« Ma thèse en 180 secondes » : les doctorants face au public

Jeudi 6 juin 2021

 

« Ma thèse en 180 secondes » : les doctorants face au public

Les treize participants au concours : la lauréate Rania Kassir se trouve au premier rang, troisième à partir de la droite. Photo DR

Par Agnès Robini, in L'Orient - Le Jour, le vendredi 07 juin 2021

Jeudi dernier se tenait la 4e édition libanaise de ce concours interuniversitaire organisé par l’AUF en collaboration avec le CNRS.

Il est 15h dans la salle de conférence du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS-Liban) à Beyrouth, quand un coup de sifflet retentit. C’est le début d’une présentation de thèse très concise pour la première doctorante en lice de cette nouvelle édition du concours interuniversitaire « Ma thèse en 180 secondes », organisé sous l’impulsion du CNRS-Liban, de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et de l’Observatoire national pour la femme dans la recherche (DAWReK’n).

Devant une assemblée quasi exclusivement féminine, les treize participants à ce concours se relaient : ils doivent capter l’attention de l’auditoire en expliquant de manière vulgarisée et vivante l’objet de leur thèse de doctorat, toutes disciplines confondues, en moins de trois minutes. Cette année, les candidats venaient de trois établissements : l’Université Saint-Joseph (USJ), l’Université libanaise (UL) et l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK). Les participants à cette édition étaient des doctorantes, à une exception près, puisque seul un homme a concouru aux côtés de ses consœurs. D’après Jean-Noël Baléo, directeur régional de l’AUF au Moyen-Orient, « le futur du Liban se trouve chez les femmes ».Pour lui, cette édition 2021 de « Ma thèse en 180 secondes » est particulière. « Parmi tous les maux qui frappent le Liban, il y a la fuite des cerveaux qui concerne principalement les étudiants. Mais aujourd’hui, on a vu combien cette jeunesse est éclatante », dit-il à L’Orient-Le Jour. Éclatante, certainement, mais surtout multidisciplinaire. Des sciences médicales aux sciences humaines et sociales, en passant par les sciences économiques, les doctorants ont ratissé large. Mais pour M. Baléo, la complexité de l’exercice réside non seulement dans un « impératif de vulgarisation » visant à lutter contre les « faux experts et les fausses informations », mais c’est aussi une occasion pour ces futurs chercheurs de savoir communiquer leur savoir au plus grand nombre. « Le cumul des compétences scientifiques ne suffit plus. L’aptitude à communiquer, qui s’inscrit au sein des compétences douces, est devenue indispensable », assure-t-il.

Au-delà du concours, il s’agit là d’un exercice d’éloquence, soit un réel défi pour ces jeunes chercheurs qui doivent sortir de leur « bulle » pour s’adresser au grand public. Pour ce faire, ils se sont préparés des mois durant aux côtés de Tamara el-Zein, directrice du programme de bourses doctorales du CNRS-Liban et fondatrice de DAWReK’n, ainsi que d’une autre formatrice. « L’objectif était de dépasser le cadre universitaire pour aller vers le citoyen qui a tout à fait le droit de comprendre ce qu’il se passe dans le milieu de la recherche », explique-t-elle à L’OLJ.

Après les longues délibérations du jury, c’est l’éloquence de Rania Kassir, chercheuse en deuxième année de doctorat à l’USJ, qui est récompensée. Elle remporte le concours national avec sa thèse sur le bilinguisme. « Vulgariser mon sujet a été très formateur et enrichissant. Je n’avais jamais pensé pouvoir l’expliquer comme ça, en moins de trois minutes. » Rania défendra les couleurs du Liban lors de la finale internationale du concours en septembre prochain, à Paris.

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