La géopolitique de la faim et l’ordre cannibal des monstres froids

Ali BDEIR
Jeudi 26 novembre 2020
Organisateurs


Dans un système international désespérément politico-militaire là où il devrait être social, depuis Adam et Ève, jamais un système social n’a été inventé par l’homme qui ait connu un tel degré d’inégalités, d’exclusion et de marginalisation. Depuis la mondialisation et l’inclusion, quel est l’enjeu international qui, de manière écrasante, domine tous les autres ? La faim dans le monde. Le droit à l’alimentation est le droit le plus brutalement violé. La faim dans le monde fait six millions de morts, on dénombre presque un milliard de personnes mutilées par la faim ou la sous-alimentation. L’équivalent de 2800 morts toutes les trois heures, triste bilan de l’attaque du 11 Septembre 2001. La faim fait huit attaques sur le World Trade Center tous les jours. Face à cette destruction massive à laquelle on assiste à présent, les États démocratiques, ou pour rendre gorge, les “démocratures”, sortent leurs pauvres béquilles malhabiles. 

Qui sont les criminels ? On meurt de faim pour une multitude de raisons. Mais toutes ces causalités sont ipso facto liées à l’homme. 

En prélude, la conversion de l’agroalimentaire en agrocarburant. Là, ce sont surtout les ayatollahs des pays du Nord (États-Unis et Union Européenne) qui s’arrogent à tombeau ouvert le droit d’exploiter les ressources. L’Afrique sahélienne en est, nolens volens, le réservoir et le sépulcre. 

Dans cette même logique, il ressort une extraordinaire monopolisation des richesses mondiales. Les dictatures cannibales du capital financier transcontinental dictent leur volonté aux États les plus puissants du monde. Les 500 plus grandes sociétés multinationales privées contrôlent plus de la moitié de la richesse mondiale (de la Banque Mondiale jusqu’à Nestlé). 

En sus, les guerres et conflits intestinaux, surtout en Afrique et Moyen-Orient. Certains gouvernements ont “l’art d’utiliser la faim” et n’hésitent pas à affamer volontairement des populations pour attirer et détourner l’aide alimentaire. L’aide alimentaire alimente la faim sans le vouloir, cercle infernal dans lequel les populations sont prises en otage. Stratégie mise en œuvre par le Président de la République du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso, qui s’est embarqué pour Cythère depuis plus de 30 ans ; sa lune de miel avec les paradis fiscaux semble imperturbable. En même temps, 80% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de 1 $ par jour). 

Nonobstant ce bilan cataclysmique, selon l’agence de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), l’agriculture actuelle est capable de nourrir 12 milliards d’individus. Le système international joue avec deux termes paradoxaux: ordonnancement et chaos. 

Comment briser les structures meurtrières ? Un moratoire sur les exploitations ? Une mobilisation des grandes démocraties ? Notre monde est un monde de désordre, qui oscille entre un système de plus en plus ordonné et un désordre produit par les garants mêmes de cet ordre. Toute autre considération semble être dépourvue d’intérêt

“La route est bordée de cadavres mais mène à la justice” dixit Jean Jaurès. Mais d’ici là, méditez sur les cinq secondes fatales, ô combien précieuses…