Les vergetures

Hala EL BAB
Mercredi 30 décembre 2020
Organisateurs


Dans l'image, l'artiste pakistanaise Sara Shakeel a commencé à transformer ses vergetures en œuvres d’art dans le but de contrer les standards de beauté de la société qui nous dictent sans cesse nos apparences. "Je ne me suis jamais sentie aussi puissante et libérée" dit-elle.

 

 

« Tu es gêné(e) par tes vergetures ? Ces petites fissures t’intimident et te privent de porter ta jupe préférée ? Tu te sens inconfortable dans ton apparence ? Tu te sens mal dans ton corps ? La solution miracle est finalement là, applique ces crèmes. Prends ces pilules. Subis cette série infinie d’opérations chirurgicales. » On fait tout pour estomper ces petites marques d’imperfection. On essaie tout pour nous faire croire que l’image corporelle parfaite existe, et qu’elle existe au-delà de nous, au-delà de cet espace corporel qu’on possède. Ils nous font croire que ce qu’on est n’est pas suffisant et qu’on doit sans cesse essayer d’apparaître plus « beau », les mâles plus musclés pour plus de masculinité, les femmes plus douces pour plus de féminité. 

Les vergetures, scientifiquement « striae distensae » et connues sous le terme de « stretch marks », sont des cicatrices définitives qui apparaissent au début violacées ou rougeâtres et finissent par persister sous la couleur blanchâtre. Elles peuvent se présenter au niveau de divers régions corporelles comme les bras, la poitrine, l’abdomen, le bas du dos, le fessier, les cuisses, les hanches et bien d’autres. Elles sont généralement dues à une distension ou étirement brusque de la peau. 

Pouvant apparaître au cours d’une grossesse (striae gravidarum), lors d'une prise ou une perte importante et soudaine de poids, au cours d’une corticothérapie ainsi que durant l’adolescence, ces fissures dermiques surviennent chez les femmes aussi bien que chez les hommes. Elles peuvent aussi refléter parfois des troubles de santé surtout d’origine endocrinienne comme l’augmentation du taux de corticoïdes dans l’organisme dans le cas du syndrome de Cushing.

Bien que les diktats de beauté s’imposent sur les deux sexes, il paraît toutefois que la charge de ce pesant fardeau est plus lourde pour les femmes. Un corps poids-plume, bien façonné, ni trop maigre ni trop gros, assez doux et frais, ne possédant ni poils ni boutons ni le moindre indice qui montre qu’on est humain. C’est ça ce que la société veut, c’est ça son diktat de beauté qui ne cesse de ronger nos pensées et consommer notre temps. Bien sûr qu’on veut tous et toutes être aimé(e)s mais pourquoi ne pas être aimé et admiré pour ce qu’on est, pour l’être Humain qu’on est plutôt que de se limiter à nos apparences physiques ? Pourquoi ne pas apprécier nos imperfections qui rendent de nous ce qu’on est, qui nous individualisent, qui  font de nous des êtres reconnaissables ? 

Bref, le charme d'une personne ne se résume pas à sa silhouette, à la douceur de sa peau, à la fermeté de ses muscles. Malgré le fait qu’on connaisse tous et toutes cette vérité indéniable, on s’abstient de la croire quand il s’agit de soi. Ceci ne signifie sûrement pas que c’est mal de prendre soin de son apparence mais vivre dans la soumission de ce que la société pense de nous, cela n’est malheureusement qu’un grand dommage.