective et sociale nous éclairent sur les mécanismes mémoriels déclenchés. Parallèlement, ces romans s’inscrivent dans une tentative d’écriture de l’histoire par l’utilisation d’archives, la mise en fiction d’évènements réels et le choix d’une multiplicité de voix narratives. Ces recours appellent à une réflexion autour de la production de mémoires. Les stratégies narratives, les mécanismes mémoriels et l’écriture de l’histoire (individuelle et collective) sont autant de procédés qui trahissent un questionnement permanent autour de l’identité. Or l’identité dans le cadre de ces écritures ne peut être envisagée hors de la filiation, que celle-ci soit humaine, géographique, ou mémorielle. Les écritures libanaises de l’émigration, par leurs stratégies audacieuses, leurs techniques innovantes et leur volonté de représenter une double expérience complexe, contribuent à la modernité des littératures libanaises et mondiales, et surtout à l’impossibilité de réduire la fiction à des catégories fixes.

 

Abstract

The  PhD thesis focuses on works of fiction by Lebanese immigrant writers that are part of the same generation (1959-1969) and whose novels were written and published after the Lebanese Civil War (1975-1990), outside of Lebanon, in both English and French. The thesis sheds light on distinctive aspects of these novels all of which share the dual experience of war and emigration. This dual experience generates various discursive strategies analysed in Ruth Amossy and Dominique Maingueneau’s work on the analysis of discourse as well as Peter Brooks’s contribution to narrative construction in therapy framework. Memory is a mean through which narrative is articulated as it turns into the object of harsh attempts of re-appropriation. The novels nurture and explore different genres (detective novel, road novel) and compulsive mechanisms such as depression, collection, altered sense of reality. Trauma theory, as developed by Cathy Caruth, and its application to literary works, as discussed by Anne Whitehead, alongside the work of Maurice Halbwachs on collective and social memory, shed light on the mechanisms in which memory works in the studied novels. The novels are also part of an attempt to write history and draw on mixed material to do so: They use archives, fictionalise real events, and develop multiple narrative voices. These techniques lead to a reflection on historiography, the production of memories, and the traditional functions of reading. Narrative strategies, memory mechanisms, and the writing of history (individual and collective) are part of a process illustrating a permanent concern about identity. Yet, identity in these writings is intertwined with filiation, be it human, geographical, or linked to memory. Lebanese immigration narratives, through their audacious strategies, innovative techniques and willingness to represent a dual and complex experience, contribute to the shaping of both Lebanese and world literature’s modernity and more importantly to the impossibility of reducing fiction to fixed categories.