Rappel à Dieu de M. Sami Turqui, grand bienfaiteur et ami de l’USJ

Mardi 22 février 2022

L'Université Saint-Joseph de Beyrouth et l'Hôtel-Dieu de France viennent  de perdre l'un de leurs bienfaiteurs les plus proches, Monsieur Sami Turqui, à  l'âge de 90 ans, le lendemain de son anniversaire.

M Turqui avait en son nom un fonds destiné aux étudiants et il l'avait augmenté plusieurs fois en signe de solidarité. De même, à plusieurs reprises, il avait  appuyé par des donations l'Hôtel-Dieu de France et ses patients. Il avait fait un don pour donner le nom de sa mère Leila Zoghbi à l'Amphithéâtre de la Bibliothèque Orientale. De plus, il avait légué à l'Université un important terrain à  Beit Chabab pour qu'un centre médical Sami Turqui y soit construit.

Dans son testament, il avait demandé au recteur de présider la prière de ses funérailles, manifestant ainsi sa confiance dans l'Université.

Le dimanche 20 février 2022 a eu lieu à 13h en l'Église Saint-Joseph des Jésuites Achrafieh  la messe des adieux et les funérailles. Il sera inhumé à côté de sa mère dans la chapelle Notre Dame dans le terrain légué à  l'Université.

Qu'il repose dans la paix de Dieu!

Homélie du Pr Salim DACCACHE, s.j., Recteur de l'Université Saint-Joseph à l'occasion des funérailles de M. Sami Turqui le dimanche 20 février 2022

C'est avec beaucoup d 'émotion et de tristesse que nous nous retrouvons aujourd'hui à l'Eglise Saint- Joseph de Pères jésuites pour faire nos adieux à notre oncle, parent et ami Sami Turqui en ce dimanche des Fidèles défunts selon le rite maronite. Il était parti le lendemain de l 'anniversaire de sa 91ème année que nous n'avons pas pu célébrer au vu de la situation sanitaire provoquée par l a pandémie.

L'un de ses désirs les plus profonds est que  l'un des père jésuites préside la cérémonie de ses funérailles, Le choix s'étant porté sur ma personne du  fait  de la longue relation amicale que nous avons entretenue durant une dizaine d'années grâce à Mmes Carmel et Shiraz qui  lui  avaient  parlé de l'Université qu'il   connaissait et chérissait déjà depuis les années 1940  puisqu’il y  était  élève interne avec son frère Nadim de 1944 à 1949 selon les registres que j’ai consultés hier même. Oncle Sami d’après la notice biographique rédigée avec affection par les neveux est né le 15 février 1932 à Paris, l’enfant aîné de Chucrallah, un homme d’affaires libanais établi au Ghana, et de Leila Zoghbi, une femme d’une grande beauté et culture qu’il vénèrera toute sa vie. Leur union donnera à Sami un frère cadet, Nadim, un peu moins d’un an plus tard. La jeune famille, qui habite désormais au Ghana en Afrique, est durement éprouvée quelques années plus tard lorsque leur père décède de paludisme »..

Le retour à Beyrouth et le contact renoué avec l’Université avait réveillé chez lui des souvenirs de ses années de scolarité ici autour de l 'Eglise même, dans  les classes au  Collège secondaire de l'Université.  Il parlait de ces années avec beaucoup d’affection lorsqu’il servait la messe dans cette Eglise même et des pères et frères jésuites qu'il avait fréquentés et considérait que sa fondation comme homme qui avait réussi sa vie et ce qu'il était devenu avait ici même ses racines. Vous nous aviez confié que c’est aux jésuites que vous devez toute votre culture musicale, vous le mélomane qui suiviez avec intérêt les programmes sur les chaines mezzo et classico, votre intérêt pour le sport la natation et le ski bien ou en rigolant vous nous avez raconté comment vous étiez presque jeté dans l’eau de mer ou chaussé de bottes de ski de grande taille. C'est se souvenir et la volonté d'honorer son Alma Mater qu’il avait décidé de créer un fonds de bourses pour aider les étudiants ; puis voulant honorer sa mère Leila, il décida de faire la donation pour que 1'amphithéâtre de la Bibliothèque orientale porte son nom. Le discours qu’il avait fait rédigé à cette occasion était un émouvant et lucide témoignage sur la mémoire qu’il gardait  de sa mère et  de son passage au Collège.  Je peux dire que ce jour-là , il rayonnait de joie spirituelle d 'avoir  fait son devoir de dédier à sa propre mère L’amphithéâtre de la Bibliothèque, cette salle qui est l'un des hauts lieux de la mémoire de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth et une référence obligée de l 'histoire de 
l 'enseignement et de la pensée libanaise et arabe.

