Des maladies sexuelles camouflées

Le papillomavirus est une maladie sexuellement transmissible, touchant activement le col de l’utérus de la femme mais qui peut être dépisté précocement, évitant un cancer.
Samir GHAFARI
Mardi 29 décembre 2020
Organisateurs


Le roi des MST, le papillomavirus humain (HPV en anglais) reste l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente au monde chez les femmes. On identifie plusieurs types au sein du genre papillomavirus, dits aussi génotypes, dont les plus fréquents sont HPV16, HPV18, HPV31 et HPV45. Le pronostic diffère énormément selon le génotype contracté, allant d’un simple condylome jusqu’aux plus graves cancers du col de l’utérus. Par conséquent, il serait légitime d’identifier le génotype particulier de chaque infection et de faire des dépistages réguliers. Il est ainsi intéressant d’étudier ce virus qui possède plusieurs caractéristiques faisant de lui un virus grave, pas du tout intéressant !

La première caractéristique de ce virus est qu’il est transmis par voie sexuelle à travers les muqueuses génitales, le préservatif n’a donc aucun rôle protecteur ! En effet, c’est un problème de frottement du pénis, par exemple, contre la vulve de la femme qui permet au virus de pénétrer dans le vagin et d’accéder au col utérin, où il se multiplie avant de se transformer, dans les pires des cas, en un cancer.

La deuxième caractéristique est que la présence de ce virus, seul au niveau du col utérin, n’est pas suffisante pour poser le diagnostic de cancer. Mais en fait, plusieurs cofacteurs sont nécessaires pour amplifier la réplication de ce virus et augmenter le risque de cancer. On cite le tabac, les contraceptifs oraux, la présence d’une autre maladie sexuellement transmissible mais aussi et surtout la baisse de l’immunité locale et générale qui rend le corps de la femme impuissant devant sa lutte contre le HPV.

La troisième caractéristique en regroupe en fait deux : malgré le fait que ce cancer soit très redoutable par sa fréquence et sa malignité, son avantage est qu’il est accessible au dépistage précoce qui fait régresser sa fréquence et son évolution. Ce dépistage est facilité par le frottis cervico-vaginal (FCV) qui doit être effectué de préférence dès le premier rapport sexuel, et, avec un spéculum, le gynécologue aura un échantillon de cellules cervicales sur lequel il pourra détecter la présence d’atypies, en vue d’un traitement adéquat. Toutefois, ce virus n’est pas cultivable ; et donc, si l’analyse cytologique nous permettra de préciser la présence d’une certaine altération cervicale, on ne pourra affirmer sa présence que par une PCR et par la suite, préciser s’il s’agit d’un HPV oncogène (HPV type 16 ou 18) ou non oncogène (HPV type 6 ou 11).

La quatrième caractéristique serait la plus intéressante au niveau du pronostic médical. L’infection à HPV est asymptomatique: la femme porteuse du virus, oncogène ou non, ne ressentira rien au niveau de son appareil génital. Schématiquement, une infection initiale à papillomavirus prend une année pour se transformer en lésion de bas grade, puis cinq années pour devenir de haut grade et ce n’est qu’après dix ans de plus qu’elle se transforme en cancer invasif. Ainsi, il est primordial d’effectuer un dépistage pour détecter précocement cette dysplasie, sachant que 90% des infections à papillomavirus humains sont éliminées spontanément en un an environ, heureusement.

Pour conclure, le col de l’utérus de la femme est un endroit propice pour le développement des infections sexuelles, notamment le papillomavirus. Par conséquent, il est important d’effectuer des dépistages par frottis cervico-vaginal afin de le détecter précocement et le guérir au stade débutant, surtout que, de nos jours, le cancer du col voit son incidence augmenter progressivement chez les femmes à partir de l’âge de 30 ans, et ce parce que les rapports sexuels deviennent de plus en plus précoces.