Quand on n’a que l’amour... en livres libanaises

18 juillet 2020

Voici un texte poignant et si poétique rédigé par une ancienne de l'ETIB et publié dans le Courrier des lecteurs de l'Orient le Jour. Nous avons aimé le partager avec vous!

 

Je t’aime.

Dans les sommets rebelles de tes montagnes saintes. Dans les vols à tire-d’aile de tes oiseaux aux grands plumages. Dans les liserons. Du verbe lire. Tous tes poèmes gribouillés à l’écume d’un jour qui s’endort ou sous un saule rieur. Tes chênes bruyants et les histoires des glands bavards. Tes nuages fatigués même de pleuvoir. Ton grand cercle lumineux sur la même colline. Et le même clin d’œil. Tes retombées de rue. Ta voix qui perce. Dans tes couleurs rouge, orange et jaune. Les étincelles folles du samedi soir sur la Terre. Et le silence imposant du dimanche. Toutes tes couleurs. Toutes tes senteurs. Et puis ton bleu. Celui qui berce la douleur. Et puis ton vert. Nuancé. Épuisé. Comme les petits pieds. Les rires de tes petits et les grelots des cloches, de mon village. En douceur. Là où l’odeur de la terre est aussi mienne. Et en terre les miens. Le coucher. Le soleil. Mes rêves lointains que toi seul connais. Ton écoute. Et la petite croix sur la colline. Et puis Beyrouth. Les cris dans les rues. La soif. De justice. La faim. De dignité. Les fenêtres grandes ouvertes. La liberté des hommes. Des femmes de chez nous. Les prières du matin. L’aube de tous nos refrains. Entêtés. Rebelles. Révoltés. Révolutionnaires. Envers et contre. Et avec. Le Cri. Avec pour seul drapeau ton nom. Mon lit. LIBAN.

 

Marie-Christine Tayah

Ancienne de l'ETIB