USJ: lorsque tendre la main aux autres est un acte collectif de résistance et de survie

Le service de la vie étudiante de l’USJ a lancé début avril une initiative unique dans le secteur universitaire au Liban: le Kit de SurVie étudiante.
Samedi 13 juin 2020

Par Lamia Sfeir Darouni, in L'Orient - Le Jour, samedi 13 juin 2020.

C’est le désir d’aider les familles dans le besoin, en cette période si difficile, qui pousse Sami Kais, étudiant en 5e année de médecine à l’USJ, à s’engager dans l’initiative humanitaire «Ketfé bi ketfak», initiée par le club laïque de l’USJ et de l’AUB à la fin du mois de mars. Une initiative qui constitue l’un des quatre axes du programme «Kit de SurVie étudiante» lancé par le service de la vie étudiante de l’USJ (SVE) il y a quelques semaines, les autres étant: «El-jar abel el-dar», «Quarantine Fun» et «Things I Always Wanted to Do».

«Cette cellule a pour but de venir en aide à 150 familles démunies et affectées par les circonstances économiques actuelles en leur assurant des colis alimentaires. Nous sommes une cinquantaine de volontaires qui ont participé tous à la révolution d’octobre», indique Sami Kais sereinement, en se rappelant la réaction des personnes aidées lors de la distribution des colis et le sourire des enfants qui couraient autour des boîtes alimentaires. Et de poursuivre: «Je ne m’attendais pas à voir autant de misère. Il y a des gens qui n’ont strictement rien à manger. C’est terrible. Tout cela m’a donné à réfléchir sur ma condition d’étudiant privilégié dans une université privée, et la condition de ces familles, tellement désastreuse. Le plus révoltant, c’est que nous faisons le job de l’État. Le jour où les cours reprendront, je ne sais pas qui s’occupera de ces familles !»

Suite au succès de cette initiative et vu la misère grandissante, les différents clubs de l’USJ décident à leur tour d’offrir un soutien à cette campagne en collaborant avec le service de la vie étudiante dans la collecte des denrées alimentaires.

« Une cellule USJ en mission, formée d’étudiants, de membres des clubs, d’employés de l’université bénévoles, de membres de l’aumônerie générale et du SVE, avec le soutien de l’Hôtel-Dieu de France, s’est formée en urgence et a établi son quartier général dans le campus des sciences médicales», explique la présidente du club laïque de l’USJ, Verena el-Amil. Répondant à l’esprit jésuite qui a pour mission de «toujours faire plus», les étudiants bénévoles redoublent alors d’efforts. «Ils ont créé un lien sur Facebook pour collecter les dons, raconte Georges Fata, agent de communication et de marketing du SVE. Ils ont entrepris des levées de fonds auprès des ministres, des députés, des anciens de l’USJ, sollicitant également l’aide des fournisseurs pour offrir des denrées alimentaires qu’ils regroupent dans les locaux du campus des sciences médicales. Les volontaires distribuent les colis en prenant toutes les mesures sanitaires nécessaires pour ne pas contaminer les familles et les personnes âgées.»

Et de conclure fièrement: «En deux mois, “Ketfe bi ketfak” a distribué des boîtes alimentaires à plus de 1250 familles dans toutes les régions du Liban, du nord au sud, en passant par les banlieues excessivement pauvres de la capitale.» Et toujours dans le même esprit d’initiative et d’entraide qu’offre ce kit, «El-jar abel el-dar» propose des actions qui incitent les jeunes à «être à l’écoute de l’autre, aider les voisins dans ce temps de crise sanitaire, rendre service au prochain». «Souvent nous faisons les courses pour les personnes âgées qui n’arrivent pas à sortir et nous aseptisons tous leurs paquets avant de les ranger, raconte Rita el-Bacha, étudiante en 4e année à l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques de l’USJ (Iesav). Mon frère a eu, lui, l’idée de brancher un haut-parleur 
sur le balcon de notre maison, en retransmettant, tous les soirs à 18 heures, des chants liturgiques pour les gens qui n’arrivaient plus à aller à la messe.

Cela a mis un peu d’ambiance chez toutes ces personnes confinées dans leur maison. Par la suite, c’est la musique de la chanteuse Elissa que nous leur mettons sur le balcon à 15 heures. Tous les voisins se retrouvent ravis d’avoir un peu de gaieté dans cette période si difficile.» 

Quarantine Fun: pour assurer un bien-être aux étudiants 
«Au-delà du côté humanitaire présenté dans le Kit de SurVie étudiante, c’est un contenu de qualité que les clubs de l’USJ ont voulu également offrir à leurs étudiants pour leur permettre de mieux vivre ces longues heures de confinement», explique encore Georges Fata. Ils présentent chacun, dans son domaine d’activité, des outils et des idées à leurs étudiants. Le Club Inclusion lance des actions sur les réseaux sociaux sous le slogan «ALL INcluded», pour permettre la connaissance virtuelle du concept de l’inclusion des personnes présentant des besoins particuliers. Le club de la santé mentale lance la campagne «Arib_mn_b3id», qui permet aux membres d’être «proches» les uns des autres, au sens de l’écoute, du partage, de l’empathie et du soutien malgré l’éloignement physique. Le Club Renaissance décide de réaliser en ligne le plan de l’an 2019-2020 à travers des séries de photos et de vidéos montrant des infos simples et claires sur le sujet choisi, par le moyen d’expositions sur Instagram. «Things I Always Wanted to Do», le 4e axe de ce Kit SurVie étudiante lancé à travers Campus-J, le journal officiel des étudiants, propose, lui, une rubrique spéciale qui permet de promouvoir le développement personnel, en motivant les jeunes à terminer des tâches à la maison qu’ils n’ont jamais eu le temps de faire avant. Autant d’initiatives qui permettent à tous ces étudiants de se retrouver malgré la distance et l’éloignement, et surtout d’offrir une aide si précieuse à leurs proches et au pays, en ces moments si difficiles.