Michel Eddé

Michel Eddé s’est éteint à 91 ans, le 3 novembre 2019.
Dimanche 3 novembre 2019

Homme de dialogue prônant la coexistence de toutes les composantes de la société libanaise, Michel Eddé s’est engagé pour un Liban de la modération et du vivre ensemble. Il a œuvré à établir des ponts avec tous ses compatriotes, cherchant à servir l’idéal qui était le sien, celui d’un Liban indépendant, fort de sa diversité, de son identité culturelle multiple et de son plurilinguisme.

Grand avocat d’envergure internationale, homme de foi et de culture, Michel Eddé était aussi doté d’un humour corrosif et d’un sens profond de l’engagement et de générosité.

Né en 1928, dans une grande famille maronite de Beyrouth, Michel Eddé a été élève au Collège secondaire des pères jésuites de l’Université Saint-Joseph pour intégrer par la suite la Faculté de droit de l’USJ et obtenir la licence en droit en 1948.

Plusieurs fois ministre, il a joué un rôle politique de premier plan à des périodes sensibles de l’histoire du pays de même que son nom a figuré à plusieurs reprises comme étant un des Présidents potentiels du Liban. Ainsi, il fut ministre de la Poste et des Télécommunications et ministre de l’Information entre 1966 et 1968, ministre de l’Information entre 1980 et 1982, et ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur entre 1992 et 1996. Entre 1996 et 1998, il est nommé ministre d’État sans portefeuille. Lors de ses passages au gouvernement, il a œuvré pour la modernisation des télécoms, agi en faveur du patrimoine architectural de Beyrouth et lutté contre le dévoiement de l’enseignement supérieur.

S’étant donné pour mission de préserver l’identité de la Communauté Maronite et de sa diaspora, il a été Président de la Ligue maronite de 2003 à 2007 ainsi que fondateur et Président de la Fondation Maronite dans le monde de 2006 à 2016.

Son souci permanent du vivre-ensemble et d’ouverture à l’autre lui a valu d’être élu vice-président de la Fondation druze al-Erfane ; alors que son engagement associatif l’a amené à présider l’Association des Restaurants du Cœur, créée en 1983, en pleine guerre civile, par Charles Helou.

Passionné de francophonie, Michel Eddé a défendu le maintien du français comme première langue étrangère dans l’enseignement et a assuré la pérennité de la presse francophone quotidienne en rachetant L’Orient-Le-Jour en 1990. Ainsi en reconnaissance à une longue et éminente carrière, Michel Eddé avait été élevé au grade de Grand Officier de la Légion d’honneur en 2012.

Michel Eddé a été Vice-recteur et membre du Conseil stratégique de l’USJ. Un prix portant son nom a été lancé auprès de l’Observatoire de la Fonction publique de la bonne gouvernance de l’USJ, en 2017, pour la meilleure thèse de doctorat portant sur la bonne gouvernance publique. Homme au grand cœur généreux, il restera dans la mémoire de nombreuses générations d’étudiants et d’Anciens de l’Université comme l’homme aimant et solidaire qui leur a accordé son soutien pour leur permettre de poursuivre leurs études.