L’USJ adapte ses cursus à la mutation du marché de l’emploi

Le point sur ce plan avec le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l'USJ, dans L'Orient-Le Jour.
2 avril 2019
Rectorat

Nul ne saurait l’ignorer ou l’occulter, à l’ombre des développements technologiques vertigineux qui s’accélèrent à un rythme exponentiel, la demande sur le marché du travail connaît une transformation quasiment permanente. Fidèle à sa vieille tradition académique, l’Université Saint-Joseph relève le défi. Elle a entrepris d’accompagner cette mutation pour assurer à ses étudiants une place de choix sur le marché du travail. Le point sur ce plan avec le recteur, le père Salim Daccache.

Lamia DAROUNI

 

Quelle est votre perception des besoins du marché du travail au Liban et à l’étranger, en fonction de l’évolution des connaissances et du développement technologique ?

En ce qui concerne le marché libanais, nous assistons à une demande assez timide au niveau des nouvelles technologies dans la mesure où le ralentissement économique a des effets négatifs sur plusieurs secteurs, comme les banques et les hôpitaux. Toutefois, les besoins en diplômés dans les domaines des nouvelles technologies, de la mutation numérique ou aussi dans d’autres secteurs ne se limitent pas au Liban. Ces besoins se manifestent surtout dans les marchés étrangers. À l’Université Saint-Joseph, nous avons décidé d’accompagner cette mutation afin d’assurer à nos étudiants une place de choix sur le marché du travail. 

Quels sont les nouveaux cursus et les nouvelles formations que vous avez lancés, ou que vous envisagez de lancer, en fonction de votre perception des besoins du marché du travail au Liban et à l’étranger ?

Répondre aux besoins du marché peut se faire de deux façons : soit adapter et réformer de manière continue des cursus existants, soit envisager de nouveaux cursus. Dans le cadre de cette seconde option, nous lançons actuellement une licence en data science, une autre en communication et médias numériques, un master en intelligence artificielle, ainsi qu’un diplôme en contenu numérique arabe. Nous lançons également une licence en orthophonie en langue anglaise (la licence en langue française existe déjà), pour répondre à une certaine demande que nous avons décelée. Par ailleurs, face à la demande perceptible au niveau des étudiants, l’école d’architecture de la faculté d’ingénierie sera lancée de nouveau à partir de septembre prochain.

Avez-vous des contacts avec des entreprises pour prospecter leurs besoins au niveau de l’emploi ou en matière de formation universitaire ? 

De nos jours, l’université ne peut plus maintenir sa mission sans un lien continu avec les entreprises libanaises ou autres, au plan aussi bien régional qu’international. 

Nous avons des contacts avec des dirigeants d’entreprise au niveau du rectorat, qui comprend un vice-rectorat à la recherche scientifique, de manière à entretenir des relations avec les entreprises industrielles afin de mener dans un esprit d’entrepreneuriat des projets de recherches bénéfiques pour les deux parties.

Nous avons mis en place un service d’insertion professionnelle qui œuvre à placer les étudiants en stage ou à leur trouver un emploi définitif. Ce service organise des jobs fair, au cours desquelles les étudiants rencontrent et s’entretiennent avec des représentants d’entreprises. Le service gère aussi une plateforme électronique regroupant les offres d’emploi des entreprises, ainsi que les demandes d’emploi des étudiants. Il prépare actuellement une initiative Focusjobs qui permet aux entreprises de suivre le profil d’un étudiant, de le recruter pour des stages, puis pour un emploi définitif. 

D’autres canaux de contact avec les entreprises sont établis au niveau des institutions qui ont chacune dans leur organigramme un conseil consultatif composé de représentants du marché du travail et d’anciens étudiants. Son rôle est de renforcer les liens entre l’institution et le marché du travail, notamment en adaptant les formations aux besoins, mais aussi en explorant les possibilités de stage et d’emploi.

Quels sont les avantages et les ouvertures qu’offre l’université aux étudiants au niveau des échanges et des partenariats établis avec les universités étrangères ? 

Nous avons établi plus de 300 conventions avec des universités étrangères, et quelque 220 étudiants de l’extérieur sont venus étudier à l’USJ. Nos étudiants peuvent aussi poursuivre leurs études dans les universités étrangères et obtenir un double diplôme. Ils sont soutenus dans leur déplacement par le service des relations internationales, que ce soit financièrement ou pour les questions pratiques qui peuvent être difficiles à gérer par les jeunes. 

Dans quelle mesure cette coopération entre l’université et les universités étrangères offre-t-elle des opportunités nouvelles aux étudiants en matière d’accès au marché de travail ? 

L’ouverture sur l’étranger élargit les horizons pour nos étudiants et les rend aptes à saisir plus d’opportunités. Malheureusement, certains restent à l’étranger où ils sont appréciés pour les qualités qu’ils ont acquises durant leurs études, notamment en ce qui a trait à leur discipline, leur pragmatisme, la facilité qu’ils ont à établir des relations et leur trilinguisme bien affirmé. Mais ceux qui rentrent au pays sont mieux armés et peuvent prétendre à des postes plus intéressants, forts de l’ouverture que leur a donnée leur mobilité.

Où en sont les universités au niveau de l’enseignement en ligne? Quelles sont les facilités que votre établissement assure aux étudiants afin de les aider à poursuivre leur formation tout en travaillant, en cas de besoin ?

Nous avons des pratiques d’enseignement en ligne et surtout un enseignement mixte où le présentiel accompagne le virtuel. Mais l’enseignement en ligne ne peut prendre toute son ampleur tant que la loi libanaise ne l’admet pas comme un moyen d’enseignement équivalent à l’enseignement présentiel. 

Avec la situation économique actuelle, un nombre important d’étudiants se trouvent dans une situation qui les contraint à travailler tout en poursuivant leurs études. Grâce à la flexibilité du système ECTS, qui est le système européen de crédits, l’étudiant peut choisir le nombre de crédits auxquels il s’inscrit et peut doubler la durée de son cursus (6 ans au lieu de 3 pour la licence). Les programmes de master sont donnés, eux, les après-midi pour permettre aux étudiants de travailler durant la journée. La formation en assurance planifie les cours l’après-midi depuis la première année de licence pour permettre aux étudiants de travailler tout en poursuivant leurs études.