Ouvrage publié en : 2007 Langue : français-arabe Éditeur : Ecole de traducteurs et d'interprètes de Beyrouth
Tranquille comme un sage et doux comme un maudit, Ounsi El-Hage(1937) donne à lire depuis 1960(date de parution chez Dar Majallat Shi'r de son premier recueil) un opéra fabuleux époustouflant de modernité, admirablement et inlassablement placé sous le signe d'une passion fixe vouée à l'Amour et à la liberté. L'ensemble de son oeuvre s'articule autour de ces deux thèmes majeurs qui achèvent d'asseoir une authentique poétique du don , perceptible même dans dans les textes les plus subversifs. Porteur d'un projet moderniste qu'il exprime à la foix à travers la préface du premier recueil(véritable défence et illustration du poème en prose arabe), à travers le corps des poèmes, ainsi qu'à travers sa contribution de critique et de traducteur au sein de la revue Shi'r(de 1957-1970), il exerce également le métier de journaliste, d'abord dans al-Hayat puis, durant près d'un demi siècle dans al-Nahar(dont il est le rédacteur en chef de 1994 à 2003). En totale rupture formelle avec la conception classique de la poésie arabe, l'oeuvre de Ounsi El-Hage déploie un univers imaginaire singulier qui vaut au poète, tour à tour, les qualificatifs de "démon de la modernité" et de "prophète de l'Amour", incohérence apparente qu'il souligne lui-mème:"Me distingue l'harmonie de mes mots fragmentés". Iconoclaste et hermétique dans ses deux premiers recueils (Lan, 1960 et al-Ra's al-maqtû, 1963), ce grand rêveur révèle progressivement un lyrisme neuf qui s'affirme à partir du troisième recueil (Mâdî l-ayyâm al-âtiya, 1965), au déterminent de la révolte et de la provocation initiales, et qui investie ostensiblement la surface du poème dans le quatrième recueil (Mâdhâ sana'ta bi-l-dhahab mâdhâ fa'alta bi-l warda?, 1970) véritable Livre de l'Amour-Passion avant d'atteindre son paroxysme dans le cinquième recueil, Poème des poèmes (al-Rasûla bi- sha'rihâ l-tawîl hattâ l-yanâbî'<'i>, 1975), et de connaîte la phase du désenchantement et des remises en question poignantes dans le dernier recueil (al-Walîma, 1994), à la fois expression de l'accomplissement d'un Art poétique et, reflet douloureux de l'impasse dans laquelle se meut le poète et le citoyen arabe en général, et libanais en particulier.