Carmel Ghafari Wakim, 36 ans au service de l’Université et de ses étudiants

Mercredi 28 octobre 2020

Le mercredi 29 juillet 2020, lors d’une cérémonie conviviale, un hommage a été rendu à Mme Carmel Wakim, dans les jardins du Rectorat de l’Université.

En présence et autour de Carmel, du Recteur et des Vice-Recteurs de l’Université, les membres de la famille de Carmel, ses amis et collègues proches se sont retrouvés, en signe d’amitié, d’hommage, de remerciements et d’appréciation pour celle dont le nom est resté lié à celui de l’USJ depuis plus de 35 ans.

« Elle s’orientait vers cette institution des Jésuites de laquelle elle ne pouvait plus se détacher et ce fut dans les deux sens ». Cette phrase, prononcée par le Pr Salim Daccache, recteur de l’USJ, lors de la cérémonie du 29 juillet, résume à elle seule le lien fort qui a uni, de longues années durant, l’USJ à Carmel Wakim, et Carmel Wakim à l’USJ.

Ces 36 ans, jalonnés d’espoirs, d’accomplissements, de joies et même parfois de déceptions, sont témoins de nombreuses réalisations dont le point de départ et la finalité étaient l’étudiant et son mieux-être. Directrice du Service social de l’Université de 1984 à 2014, et, de 2015 jusqu’en 2020, Secrétaire générale de la Fondation USJ, qu’elle a fondée et développée, Carmel Wakim a, tout au long de son cheminement, réalisé et vécu au quotidien sa passion du social.

Le début de l’aventure avec le Service social

Qui ne connait pas Mme Wakim, la femme qui, avec fermeté mais combien de douceur, a porté haut et fort la cause des étudiants en situation financière difficile ou faisant face à des problèmes, qui a toujours œuvré pour que l’Université Saint-Joseph de Beyrouth reste accessible à tous, pour qui le bien-être de l’étudiant était primordial, et qui veillait toujours à assurer, avec diligence et équité, les aides, le support et l’accompagnement dont les étudiants avaient besoin.

« Il se peut qu'il y ait des étudiants qui ne rentrent pas à l'USJ faute d'argent, mais que quelqu'un la quitte pour cette raison, voilà qui nous paraît impensable », a toujours clamé celle qui a été directrice du Service social pendant 30 ans.

C’est en 1984 que commença l’aventure de Carmel Wakim avec l’USJ, avec la création du Service social. En effet, c'est sous l'impulsion des pères Jean Ducruet et René Chamussy, alors respectivement recteur et chef du service d'orientation de l'université, que le service social prit consistance. Un an plus tard, sous la direction de Carmel Wakim, l'USJ était active dans trois lieux de détresse sociale : au camp de Dbayé, où les étudiants bénévoles assuraient des études surveillées, à Karm el-Zeitoun puis rue d'Uruguay. Dans cette dernière petite école située entre Gemmayzé et Mar Maroun se retrouvaient des enfants de quartiers très défavorisés.

« Nous avons fait de la non-discrimination notre devise, et cela se répercute sur l'image de l'USJ tout entière. Le travail du service social est essentiel ; il crée des liens entre l'université et l'étudiant » tenait-elle à préciser.

Les deux moments forts de ces trente années passées à la direction du Service social, restent la célébration des 25 ans du Service durant laquelle il s’agissait de célébrer la « passion du social, c’est-à-dire donner pour que le bien se répande, comme le bon vin se répand des outres pleines pour toutes et tous », et l’obtention du certificat ISO 9001 : 2008.

La Fondation USJ : héritière de la passion sociale de l’USJ

En 2015, alors que Carmel Wakim avait exprimé le souhait de se retirer pour se consacrer à sa famille, le recteur Salim Daccache voyait les choses autrement : il décida de lui confier les rênes d’une structure à laquelle il pensait et qu’il était désormais nécessaire de mettre en place : la Fondation USJ.

Et qui d’autre que Carmel Wakim, qui a toujours été le trait d’union entre les donateurs, les étudiants et l’Université, était mieux placé pour penser, monter, réaliser et développer le projet de la Fondation USJ.

Le défi était de taille, mais Carmel aime bien les choses difficiles. Prenant à cœur ce projet, dont le but ultime est l’Université mais surtout cette jeunesse tellement chère à son cœur, elle abordait les donateurs en mettant en avant la finalité du don qu’ils entreprendraient : « Faire un don à la Fondation USJ, c’est soutenir une formation d'excellence ouverte à tous les talents et promouvoir la diversité sociale et culturelle. C'est maintenir l’USJ dans son statut d’université de référence à l'échelle régionale et internationale en matière de recherche et d'enseignement ».

Parlant du cheminement entrepris par Carmel au sein de la Fondation USJ, le Pr Daccache note qu’elle « releva le défi de contribuer substantiellement à la fondation de la famille de la Fondation USJ dont le but ultime est de collecter des fonds en premier lieu pour les étudiants, notre raison d’être et pour le développement de l’Université qui s’impose comme un projet académique au service du Liban ».

S’adressant à Carmel durant la cérémonie du 29 juillet, il affirma : « Je pense que la Fondation USJ que tu as portée durant cinq ans est l’héritière de cette passion sociale de l’USJ car ce qui y est fait et entrepris en termes de levée de fonds est l’expression plus moderne et plus systématique, toujours dynamique de cette passion du social, reposant aujourd’hui sur les technologies avancées et les outils performants de l’action concertée pour collecter des bourses, contribuer au développement des infrastructures de l’Université dans un monde de plus en plus concurrentiel et aujourd’hui en pleine crise économique et sanitaire ».

« Je suis admiratif comment tu t’es fait aider dans cette tâche, comptant sur l’équipe et créant un écosystème de bon travail engagé. Dans tout cela, tu n’as pas perdu la fibre sociale en étant proche de tout donateur et surtout des personnes âgées comme Sami Turqui et les Mechaalani et tu n’as pas perdu le sens de l’action de la Fondation, surtout pour l’USJ, mais aussi pour l’HDF, qui n’est autre que la levée des fonds bien réussie puisqu’aujourd’hui l’on peut dire qu’il y a un endowment pour l’USJ sur lequel nous pouvons bâtir la continuité de la politique du fundraising à l’avenir ».

Carmel Wakim part à la retraite, pour pouvoir enfin se consacrer à plein temps à sa famille. L’USJ sans Carmel Wakim et Carmel Wakim sans l’USJ ? Difficile à imaginer… D’ailleurs le recteur a tenu à le souligner : « Il y a des sorts jetés ici et là dans ce monde, et ton sort est de demeurer collée à l’USJ, ton existence ne pouvant être séparée d’elle. Même dans ta retraite, tout en t’occupant de tes petites-filles et tes petits-fils, tu sauras être le bon conseiller du recteur pour continuer à construire notre passion pour Dieu et pour les hommes, autrement dit pour répandre l’amour et travailler au salut de beaucoup qui ont besoin de notre regard solidaire et bienveillant ».

« Il y a ceux qui déplacent une pierre et qui en parlent comme s’ils avaient déplacé une montagne,

Et puis il y a ceux qui déplacent une montagne… dans un silence absolu ».

Carmel Wakim, ton silence résonne de toutes les actions que tu as accomplies. Les étudiants qui te sont reconnaissants parlent pour toi, de toi. Ces mêmes étudiants, qui, un jour, grâce à ton action silencieuse, ont pu décrocher leur diplôme, se dirigent vers la Fondation USJ pour faire des dons et pour aider des jeunes qui passent par les mêmes difficultés qu’ils ont connues.

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