Le Chœur de l'USJ au Beirut Chants Festival

Samedi 21 décembre 2019

In L'Orient-Le Jour (Samedi 21 décembre 2019)
Un oratorio de la (re)naissance pour Beyrouth...

BEIRUT CHANTS

Dimanche soir, en clôture de la 12e saison du festival Beirut Chants, « Le Messie » de Haendel, avec quelques musiciens de l’Orchestre philharmonique libanais ainsi que le chœur de l’Université Saint-Joseph et trois solistes. À la baguette : la jeune chef Yasmina Sabbah.

Dans un paysage de crise et de révolte sociale aiguë de plus de deux mois, après plus de vingt jours de musique et de culture, guère un luxe en ces temps troubles, mais une gageure et un pari audacieux et réussis, Beirut Chants propose au public, en clôture à son festival, à l’église Saint-Joseph, Le Messie, le plus bel oratorio de Haendel (à 21h). Avec quelques musiciens de l’Orchestre philharmonique libanais ainsi que le chœur de l’Université Saint-Joseph (USJ) et trois solistes : Marie-Josée Matar, soprane, Matteo el-Khodr, contre-ténor, et Haitham Haïdar, ténor. À la baguette, la jeune chef Yasmina Sabbah, comme pour confirmer, avec l’air des jours de fronde, que la « thaoura » est femme…

Le Messie de Haendel donc, dans toute sa splendeur, non dans sa longueur initiale (2h30) mais dans une version expurgée…

Dédié à la Résurrection du Messie et à la Rédemption, cette œuvre, tout en racontant la vie du Christ, de sa naissance jusqu’à sa mort, avec le temps, a glissé de la période de Pâques à celle de la Nativité en étant souvent donnée en extraits choisis selon le calendrier liturgique, juste avant Noël…

Écrit à Londres en 1741, lorsque le compositeur allemand devenu sujet britannique et vedette était au service de la reine Anne Stuart, cet oratorio a pour livret un texte en anglais de Charles Jennens inspiré de la Bible. Œuvre de musique sacrée par excellence qui a dépassé le cercle de l’église et échappé à bien des classifications en provoquant controverses et tempêtes dans le passé, cet oratorio combine toutes les ressources dramatiques de la scène avec l’atmosphère clinquante de l’art lyrique en moins. Dépouillement théâtral pour une dimension et une écoute nouvelles, comme si l’art lyrique, pour le compositeur des opéras de Jules César et Orlando, toujours d’une intense nostalgie pour les feux de la rampe et des tréteaux, était resté en veilleuse et en coulisses…

Loin de la vraie prière ou du recueillement et du silence, cette œuvre de Haendel, une des plus belles expressions de la musique baroque pour ne pas dire son apogée, donne aujourd’hui aux auditeurs un lustre nouveau, une grande lumière et un rai d’espoir.

Pour des jours meilleurs, une aube nouvelle, une résurrection, une (re)naissance, les épreuves de la douleur, la victoire sur l’éphémère, la joie de donner et de communier en toute transparence avec les hommes de bonne volonté. Par-delà toutes les clameurs d’une ville livrée à tous les désordres et toutes les anarchies, tendez bien les oreilles, oui, en tout élan de paix, la musique peut dire tout cela à travers cet éblouissant oratorio de Haendel au faîte de son art.

À l’église Saint-Vincent-de-Paul

Lundi 23 décembre, en l’église Saint-Vincent-de-Paul du centre-ville (place des Martyrs, près de l’Œuf), dans son état délabré mais illuminée d’espoir, un concert « Hymne à la paix » à ne pas rater. Le chœur de l’USJ, sous la direction de Yasmina Sabbah et avec le Pr Gabriel Khairallah comme récitant, donne des extraits du Messie de Haendel, des chants de Noël et des lectures et prières pour la paix, dès 20h30. Entrée gratuite et libre contribution (les dons serviront à lever des fonds pour la restauration de l’église de la Société de Saint-Vincent de Paul).