Lancement du
« Forum de la bonne gouvernance »

Mercredi 4 novembre 2020
Collaborateurs
  • Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS)


Dans le cadre des travaux visant au renforcement de la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption dans les secteurs public et privé, l'Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance (OFP) de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), en coopération avec la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS), a lancé le mercredi 4 novembre 2020 le « Forum de la bonne gouvernance » sur le Campus des sciences sociales de la rue Huvelin.

Le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ, qui a lancé les travaux du Forum, a prononcé un discours d’ouverture dans lequel il a estimé que « les Libanais ont échoué et n'ont pas été en mesure d'établir les fondations nécessaires pour la constitution de l'État, et voilà que, pour cette raison, nous sommes aujourd'hui confrontés à un danger existentiel. »

« Si les conflits régionaux, ajoute Daccache, sont importants dans la déstabilisation des fondations de l'État libanais, il n'en reste pas moins que la corruption qui sévit dans la structure du système politique libanais actuel basé sur les quotas et le clientélisme, joue un rôle majeur dans l'effondrement de l'État. Nous ne parlerons pas de la corruption qui peut être éliminée par le pouvoir judiciaire, mais plutôt de la corruption inhérente au système confessionnel. »

Le peuple libanais, martèle-t-il, aspire « aujourd'hui à un État capable d'assumer ses responsabilités et de fournir à ses citoyens, ce qui est mis à la disposition de tous les peuples des pays du monde démocratique en ce qui concerne les composantes de la bonne gouvernance, tels que l'État de droit, la responsabilité, l'intégrité, la transparence et l'accès à l'information. »

Quant au rôle de l’USJ dans la promotion de la bonne gouvernance, le recteur a précisé que « les Jésuites et l'Université Saint-Joseph de Beyrouth ont cru aux principes de la bonne gouvernance, ont jeté ces bases dans leurs performances et leurs comportements, et ont travaillé à les diffuser, en particulier parmi les étudiants et les jeunes, afin de leur fournir les moyens de construire leur avenir et celui du Liban ». La mise en place de l'OFP cristallise la volonté de l'université de proposer des réformes fondamentales du système, et un changement de ses pratiques destructrices qui poussent les jeunes à émigrer, conclut le recteur de l’USJ.

Le député Yassin Jaber, président de la sous-commission parlementaire pour l'étude de la loi des marchés publics, a prononcé un discours dans lequel il a indiqué que cette initiative intervient à un moment où il faut impérativement exiger une bonne gouvernance après avoir tout essayé au cours des dernières décennies, et c'est ce qui nous a amenés à l'effondrement, soulignant qu'il n'y a "pas de bonne gouvernance au Liban".

"Le problème aujourd’hui, poursuit Jaber, est de savoir comment nous pouvons nous assurer que chaque loi promulguée par le Parlement sera mise en œuvre. Par conséquent, il y a quelques années, nous avons proposé de créer un comité chargé de suivre la mise en œuvre de cette loi. »

Jaber a souligné aussi que "le retour à la bonne gouvernance est une sortie obligatoire de la crise dont nous souffrons, et le premier élément de tout programme de soutien au Liban est de mettre en œuvre des réformes". Il a appelé à un partenariat entre l'OFP et le Parlement pour la plus grande coopération possible, afin que les jeunes puissent avoir un aperçu du travail législatif.

À son tour, le député George Okais a déclaré: « La bonne gouvernance présuppose la participation de la population à la prise de décision, la prestation de services gouvernementaux efficaces, le respect des droits de l'homme et un gouvernement transparent, productif et responsable ».

Okais a également souhaité que le forum, à travers un contact étroit avec le Parlement, mette en place un suivi des projets de gouvernement électronique, en raison de sa grande importance pour le développement du Liban, de la lutte contre la corruption, de l'indépendance judiciaire et les droits de l'homme, de la transparence dans la gestion des deniers publics et du développement sous tous ses aspects. 

Le Dr Malté Gaier, directeur de la Fondation Konrad Adenauer au Liban, a remercié l'Université Saint-Joseph pour son travail et s'est félicité de cette coopération dans l'intérêt de la Fondation, de l'Université et du citoyen libanais. Il a également parlé du forum, qui occupe une place importante dans les objectifs de la Fondation au Liban.

De son côté, le Pr Pascal Monin, directeur de l'Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance, a annoncé que « dans le cadre du rôle de l’OFP dans la promotion des principes de bonne gouvernance et sur la base du rôle historique de l'USJ dans la construction de la société, et alors que la réalisation de cet objectif fait face à de grands défis, l’Université Saint-Joseph a décidé d'ouvrir la voie à un large débat sur les questions brûlantes du Liban d’aujourd’hui. »

« À cet égard, ajoute Monin, je souhaite affirmer mon adhésion à l’ancrage du concept de bonne gouvernance dans l’esprit des jeunes, en particulier les étudiants, à travers les valeurs jésuites basées sur la lutte contre la corruption, la protection des libertés fondamentales et la construction d’un État de droit ».

Et de déclarer : « Le lancement du Forum depuis le cœur même de Beyrouth qui a « explosé » avec l'explosion du Port le 4 août dernier s’inscrit dans ce cadre. Cette initiative représente un message d’espoir et de foi inébranlable de l'Université Saint Joseph et de l’OFP, que la résurrection est inévitable, que la vie reprend toujours le dessus, plus forte et plus lumineuse et que Beyrouth ne meurt jamais ».

« Le Liban, martèle le directeur de l’OFP, a payé cher l’absence de bonne gouvernance qui a été remplacée par la logique des quotas et du clientélisme et qui nous ont amené à l’état catastrophique dans lequel nous vivons. Il n'est pas étonnant que toutes les solutions pour une sortie de la crise, dont l’initiative française, se soient concentrées sur les éléments de la bonne gouvernance comme condition de la réforme et de la relève du pays. Sur cette base, le nouveau gouvernement devrait adopter cette logique comme fondement de son action et de sa politique. »

Une fois la séance d'ouverture terminée, les députés Yassin Jaber et George Okais, Mme Lamia Moubayed Bissat, présidente de l’Institut des finances Basil Fuleihan, du ministère des Finances, Dr. Jean Ellieh, directeur général du service des appels d'offres à l’Inspection Centrale, et M. Karim Daher, avocat, fiscaliste et président de l’Aldic, ont entamé la première session sous le titre "La loi sur les marchés publics comme base d'une bonne gouvernance", qui a été diffusée en direct sur Facebook et l'application "Zoom".

Le Pr Pascal Monin a ouvert la première séance de discussion, animée par le Dr Charbel Maroun, journaliste et professeur d'université, qui a transmis les questions du public participant au dialogue via Internet à ses invités.

Créé en 2015, l’OFP vient soutenir toute initiative visant à favoriser la bonne gouvernance, dans ses volets politique, institutionnel et administratif. L’OFP entend ainsi agir en faveur des principes démocratiques de l’État de Droit, de la transparence, de la lutte contre la corruption et de la citoyenneté, depuis le cercle académique que constitue l’USJ, dont la tradition a de tout temps contribué à développer ces valeurs au Liban et qui continue d’être un lieu de débat intellectuel et politique pour les jeunes, ouvert à toute la société.

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