Trop c'est trop !

Edward SFEIR
Mardi 1 décembre 2020
Organisateurs


C’est en entrant dans mon bureau un matin que je le vis agonisant sur le sol dans une mare de sang ; mes chaussures blanches ne faisaient désormais plus qu’un avec le liquide écarlate :  il s’agissait bien d’un meurtre.

Avec beaucoup de peine et un cœur lourd je le relève, l’allonge sur mon bureau et le nettoie à l’aide de mon foulard en soie blanche.

Mon stylo a bien été la victime de ce meurtre ! Victime de l’oppression, victime du contrôle incessant exercé sur les journalistes et le contenu qu’ils publient, victime des injustices qui submergent ce pays.

C’est avec ce même stylo qu’aujourd’hui je relate cette histoire et vous envoie ce message !

Aujourd’hui l’heure est grave : il va sans dire que le peuple libanais est habitué à se faire voler ses économies, ses impôts voire même son pays par ses responsables. Mais cette fois, l’objet du délit est bien différent, cette fois Campus-J est touché au cœur !

On vole aux jeunes libanais leur seule échappatoire : leur éducation !  

Luttant comme à leur habitude, les étudiants libanais ont toujours fait l’impossible pour obtenir un diplôme universitaire et ce, dans les conditions les plus extrêmes possibles : avec une université publique métastatique et des universités privées parfois onéreuses le combat était difficile mais jamais impossible !

Travail après les cours, bourses d’excellence, aide sociale … les jeunes n’ont jamais lâché prise. Mais aujourd’hui ce n’est pas la vie qu’il faut affronter mais tout un système formé d’incapables corrompus doublés de marionnettes qui se leurrent d’être des chefs et des décideurs.

Il est enfin temps de dénoncer le problème majeur et de trouver solution à la racine.

Les étudiants sont désormais dénudés de tout : plus de laboratoires, plus de stages, plus de travaux pratiques, même plus de cours et par-dessus tout plus de valeurs humaines ... Rien que des heures à s’abrutir devant un écran au bout duquel un professeur se démène à expliquer son cours à un public quasi-inexistant…

C’est une réelle foudre qui s’abat sur la jeunesse de nos jours, le summum de l’oppression jamais connu ! L’insolence ainsi que l’effronterie de nos dirigeants n’ont ni d’égal ni de précédent… Encore une fois le Liban fait sauter les compteurs : ceux des désastres.

Il est temps de réagir, d’arrêter de se cacher derrière le petit doigt de la COVID-19 et de donner aux jeunes la seule chose qui pourrait sauver leur futur, qui sauvera notre futur !

“Ouvrez des écoles vous fermerez des prisons” a bien dit Victor HUGO mais en fermant des écoles y aurait-il assez de prisons ? voire même assez de tombes… ?