Conférence de presse du Rassemblement de 11 universités privées au Liban

Mercredi 22 juillet 2020

C'est lors d'une conférence de presse regroupant le Rassemblement de 11 universités privées du Liban, tenue à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, que la sonnette d'alarme a été tirée : l'enseignement supérieur au Liban est en danger, et des actions doivent être entreprises en urgence.

La conférence de presse s’est tenue le mercredi 22 juillet 2020 à 12h30 à l’amphithéâtre Pierre Y. AbouKhater – USJ (Campus des sciences humaines). Y étaient notamment abordées : la situation du secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur au Liban, les difficultés auxquelles il est confronté, et les mesures et solutions à entreprendre pour tenter de le sauver.

A l’issue de la conférence, une déclaration qui expose les principaux problèmes de ce secteur et ses demandes les plus pressantes a été diffusée.

Ce rassemblement a regroupé Dr Fadlo Khuri, président de l’Université américaine de Beyrouth (AUB),  Pr Salim Daccache s.j., recteur  de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), Dr Joseph Jabbra, président de l’Université libano-américaine (LAU), P. Michel Jalkh, président de l’Université antonine, Dr Élias Warrak, président  de l’Université de Balamand-Koura,  Pr Amr el-Adaoui, président de l’Université arabe de Beyrouth, Mme Dina al-Maoula, présidente de l’Université islamique du Liban (IUL),  P. Khalil Chalfoun, recteur  de l’Université La Sagesse,  Pr  Talal el-Hachem, président de l’Université du Saint-Esprit de Kaslik (USEK),  Dr Pierre Najm, président de l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU) et Dr Paul Haidostian, président de l’Université Haigazian.

Communiqué du Rassemblement des 11 universités au Liban
L’Enseignement supérieur au Liban est en danger. Des actions doivent être entreprises en urgence

En cette année du Centenaire de la création de l’État du Grand Liban, le Liban passe par une période très critique et fait face à un danger réel qui pourrait mener à un changement radical affectant principalement son visage humain si les efforts ne sont pas réunis pour le sauver en toute urgence. Ce danger menace aujourd’hui le secteur de l’enseignement en général et l’enseignement supérieur en particulier, en raison des graves crises économique, politique et sanitaire qui frappent le Liban. Sans oublier les problèmes et revendications éducatifs, cumulés au fil des années et qui n’ont jamais reçu l’intérêt requis pour les résoudre de la part des instances officielles concernées.

L’enseignement supérieur est un des principaux piliers de la société ; c’est à lui que l’on doit la construction et le développement du Liban et du monde arabe. C’est ainsi qu’il a contribué, tout au long de son histoire, à travers le savoir prodigué et les recherches scientifiques entreprises, à la formation de ressources humaines compétentes, véritable capital libanais. Les universités libanaises ont préparé et formé les élites dans les différents secteurs (social, politique, économique, administratif, de la santé, éducatif, juridique, les ingénieurs, les experts scientifiques et bien d’autres), voire tous ceux qui sont à la base de toute société et l’espoir en son avenir.

Face à cette situation dangereuse et pour sauver notre mission commune, nous, le Rassemblement des 11 universités au Liban, tirons la sonnette d’alarme et invitons l’État libanais, la Présidence de la République, la Chambre des députés et le Conseil des ministres à :

1- Devoir respecter la mission et le rôle des universités qui prennent sur elles le secteur de l’enseignement supérieur au Liban. Ces universités doivent être considérées comme des partenaires efficaces impliqués dans les prises de décisions relatives à l’avenir de ce secteur et qu’elles ne soient pas marginalisées dans le cadre de l’action du Conseil des ministres libanais, et plus précisément le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

2- Veiller à l’application des textes de lois en vigueur, notamment :

  • la loi numéro 285/2014 relative aux règlementations générales de l’enseignement supérieur et son organisation dans le cadre des prérogatives du Conseil de l’enseignement supérieur ;
  • le décret numéro 2176 en date du 12/1/2018 relatif à l’octroi de licences et de permissions pour enseigner, reconnaitre et renouveler la validité des diplômes octroyés par les institutions d’enseignement supérieur privées.

3- Respecter les procédures et les recommandations administratives et techniques émanant de l’ensemble des Commissions spécifiques à l’enseignement supérieur que ce soit pour accorder ou refuser les licences aux universités pour ouvrir de nouvelles branches ou pour lancer de nouvelles spécialisations, sans aucune exception. Cette démarche impose l’annulation immédiate des décrets qui ont légalisé dernièrement l’ouverture de nouvelles branches universitaires ; décrets que les Commissions techniques avaient refusé de valider. Sans oublier le fait que le Conseil de l’enseignement supérieur avait suspendu toutes les licences des branches et universités durant le mois d’octobre 2019. Ignorer ce constat engendrera le recours aux instances juridiques spécialisées, selon les principes de l’égalité et de la non-distinction, tels que stipulés dans la Constitution libanaise.

4- Désigner un Directeur général de l’enseignement supérieur, à qui incomberait la tâche de l’organisation du travail à l’intérieur de la Direction et la prise des décisions adéquates en ce qui concerne les dossiers relatifs aux licences des nouveaux programmes et qui sont en suspens depuis plusieurs années, sans aucune justification technique ou légale ; et émettre les décisions relatives à la mise en œuvre des diplômes qui ont déjà été approuvées. Cette perturbation et cette procrastination auront un impact négatif sur l’avenir des étudiants inscrits dans les universités et celui de leurs diplômés.

5- Insister sur l’importance de l’avancement des lois sur l’enseignement supérieur dans le cadre d’un plan stratégique qui mène aux meilleures pratiques et aux courants modernes, en particulier la Loi sur l’assurance qualité et la Loi sur l’enseignement numérique à distance.

6- Tenir compte du dilemme économique, surtout les difficultés financières auxquelles fait face le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Il est ainsi nécessaire de préserver la durabilité et la continuité des établissements d’enseignement libanais. La nécessité d’une coordination entre le gouvernement et les universités s’impose dans l’élaboration de lois et de décisions financières qui détermineront le sort de l’enseignement supérieur au Liban afin de faciliter le travail des universités qui assurent l’enseignement supérieur avec la qualité qui caractérise le Liban. Cette coordination se réalise à travers :

  • la levée des restrictions imposées par les banques sur les dépôts des universités ;
  • la libéralisation des opérations bancaires et des transferts de devises pour couvrir les dépenses opérationnelles des universités et leurs achats requis pour leurs laboratoires, leurs centres de recherche scientifique et autres ;
  • l’annulation de toute garantie bancaire exigée pour lancer de nouvelles formations et la libération des garanties existantes.

7- Soutenir les universités responsables de la gestion et du fonctionnement de centres de santé qui assurent des services de santé et médicaux au Liban, qui sont aujourd’hui en danger en raison des problèmes économiques. Ces centres souffrent de l’absence du remboursement de leurs dus par l’État. Si cette réalité amère se poursuit et perdure, ces centres se verront obligés de licencier un grand nombre de leur personnel.

8- Accorder tout le support nécessaire à l’Université libanaise et la soutenir dans les défis auxquels elle est confrontée ; et renforcer sa présence dans toutes les régions libanaises ; car les réformes recherchées et souhaitées par le Rassemblement des 11 universités doivent servir toutes les universités libanaises, en particulier les universités à but non lucratif. L’Université libanaise a un rôle fondamental et essentiel dans le secteur de l’enseignement supérieur, aujourd’hui et dans le futur.

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