Cher Sami, c'est le 26 avril 2013 que vous aviez fait la dédicace et j ‘avais dit ce jour-là : « Aujourd’hui vous avez voulu renforcer le partenariat Sami Turqui – USJ en voulant  donner le nom de votre mère à cet amphithéâtre, cette fois ci pour aider  l'Amphithéâtre  qui avait besoin d 'être restauré, la Bibliothèque, la photothèque et les projets de développement  de l 'Université », en n'oubliant pus les aides répétées faites après  à !'Hôtel-Dieu de France. Tout cela n'est pas étonnant :  votre  mère vous a donné le nom de Sami, ce qui signifie «noble » en arabe. Votre noblesse nous touche en pensant à vote mère et à nous. Tel arbre, tel fruit,  votre  maman ne pouvait  trouver de mieux que cc prénom».  Après Beyrouth une fois les classes secondaires faites, ce fut le retour à Accra Ghana, les affaires que Sami a dirigées avec brio  impressionnant son Oncle

Georges, la maison coloniale à Aburi, le polo et les chevaux, le mariage avec Posy dont il deviendra malgré la séparation  l’ami continu, puis le travail à  la bourse jusqu’à  s’installer à  Marseille.

C’est votre mère, maman de Sami et de Nadim, mère dont la beauté était si distinguée qu’ 'elle  fur élue en 1930 I .,." reine de beauté du Liban tout en vivant en  Argentine;  mais elle a redoublé cette beauté puisque Leila Zoghbi fut acquise à la cause de la justice sociale comme vous le disiez en étant l'amie des pauvres et des démunis. C'est d'elle que vous appris la politique de la main ouverte pour donner sans retour  et  pour trouver que donner procure le vrai bonheur.  Je me souviens de votre grande émotion quand un des boursiers venant de Zahlé vous a remercié au nom de sa mère veuve du bien que la bourse octroyée en votre nom lui avait apporté. Dans nos vies, nous avons des personnes qui nous marquent et qui nous influencent pour le bien comme pour le pire. Cette fois ci, Leila Zoghbi Turqui a été le  bon modèle qui a fait de vous le bon samaritain, en n 'hésitant pas à venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Je suis témoin aussi avec d'autres de votre sens de l 'amitié que vous avez voulue avec des personnes comme l'autre Sami Toubia et Habib, votre sens de la famille dont vous étiez fier surtout pour les plus jeunes qui vous entouraient. Vous en parliez comme s'ils étaient les vôtres. Nous n’oublierons jamais votre fierté de donner le nom de votre chère maman Laila Zoghby à l' amphitheatre de la prestigieuse bibliothèque orientale. Vous avez voulu il y a 3 ans nous offrir Son portrait réalisé par une petite cousine à vous et il fut placé dans l’ amphi. Vous portiez de même le souci de votre cité Beit Chabab, en tant que son fidèle citoyen, n' hésitant pas d 'aider à restaurer ses 2 églises, son école et ses places.  Nous n'oublions pas qu'un accord a été conclu en 2018 avec l'Université et l 'Hôtel-Dieu de France pour la création d'un centre médical en votre nom, Sami Turqui afin qu’il soit au service de la région en insistant qu'une partie  des services soit dédiée aux patients de Beit Chabab. Puissions avoir rapidement dans ces moments d'effondrement les moyens appropriés pour réaliser ce projet qui vous tenait à cœur.  

Nous comptons les uns sur les autres afin de réaliser cette belle promesse el ce beau projet  qui  selon nos spécialistes est  très valable pour la région du Moyen el 1-Haul Metn. Cette crise financière et sociale qui a tout retardé et qui mettez Sami  en une douce colère, nous saurons la dépasser pour construire votre  Centre.

Aujourd'hui nous prions en ce dimanche des fidèles défunts pour le repos des âmes des trépassés ; nous pensons ainsi cher Sami à ta mère et à ton père et d'autres qui vous ont précédés vers la maison du Père. Nous prions les uns et  les autres pour nos parents et  amis qui  nous ont  précédés dans la Foi. L'Evangile de Saint Luc que nous avons écouté nous parle du riche insensé qui ne souciait pas de l'heure de son départ ! Notre cher Sami  est et  fut  le contre-exemple de ce  riche de l'Evangile puisque sa vie était d 'une manière voulue et consciente pour les autres et avec les autres.. Il  a su amasser des trésors de valeurs de justice et de charité, de bon té et d'attention au ciel, en regardant ce qu'i1 possédait des moyens pour que le nom de Dieu de Jésus Christ soit béni et honoré !

Que son souvenir soit gravé dans nos cœurs !  mes condoléances à vous les parents, les neveux et les amis de Sami ! repose dans la paix de ton seigneur cher Sami, et que les prières de la Sainte Vierge qui  va vous accueillir dans sa chapelle à Beit Chabab vous ouvre les portes de la Maison du Père ! Amen

 

 Pour mémoire :


Première pierre du centre médical Sami Turqui -  Mercredi 22 juillet 2020
Don de M. Sami Turqui- Mercredi 19 décembre 2018
Inauguration de L’Amphithéâtre Laila Turqui à la Bibliothèque orientale -  Vendredi 26 avril 2013